Kapo

prisonnier fonctionnaire encadrant les autres prisonniers dans les camps nazis
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Le mot kapo désigne les personnes qui étaient chargées d'encadrer les prisonniers dans les camps de concentration nazis. Les kapos étaient souvent recrutés parmi les prisonniers de droit commun les plus violents[1] ou parmi ceux dont la ruse ou la servilité avait permis de figurer parmi les anciens, en échappant provisoirement aux « charrettes » menant à l'extermination.

Brassard d'un Oberkapo (kapo en chef).

Étymologie

L'origine du mot kapo est discutée et plusieurs interprétations s'opposent :

  • L'une le fait dériver du latin caput, la tête, à l'origine de l'italien capo et du français caporal.
  • Une autre y voit la contraction du néologisme germanique KAmeradenPOlizei, signifiant « camarade policier » (attestée par plusieurs dictionnaires)[1].
  • Kapo pourrait également désigner la Ka-POlizei (police du camp de concentration), en allemand « Konzentrationslager », (lager désignant le camp) que la population du Reich appelait familièrement les « Katzed », en abrégé, d'où est issu le ka initial, à sonorité plus expressive et préféré aux initiales « K-L », les deux lettres peintes en blanc sur le dos des vareuses des détenus[réf. souhaitée].

Une des clés de l'enfer concentrationnaire

Selon le système de dilution de la responsabilité explicité par l'expérience de Milgram, décrite entre autres dans le film I... comme Icare de Henri Verneuil, l'utilisation de certains prisonniers pour encadrer les autres a pour intérêt d'une part de leur faire effectuer les basses besognes dont la participation à l'extermination de leurs semblables, et d'autre part de canaliser les rancœurs des détenus contre l'un des leurs, au point de faire parfois passer les vrais gardiens, beaucoup moins exposés, pour plus humains et ainsi écarter les risques de représailles contre ces derniers.

Néanmoins, certains s'entendent pour déclarer que tous les kapos ne se seraient pas comportés en brutes ignobles[2] ; seule une poignée d'entre eux ayant été condamnés à mort, après la Libération des camps (rares étant les détenus encore valides à avoir la force ou le courage de témoigner de l'horreur de la réalité concentrationnaire).

Dans certains camps, une véritable rivalité interne aux déportés existait entre les « triangles verts » (déportés de droit commun) et les « triangles rouges » (déportés politiques) pour les postes de kapo. Quand les triangles verts dominaient, comme ce fut toujours le cas à Mauthausen, le régime du camp était plus dur ; en revanche, les triangles rouges, vivant non sans ambigüités dans la « zone grise » dont parle Primo Levi, parvenaient à adoucir la vie dans le camp. Ce fut le cas à Buchenwald, selon le témoignage de David Rousset[3]. Ce dernier écrivait en 1946 dans son ouvrage célèbre L'Univers concentrationnaire : « Les Kapos forment les cadres essentiels, les assises de cette aristocratie des camps. Les chefs de chambre, les Vorarbeiter, les policiers, les Stubendienst, constituent la très large base de cette bureaucratie. »[réf. nécessaire]

Anecdote

Silvio Berlusconi, alors qu'il était premier ministre italien et président du Conseil de l'Europe nouvellement élu, provoqua un scandale au parlement européen le 2 juillet 2003 en proposant à Martin Schulz, vice-président (allemand) du groupe social-démocrate, de lui trouver un rôle de kapo « qui lui irait très bien » dans un film tourné par un ami à Rome lorsque celui-ci l'avait critiqué [4].

Notes et références

  1. a et b (fr) « Lexique », sur www.fndirp.asso.fr (consulté le )
  2. (fr) « Le langage des camps de concentration », sur www.encyclopedie.bseditions.fr (consulté le )
  3. Cf. un extrait de David Rousset, Les jours de notre mort, tome 2, 10/18 Union Générale d'éditions, 1974
  4. Cf . fiche média, INA

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

Liens externes