Causse du Larzac
Le causse du Larzac est un haut plateau karstique français du sud du Massif central qui s'étend entre Millau (Aveyron) et Lodève (Hérault).
Causse du Larzac | |||||
Rochers du Rajal del Gorp sur le causse du Larzac (Millau). | |||||
Pays | France | ||||
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Région française | Occitanie | ||||
Département français | Aveyron, Hérault, Gard | ||||
Villes principales | Millau, bourgs de Nant, La Couvertoirade, Le Caylar |
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Coordonnées | 43° 59′ 21″ nord, 3° 11′ 00″ est | ||||
Superficie approximative | 1 000[1] km2 | ||||
Géologie | calcaire | ||||
Relief | Serre de la Lavande 926 m | ||||
Production | Viandes bovine et ovine, fromages | ||||
Régions naturelles voisines |
Cévennes Garrigues Causse de Blandas Causse Noir Causse Rouge |
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Régions et espaces connexes | Grands Causses | ||||
Causse du Larzac. | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Occitanie (région administrative)
Géolocalisation sur la carte : Aveyron
Géolocalisation sur la carte : Hérault
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L'ensemble (relief, architecture, occupation du sol) est assez original pour avoir incité à la création du parc naturel régional des Grands Causses et être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le site est célèbre pour avoir été le point de départ d'un mouvement de désobéissance civile dans les années 1970, la lutte du Larzac.
Toponymie
modifierÀ l'origine, le toponyme Larzac désignait des territoires situés dans le nord du plateau que l'on retrouve dans le nom de l'église ruinée de Saint Étienne de Larzac (Viala-du-Pas-de-Jaux, Aveyron) ; alors, que la partie sud du plateau était connue sous le nom d'Alajou[2], toponyme encore présent dans le nom de certains villages des environs du Caylar (Saint-Michel d'Alajou) dans l'Hérault. Par la suite, le nom de « Larzac » (sans l'article) a été emprunté pour désigner l'ensemble du plateau.
Géographie
modifierLe Larzac est le plus vaste et le plus méridional de tous les causses du Massif central. Il se situe principalement dans le département de l'Aveyron. Son altitude est comprise entre 600 mètres et 1 060 mètres environ. Ses limites naturelles sont souvent nettes, matérialisées par des cours d'eau qui contribuent à son érosion. Il s'étend au nord-est jusqu'à la Dourbie qui le sépare du causse Noir ; au nord-ouest, il est bordé par la rivière Tarn qui le sépare du causse Rouge. À l'ouest, il atteint la dépression de Roquefort.
Géologie
modifierLe causse du Larzac est un vaste plateau de calcaire datant de l'ère jurassique relativement nivelé par l'érosion et séparé des autres plateaux et montagnes par des rivières coulant au fond de gorges et de vallées profondes. Les sols sont en général superficiels à très superficiels et drainant fortement l'eau mais on y rencontre des dolines qui sont des dépressions concentrant le résultat de l'érosion donc avec des sols profonds, rouges et décarbonatés.
Les roches sont constituées de calcaires : carbonate de calcium (CaCO3) ou de dolomie : carbonate double de calcium et magnésium (CaMg(CO3)2). Le premier donne des reliefs très lapiazés, avec doline, aven, ouvala et poljé dont le développement s'est souvent effectué en relation avec les failles. Le second est moins soluble que le premier et se désengraine plus qu'il ne se solubilise, donnant des reliefs irréguliers et en particulier des tourelles[3].
Des falaises blanches et massives appartenant aux étages géologiques bajocien, bathonien ou à la superposition des deux amorcent à certains endroits de ce plateau la descente vers ses frontières.
Sous le plateau, comme dans les autres régions karstiques, existent grottes et cavités (aven). Par temps de pluie, les années spécialement pluvieuses, il peut y avoir débordement et formation de lacs temporaires comme celui des Rives.
Climat
modifierLes étés peuvent être chauds et parfois orageux. L'hiver, le climat peut parfois être rude. Ce causse peut être enneigé avec formation de petites congères et des températures basses.
Faune et flore
modifierFaune
modifierLa diversité faunistique est bien représentée dans ce massif avec une présence de :
- mouflons (depuis 1966, introduction à La Roque-Sainte-Marguerite, faibles effectifs)[4]
- sangliers[4]
- chevreuils (migrations naturelles depuis les Landes de Gascogne)[4]
- rapaces de toutes espèces y compris les vautours
- cerfs élaphes (migrations naturelles depuis les Cévennes)[4]
- pics verts
- huppes
- hérons cendrés
- genettes
- fouines
- lièvres
- lapins
- perdrix rouge
- faisan
- blaireaux
- tourterelle turque
- castors
- rats musqués
- truite fario (souche naturelle, Tarn, Vis, Dourbie et Durzon)
- chevesnes (Tarn et Dourbie)
- écrevisse signal (espèce étrangère invasive porteuse saine de la peste de l'écrevisse Aphanomyces astaci, Tarn)
Espèces éteintes :
- écrevisse à pattes rouges (Tarn, Vis, Dourbie et Durzon, détruite par la peste de l'écrevisse)
- loup (éradiqué mais apparitions sporadiques)
Modes et périodes de chasse
modifier- battue à l'automne et en hiver : cerfs, sangliers, chevreuils
- approche, affût pour le tir des mâles pendant le brame à partir de l'ouverture : cerfs
- approche, affût durant l'été : chevreuils
Histoire
modifierDu XIIe au XIVe siècle, l'Ordre du Temple puis celui des Hospitaliers ont agrandi des villages situés dans les recoins stratégiques du causse du Larzac. Cinq lieux médiévaux témoignent de leur présence.
L'exode rural a dépeuplé nombre de hameaux : de 1866 à 1968, le Larzac a perdu les deux tiers de ses habitants[Combien ?]. Mais, depuis 1968, dans la zone revendiquée à l'époque par le gouvernement pour les militaires, cela s'est arrêté et la population n'a cessé de rajeunir.
L'eau de pluie est abondante mais les citernes pouvant la recueillir sont laborieuses à construire. L'habitat est groupé, à la fois par manque de sources sur la partie haute du massif et à cause du poids de l'histoire : les Templiers et Hospitaliers ont regroupé les populations à L'Hospitalet, à La Couvertoirade et ailleurs.
Lutte des paysans contre le camp militaire
modifierEn octobre 1971, le gouvernement français, sous la direction du ministre de la Défense, Michel Debré, décida de l'agrandissement du camp militaire. Les paysans, voués à l'expropriation de leurs terres, et leurs sympathisants s'opposèrent à ce projet d'extension, qui fut finalement annulé en 1981 par le nouveau président de la République, François Mitterrand, après dix ans de luttes non violentes. Sorti le , le film Tous au Larzac de Christian Rouaud retrace l'histoire de cette lutte.
Larzac 2003 : symbole des luttes populaires
modifierDu 8 au , le plateau du Larzac a été le lieu d'une importante manifestation altermondialiste (appelée Larzac 2003), répondant à l'appel de la Confédération paysanne et d'un vaste collectif d'associations et de syndicats. Plus de 200 000 personnes se sont réunies pendant ces trois jours pour réfléchir aux impacts de la libéralisation du commerce sur leur vie quotidienne[5].
Société Civile des Terres du Larzac
modifierLa SCTL est une société ayant pour objet la gestion du patrimoine bâti et non bâti de l'État français sur le plateau du Larzac. Ce patrimoine provient des achats et expropriations réalisés en vue de l'extension du camp militaire. Ce projet d'extension ayant été annulé en mai 1981 sous la pression des agriculteurs du Larzac et d'une partie de l'opinion publique, l'État est devenu propriétaire de 63 km2 de terres agricoles et de divers immeubles. Les agriculteurs, soucieux de poursuivre l'exploitation agricole des terres, créent en février 1982, une commission intercantonale pour l'aménagement foncier du Larzac (CIAF) et une commission communale d'aménagement foncier (CCAF) dans chacune des douze communes concernées. Dès décembre 1982, ils recherchent un outil de gestion des terres qui soit indépendant de l'État. C'est ainsi qu'est créée la Société Civile des Terres du Larzac qui reçoit, par bail emphytéotique, les 63 km2 de terres.
Ainsi, les exploitants sont non pas propriétaires de leur terre mais simplement preneurs, qu'ils n'ont donc pas à acheter, mais ils doivent quitter leur ferme dès qu'ils cessent leur activité, laquelle sera reprise par une nouvelle personne.
Économie
modifierCe territoire à vocation agricole a une économie caractérisée par une agriculture traditionnelle extensive tournée vers l'élevage pour la production laitière de brebis destinée à l'élaboration des fromages de roquefort, pérail, tome et la production de veaux et agneaux destinés à l'engraissement.
Les parcours sont majoritaires et permettent au bétail de pâturer sur les immenses pelouses.
Les dolines conviennent bien à diverses cultures : légumineuses, céréales… Jusqu'à la Première Guerre mondiale, la croissance lente des arbres de plein vent concentrés dans les haies a obligé les paysans à concevoir une architecture privilégiant la pierre (arches et voûtes) pour la construction des bergeries, des fermes, des citernes… Depuis, le paysage s'est métamorphosé avec la déprise agricole des terres les moins productives. Le bois est beaucoup plus présent et représente une petite économie forestière.
Le Larzac est sillonné du nord au sud par un nouveau tronçon de l'autoroute A75 qui assure la liaison entre le Nord de la France et la Méditerranée via le Massif central. Il débouche sur le plateau au sud par le Pas de l'Escalette et au nord par le viaduc de Millau qui a attiré un nombre exceptionnel de curieux durant les mois qui ont suivi son inauguration.
La ligne SNCF Béziers - Neussargues contourne le Larzac par l'ouest.
Les communes du Larzac
modifierAveyron
- Cornus
- Creissels
- La Cavalerie
- La Couvertoirade
- Lapanouse-de-Cernon
- La Roque-Sainte-Marguerite
- L'Hospitalet-du-Larzac
- Millau
- Nant
- Sainte-Eulalie-de-Cernon
- Saint-Georges-de-Luzençon
- Viala-du-Pas-de-Jaux
Gard
Hérault
Natura 2000
modifierLe causse du Larzac englobe ou est bordé de plusieurs territoires qui sont inclus dans le Réseau Natura 2000 :
- causse du Larzac,
- cirque de Saint Paul des Fonts et de Tournemire,
- cirque et grotte du Boundoulaou,
- gorges de la Dourbie,
- plateau et corniche du Guilhaumard,
- sèrre (crête, sommet, corniche) de Cougouille,
- gorges de la Vis et de la Virenque.
Fortifications médiévales
modifierCinq bourgs médiévaux fortifiés occupent le plateau du Larzac :
Camp militaire
modifierUn camp militaire, achevé en , occupe une large part du plateau du Larzac. Il est utilisé comme camp de rétention pour 3 000 Algériens pendant la guerre d'Algérie. Son extension a été envisagée en 1970 ; la décision a été annulée en 1981 (voir la lutte contre le camp militaire du Larzac).
Implanté territorialement sur les communes de La Cavalerie, de Millau et de Nant, le camp du Larzac fait partie de la zone de gestion du parc naturel régional des Grands Causses. Ce parc s'étend sur 326,76 km2 dont 30,43 km2 sont réservés aux activités militaires du Centre d'Entraînement de l'Infanterie au Tir Opérationnel (CEITO).
Piste d'aviation
modifierAérodrome de Millau-Larzac, situé à 18 km au SE de Millau, 2 km au SE de La Cavalerie et 2 km au NO de L'Hospitalet-du-Larzac. Piste revêtue de 1700 x 30 mètres. Altitude 794 mètres. 43° 59′ 21″ N, 3° 11′ 00″ E
En 1930, Millau - Larzac - Plaine du Temple, était déjà aérodrome militaire et camp d'instruction. Le terrain faisait 650 x 800 mètres. Il était qualifié de ferme et utilisable en toute saison.
Photographies
modifier-
Paysage agricole.
-
Paysage typique.
-
Croix entre Les Rives et La Bastide des Fonts.
-
Paysage vu depuis le Rajal del Gorp à Millau.
-
Le puech de Cougouille, point culminant (912 mètres).
-
Rocher dolomitique.
Bibliographie
modifier- Hubert Borg, 52 balades en famille autour de Montpellier : causse du Larzac, vallée de la Vis, vallée de la Buèges, Gallimard (2007).
- Francis Laur, Le plateau du Larzac, thèse de droit, Montpellier, 1929.
- Christian Bernard, Flore des Causses, hautes terres, gorges, vallées et vallons (Aveyron, Lozère, Hérault et Gard), Jarnac, Société Botanique du Centre-Ouest, , 293 p. (ISSN 0759-934X)
- Michel Loirette, La Légende des Grands Causses, chronique romanesque, Lotra, 2009. (ISBN 978-2-9512682-4-1)
- Philippe Artières, Le peuple du Larzac, Une histoire de crânes, sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis..., La Découverte, Paris, 2021, 304 p. (ISBN 9782348042690)
Le Larzac au cinéma et à la télévision
modifier- 2022 : Touroulis, voyage entre le Larzac et le Causse Comtal, film documentaire
- 2011 : Tous au Larzac, Christian Rouaud, film documentaire[6].
- 2011 : Du poil de la bête, Sylvain Drécourt, comédie[6].
- 2011 : La Clé des champs, Claude Nuridsany, Marie Pérennou[6].
- 2010 : Les Chants de Mandrin, Rabah Ameur-Zaïmeche[6].
- 2009 : Les brebis font de la résistance, Catherine Pozzo Di Borgo, film documentaire.
- 1981 : Malevil, de science-fiction post-apocalyptique de Christian de Chalonge
- 1974 : Gardarem lo Larzac, documentaire de Philippe Haudiquet, Dominique Bloch et Isabelle Levy
- 1966 : La Grande Vadrouille, Gérard Oury, comédie.
Notes et références
modifier- ≈ 100 000 hectares soit 1 000 km² selon le journal La Dépêche
- « F.R. Hamlin, Les Noms de lieux du département de l'Hérault, Nouveau dictionnaire topographique et étymologique », sur Persee (consulté le )
- Gérard Mottet, Géographie physique de la France, Presses universitaires de France, , p. 223.
- http://www.fdc12.net/SCHEMA/la%20faune%201.pdf
- Olivier Apprill, « Larzac 2003, mille et un monde possibles sur un plateau », Chimères. Revue des schizoanalyses, vol. 51, no 1, , p. 7–9 (DOI 10.3406/chime.2003.1647, lire en ligne, consulté le )
- « caussesetvallees.com/archives/… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Camp militaire du Larzac
- Lutte contre le camp militaire du Larzac
- Larzac 2003 (Rassemblement humain)
- Violette du Larzac (Flore)
- Le plomb du Larzac (Archéologie)
Liens externes
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