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{{Infobox Cinéma (film)
| titre = Kapò
| image = Kinema-Junpo-1961-April-late-1.jpg
| légende = [[SusanEmmanuelle StrasbergRiva]] et [[LaurentSusan TerzieffStrasberg]] dans une scène du film
| titre québécois =
| titre original = Kapò
| réalisation = [[Gillo Pontecorvo]]
| scénario = Gillo Pontecorvo et <br>[[Franco Solinas]]
| acteur = [[Susan Strasberg]] <br/>[[Emmanuelle Riva]]<br/>[[Laurent Terzieff]]
| production = [[Vides Cinematografica]]<br>[[Cineriz]]<br>Francinex<br>Lovcen Film
| production = <!-- Principale(s) société(s) de production -->
| pays = {{Italie}}<br>{{France}}<br>{{Yougoslavie}}
| genre = Drame
| durée = 112 minutes
| année de sortie = 1960
}}
'''''Kapò''''' est un [[film dramatique]] [[Film de guerre|de guerre]] [[Cinéma français|franco-]][[Cinéma yougoslave|yougoslavo-]][[cinéma italien|film italien]] réalisé par [[Gillo Pontecorvo]] et sorti en [[1960 au cinéma|191960]]49. Le titre fait référence au [[kapo]], le nom des gardes encadrant les prisonniers chez les nazis.
 
Il s'agit de l'un des premiers films de fiction à traiter directement du sujet de l'[[Shoah|Holocauste]], avec des représentations fidèles des [[camps de concentration nazis]] qui ont suscité la controverse à l'époque. Si certains ont salué la réalisation du film, d'autres, comme [[Jacques Rivette]] dans ce qu'il appellera le « travelling de Kapò », ont critiqué la mise en scène de Pontecorvo, qui spectaculariserait par trop l'histoire eu égard au contexte concentrationnaire du film.
 
== Synopsis ==
Dans [[Paris sous l'occupation allemande|Paris occupé]], Edith, une jeune juive de 14 ans, est arrêtée avec ses parents et déportée en Allemagne dans un [[Camps de concentration nazis|camp de concentration nazi]]. Dès le début, la jolie jeune fille est séparée de son père et de sa mère. Un médecin plus âgé, également incarcéré {{incise|il montre son [[triangle rouge]] fixé à la tenue de prisonnier}} en tant que « politique », la conduit dans son austère [[cabinet médical]]. L'homme attire l'attention d'Edith sur les particularités du camp et sur les multiples dangers qui la guettent. Ce faisant, il coupe comme en passant les beaux et longs cheveux noirs d'Edith, lui remet ses vêtements de prisonnière et tatoue son numéro de prisonnière sur son avant-bras gauche. Désormais, Edith n'est plus un être humain, juste le {{numéro|10099}}. Comme sous le choc, Edith se laisse faire. Lorsqu'elle entend du bruit venant de l'extérieur et pénétrant dans le cabinet médical, elle s'approche de la fenêtre et doit voir comment des personnes nues, des petits enfants comme des vieillards, sont poussées à travers la cour par des gardiens de camps de concentration allemands aux cris de « Avancez ! Avancez » et « Sale Juif de merde ! ». Parmi ces personnes, Edith reconnaît également ses parents, également dévêtus et frigorifiés, qui marchent vers leur mort. Désespérée, elle ne cesse de les appeler à travers la vitre fermée.
Après avoir été déportée en Allemagne, Edith est la seule survivante de sa famille juive. Avec l’aide d’amis, elle change d’identité et se retrouve parmi les détenus de droit commun. D’abord indifférente à la souffrance qu’endurent les autres, elle se soumet à la loi du camp et devient [[kapo]] (gardienne auxiliaire). L’arrivée de Sacha, un prisonnier russe, va peu à peu changer sa vision des choses l’emmenant jusqu’au sacrifice...
 
Le médecin s'avère être un salut pour Edith dans son malheur. Une détenue non juive, une certaine Nicole Niepas, vient de décéder. Le médecin insiste auprès d'Edith pour qu'elle se souvienne de ce nom. Car à partir de maintenant, elle sera Nicole. Il fait comprendre à Edith, bouleversée, que c'est sa seule chance de survie dans ce lieu misérable et mortel. Ainsi, elle ne doit pas porter le signe d'un détenu juif d'un camp de concentration, mais seulement le [[triangle noir]] qui « distingue » les criminels. En tant que criminel, lui explique le médecin, « on est encore beaucoup mieux loti qu'un Juif dans ce camp ». Edith, alias Nicole, comprend rapidement les conséquences que cela implique pour elle. Elle aussi sera battue et maltraitée à l'avenir, et la faim sera sa compagne permanente ; elle aussi devra se procurer de la nourriture en cachette et sera considérée avec méfiance par ses codétenus, mais elle n'a pas à craindre d'être gazée. Edith trouve même une confidente en la personne de Terese, une détenue du camp également stigmatisée par le triangle noir.
 
Edith, alias Nicole, commence alors à imiter les autres pour assurer sa survie. Elle commence à [[Prostitution|se prostituer]], s'engage dans une liaison avec un officier allemand nommé Karl. Et elle gravit les échelons pour devenir une surveillante de camp subalterne, ce qu'on appelle une [[Kapo]]. Un jour, les choses commencent à changer de manière décisive pour elle. Au cours d'une longue marche, de nombreux [[Prisonnier de guerre|prisonniers de guerre]] [[soviétiques]] sont conduits dans le camp des hommes. Parmi eux se trouve le beau Sascha. Lorsque tous deux se rencontrent par hasard, c'est le [[coup de foudre]]. Prisonniers de l'enfer profondément inhumain du camp, ils commencent tous deux à éprouver de profonds sentiments l'un pour l'autre. Dans des circonstances très difficiles, ils parviennent à s'éloigner du champ de vision de leurs gardiens et à créer de brefs et tendres moments de bonheur privé dans le plus grand secret.
 
Sascha fait comprendre à Nicole que lui et quelques-uns de ses codétenus veulent tenter une évasion à grande échelle. Nicole comprend bientôt qu'elle ne peut plus continuer comme avant, qu'elle doit elle aussi prendre position. Pendant ce temps, sa codétenue Terese, devenue une amie, [[Suicide|se suicide]] en se jetant dans la clôture de barbelés électrifiée qui entoure le camp. Lors de la tentative d'évasion, des coups de feu sont tirés et de nombreux prisonniers meurent sous les balles des gardes [[Schutzstaffel|SS]]. Quelques-uns parviennent à s'échapper. Nicole, qui veut débrancher la clôture de l'alimentation électrique, est également touchée par une balle de fusil au moment où elle se décide à fuir. Karl se précipite auprès d'elle et entend la mourante prononcer comme dernières paroles la prière juive [[Chema Israël]], grâce à laquelle Nicole redevient Edith et celle-ci reconnaît enfin son [[identité juive]].
 
== Fiche technique ==
* Titre original : ''{{langue|it|Kapò}}''
* Réalisation : [[Gillo Pontecorvo]], assisté de [[Giuliano Montaldo]]
* Scénario : [[Gillo Pontecorvo]] et [[Franco Solinas]]
* Production : [[Moris Ergas]] et [[Franco Cristaldi]]
* Musique : [[Carlo Rustichelli]]
* Photographie : [[Aleksandar Sekulovic]], assisté de [[Goffredo Bellisario]] et [[Marcello Gatti]] (cadreurs) format [[1,66:1]]
* Directeur artistique : [[Piero Gherardi]]
* Décors : [[Aleksandar Milovic]]
* Montage : [[Roberto Cinquini]]
* Sociétés de production : [[Vides Cinematografica]], [[Cineriz]], Francinex, Lovcen Film
* Pays d'origine : [[{{Italie]]}} - {{France}} - {{Yougoslavie}}
* Langue : [[italien]]
* Genre : Drame, guerre
* Durée : 112 minutes
* Dates de sortie :
** [[Italie]] : {{date|7 septembre 1960|au cinéma}} <small>([[Mostra de Venise 1960]])</small> ; {{date|29 septembre 1960|au cinéma}} <small>(sortie nationale)</small>
** [[Yougoslavie]] : {{date|22 novembre 1960|au cinéma}}
** [[France]] : {{date|26 avril 1961|au cinéma}}
 
== Distribution ==
* [[Susan Strasberg]] : Edith/Nicole (VF: Martine Sarcey) Edith/Nicole
* [[Laurent Terzieff]] : Sasha (VF: Lui-même) Sasha
* [[Emmanuelle Riva]] : Terese (VF:Elle-même) Terese
* [[Didi Perego]] : Sofia
* [[Gianni Garko]]: Karl
* [[Paola Pitagora]]
* [[Graziella Galvani]] : Isabelle
 
== Accueil critique ==
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=== Le travelling de Kapò ===
Dans le numéro 120 des ''[[Les Cahiers du cinéma|Cahiers du cinéma]]'' ({{date-|juin 1961}}), [[Jacques Rivette]] critiqua le film en des termes particulièrement durs. Dans son article, intitulé ''De l’abjection'', il écrit : {{Citation bloc|DansVoyez cependant, dans ''Kapo'', le plan où [[Emmanuelle] Riva]] se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés : l’homme qui décide, à ce moment-là, de faire un [[travelling]] avant pour recadrer le cadavre en [[contre-plongée]], en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme-là n'a droit qu'au plus profond mépris.}}
Cette affaire du «  travelling de Kapò  » fera date dans l'histoire de la critique française sur le rapport entre critique et morale<ref>{{lien web|url=http://www.pileface.com/sollers/IMG/pdf/Le%20travelling%20de%20Kapo%20par%20Serge%20Daney.pdf|auteur=[[Serge Daney]]|titre=Le travelling de ''Kapo''|site=pileface.com|date=1992|consulté le=5 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://sedition-revue.fr/la-place-de-la-critique-entretien-avec-jean-baptiste-thoret/|auteur=[[Jean-Baptiste Thoret]]|titre=Sur la place de la critique|site=sedition-revue.fr|date=14/03/2014}}</ref>. Trois décennies plus tard, le célèbre critique de cinéma [[Serge Daney]] réagit à la rude polémique qu'a soulevée Rivette par ses propres réflexions. Dans la revue spécialisée ''[[Trafic (revue)|Trafic]]'' qu'il a fondée, il écrit l'article ''Le travelling de Kapo'' dans le numéro 4 de l'automne 1992<ref>Trafic - Revue de cinéma, No. 4, Éditions P.O.L, Paris 1992, p. 5–19, {{ISBN|2-86744-315-6}}. Cité sur [https://www.dvdclassik.com/critique/kapo-pontecorvo DVDclassik].</ref>, dans lequel il avoue que, sans avoir vu le film, cette critique de Rivette représentait « [s]on dogme portatif, l’axiome qui ne se discutait pas, le point limite de tout débat », faisant écho à une affirmation de [[Jean-Luc Godard|Godard]] comme quoi tout travelling était « une affaire de morale ».
 
=== Réaction des anciennes déportées de Ravensbrück ===
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La déportation ce n'est pas une fille qui veut vivre à n'importe quel prix. La déportation c'est la faim, les coups, la torture, le travail forcé, les “expériences” de médecins criminels, la mort… Mais la déportation c'est aussi l'union des patriotes pour ne pas succomber à l'avilissement moral recherché par les SS grâce aux “droits communs”, c'est la dignité face à la pègre ; c'est l'encadrement des jeunes et des faibles pour faire reculer la mort ; c'est le sabotage dans les usines ; c'est la solidarité et la fraternité ; c'est la plus grande leçon humaine qui ait été donnée au monde […]. ''Kapo'', film commercial, ne répond pas à notre attente malgré ses belles images des camps, malgré le jeu de ses acteurs, et nous ne pouvons pas le cautionner.
 
Patriotes rescapées de Ravensbrück, nous ne voulons pas qu'à la faveur de ce film se crée dans l'esprit d'un public non averti, une analogie quelconque entre les patriotes qui en pleine conscience ont donné leur vie pour leur pays, et les “droits communs” qui ont acheté leur vie à n'importe quel prix, même en servant de bêtes à plaisir à nos tortionnaires. Nous ne voulons pas que, sortant de ce spectacle, des ignorants, des incrédules ou des inconscients disent à nos enfants comme cela s'est déjà produit plusieurs fois à Paris : “Qu'est-ce que ta mère a bien pu faire pour en sortir ?”<ref>Lettre publiée dans le journal ''L'Action républicaine'' en novembre 1961 après la diffusion du film à Dreux, titre de l'article : «  Après la projection du film “Kapo”, l'Amicale de Ravensbrück nous écrit…  ».</ref>}}
 
== Récompenses et distinctions ==
* Nommé à l’[[Oscar du meilleur film étranger]] en 1961
 
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|de|Kapo (Film)|240756527}}
{{Références}}
 
== Liens externes ==
{{Liens}}
* {{Bases audiovisuel}}
 
{{Palette|Gillo Pontecorvo|Film représentant l'Italie à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère}}
{{Portail|cinéma italien|cinéma français|Yougoslavie|années 1960|Seconde Guerre mondiale|Shoah}}
 
{{CLEDETRI:Kapo}}
[[Catégorie:Film italien sorti en 19611960]]
[[Catégorie:Film français sorti en 1960]]
[[Catégorie:Film yougoslave sorti en 1960]]
[[Catégorie:Film dramatique italien]]
[[Catégorie:Film dramatique français]]
[[Catégorie:Film dramatique yougoslave]]
[[Catégorie:Film de guerre italien]]
[[Catégorie:Film de guerre français]]
[[Catégorie:Film de guerre yougoslave]]
[[Catégorie:Film réalisé par Gillo Pontecorvo]]
[[Catégorie:Film scénarisé par Franco Solinas]]
[[Catégorie:Film produit par Franco Cristaldi]]
[[Catégorie:Film sur la Shoah]]
[[Catégorie:Religion juive au cinéma]]
[[Catégorie:Film italien en noir et blanc]]
[[Catégorie:Film se déroulant dans les années 1940]]
[[Catégorie:PrisonFilm ausur cinémala prison]]
[[Catégorie:Film de Vides Cinematografica]]
[[Catégorie:Film de Jadran film]]
[[Catégorie:ReligionFilm juiveen au cinémaitalien]]
[[Catégorie:Film français tourné en italien]]