L'Envolée (journal)
L'Envolée est un journal français à caractère militant, créé en 2001, pour offrir un espace d’expression aux détenus et à leurs proches. Le journal a fait l'objet de plusieurs interdictions de diffusion par l’administration, à l’occasion d’articles dénonçant des violences carcérales.
L'Envolée | |
Pays | France |
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Langue | Français |
Périodicité | trimestriel |
Diffusion | 500 ex. |
Fondateur | Abdel Hafed Benotman |
Date de fondation | 2001 |
Directeur de publication | Denise Ledu |
Site web | https://lenvolee.net/ |
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Histoire
modifierLe journal a été créé par l'écrivain et ancien prisonnier Abdel Hafed Benotman[1] en 2001[2]. Denise Ledu, ancienne détenue elle aussi, reprend la direction de cette publication à la mort de son époux[3].
Le premier numéro précise les objectifs « Les prisonniers décrivent leur quotidien, dénoncent leurs conditions de détention, se battent contre l’enfermement. Ils le feront toujours mieux que tous ceux qui veulent parler à leur place (journalistes, sociologues, experts, militants) »[4].
Leur ligne politique est abolitionniste[5],[6].
Censure, accusations de diffamation
modifierEn décembre 2005, le journal est jugé pour diffamation après avoir publié un courrier de prisonnier anonyme critiquant l'administration pénitentiaire, évoquant « des crachats [et] une milice de surveillants [qui] casse, renverse les aliments à terre, piétine les affaires »[3],[7] Le jugement est rendu le 18 janvier 2006.
Le 29 mai 2007, le journal est condamné pour diffamation et fait appel[8]. C'est la sixième fois que le journal fait l'objet de plainte pour diffamation[8].
En 2021, pour la première fois, la revue est saisie par l'administration pénitentiaire qui porte plainte pour diffamation après la parution d'un numéro qui accusait des surveillants d'avoir couvert les violences des cinq années precedentes[9]. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire contre la revue[9],[10], sans suite[11].
En 2022 et 2023, l'administration pénitentiaire interdit la diffusion de deux numéros, dans toutes les prisons françaises. Selon Mediapart un motif est que l'article intitulé « Distribution de permis de tuer au tribunal de La Rochelle » dans le numéro 55, relatant le procès de gardiens de la maison d'arrêt de St Martin de Ré et le décès du détenu Sambaly Diabaté cinq ans plus tôt et pour lequel quatre surveillants ont été condamnés, serait « diffamatoire à l'égard de l'administration » et de ses agents[11]. Le numéro de janvier 2023 pointait au sujet de cette affaire le « caractère systémique de la violence exercée par les surveillants », qualifiait les fouilles à nu de « torture psychologique, psychique, voire physique » et soutenait que « la prison tue »[12]. Le tribunal administratif de Paris examine le 15 novembre 2024 deux recours en annulation visant ces interdictions de diffusion[12],[13],[14].
Radio
modifierL'envolée est aussi le titre d'une émission de radio diffusée sur la radio associative Fréquence Paris plurielle[15],[16].
Références
modifier- Patricia Osganian, Julienne Flory et Jean-Hugues Oppel, « Prison et écriture : haute surveillance: Entretien avec Abdel Hafed Benotman », Mouvements, vol. 62, no 2, , p. 147 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.062.0147, lire en ligne, consulté le )
- « L'Envolée sort de prison », sur Libération, (consulté le )
- « Une gazette de détenus poursuivie en diffamation par l'administration pénitentiaire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Joël Charbit, « Le « droit d’expression collective » des prisonnier.e.s, entre auto-organisation et projets réformateurs », Mouvements, vol. 88, no 4, , p. 109 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.088.0109, lire en ligne, consulté le )
- « Suicide d'un détenu à la maison d'arrêt de Seysses : retour sur une polémique », sur France Bleu, (consulté le )
- « Présentation de l’Envolée », sur Ban Public - Le portail d'information sur les prisons, (consulté le )
- « La pénitentiaire poursuit la revue l'Envolée », sur L'Humanité, (consulté le )
- « La justice coupe les ailes de l'Envolée », sur L'Humanité, (consulté le )
- Clara Lecocq Réale, « Journal de 8 h du 3 février 2021 » [audio], sur France Culture, (consulté le ) : « Polémique autour d'une revue trimestrielle écrite par et pour les détenus. L'Envolée ne peut plus être diffusée, sur décision de l’Administration pénitentiaire qui a porté plainte pour diffamation. », à 13'09"
- Julie Brafman, « L'administration pénitentiaire vole dans les plumes de «l'Envolée» », sur Libération, (consulté le )
- Camille Polloni, « Un article à charge contre les violences en prison met l’administration dans tous ses états », sur Mediapart, (consulté le )
- Camille Polloni, « Violences en prison : les magistrats se penchent sur la censure d’un journal libertaire », sur Mediapart, (consulté le )
- Romain Zanol, « Au tribunal, le magazine anticarcéral «l’Envolée» se bat contre sa «censure» par l’administration », sur Libération (consulté le )
- « Prison : le surprenant bras de fer entre l’administration pénitentiaire et une revue de prisonniers », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- « Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée », sur Libération, (consulté le )
- « La radio, fenêtre sur l’inhumanité des prisons | Syntone », sur syntone.fr (consulté le )
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- « L'Envolée » [audio], sur Apple Podcasts (consulté le )
- Site officiel