LA GESTION DES CONFLITS
Définitions
Le conflit :
Le conflit est le résultat d’une confrontation de volontés opposées entre deux ou plusieurs parties,
personnes ou groupes. Le conflit n’est ni bon ni mauvais. Selon la manière dont on va l’aborder et
tenter de le résoudre, son issue sera destructrice ou constructive pour les personnes. Il peut avoir des
fonctions et des conséquences positives : permettre la construction de relations plus justes, réaffirmer
la règle commune, être source de développement personnel, ...
La violence :
La violence est un comportement qui vise à faire mal, à anéantir réellement ou symboliquement
l’autre. S’il n’est pas résolu de manière constructive, le conflit se transforme en confrontation violente
entre des adversaires qui n’ont plus qu’un seul objectif : vaincre l’autre à tout prix.
Les différentes attitudes face au conflit
Confrontations de besoins, d'intérêts, de valeurs, ..., il y a mille et une raisons d'entrer en conflit.
Comment y réagit-on ? Cela va dépendre de l'image du conflit que nous avons assimilée, des modèles
qui nous entourent et de notre propre expérience.
Schématiquement, on peut définir quatre grandes catégories de réactions :
La négation du conflit : la réaction la plus courante face au conflit est la négation du problème.
Mais, nier le conflit, c'est s'exposer à ce qu'il ressurgisse plus loin, plus tard et plus durement.
La démission devant le conflit : nous reconnaissons l'existence du conflit mais nous n'y apportons
pas de réponses constructives. Nous cherchons davantage à contourner l'obstacle, en détournant
l'attention, en utilisant l'humour ou la dérision, en laissant le hasard décider à notre place, en
préférant remettre toujours à plus tard, ... D'autres attitudes conduisent à la soumission et à
l'abandon. Ainsi la recherche systématique d'un accord (accommodement, compromission) pour
préserver la relation au détriment de l'objet du conflit. Cette attitude est souvent liée à la peur
d'affirmer son opinion, ses droits, son pouvoir. La pseudo-équité consiste à s'en tenir au strict
moyen terme entre deux positions. Personne n'obtient satisfaction, le résultat est inefficace et ne
répond pas aux intérêts des protagonistes.
On classe généralement la fuite au rang des attitudes de démission. Cependant, c'est parfois la
seule réponse efficace pour mettre la violence hors-jeu et laisser le temps aux tensions de
s'apaiser avant d'envisager toute procédure de résolution du conflit.
La confrontation violente : entrer sans délai dans la bagarre est, à coup sûr, une réaction
énergique même si elle n'est pas suffisamment réfléchie et organisée. On fonce "bille en tête", on
rend coup pour coup. Insultes, violences physiques et psychologiques, ..., tous les moyens sont
utilisés. La relation à l'autre va en faire les frais et le moindre incident va dégénérer rapidement en
bagarre généralisée. Ce qui importe ce n'est pas la solution du conflit mais le maintien de son
propre pouvoir. La confrontation violente bloque toute solution ou conduit à de nouvelles situations
chargées de conflits potentiels encore plus graves. La rancune et la rancœur de la "victime" se
traduiront tôt ou tard par un désir de vengeance. La violence est donc non seulement inefficace
pour trouver une solution au problème mais elle empêche l'émergence d'une nouvelle dynamique
de résolution des conflits.
L'approche non-violente : l'attitude non-violente face au conflit consiste à considérer la situation
sans a priori, sans peur ni indifférence et à engager un processus de gestion qui puisse aboutir à
une solution satisfaisante pour les parties en présence. Cette confrontation peut prendre diverses
formes selon la nature du conflit :
o Il peut s'agir d'une négociation qui permet d'aboutir à un compromis dans lequel chaque
partie, après avoir affirmé clairement ses besoins et ses intérêts, cède une partie de ses
prétentions.
o Plus positive encore, la solution coopérative est élaborée conjointement par les
protagonistes qui font preuve d'imagination et de respect de l'autre pour que les besoins
et les intérêts de chacun soient réellement pris en compte. L'approche coopérative des
conflits est une attitude de confrontation non-violente, d'opposition constructive. Cette
attitude passe par la reconnaissance d'une image nouvelle du conflit qui restitue sa
complexité et sa richesse.
o Enfin, et si l'un des protagonistes n'est pas disposé à la négociation, la confrontation
pourra nécessiter l'intervention d'une tierce partie médiatrice ou, plus radicalement,
déboucher sur une lutte non-violente dont l'enjeu est d'exercer un rapport de force qui
contraigne l'adversaire à la négociation.
Viser le résultat ou la relation ?
Ni le résultat ni la relation
o la négation du problème
o l’évitement, la fuite : peut être salutaire en cas de menace de violence
o la démission, passivité, non-implication
o indifférence et neutralité
La relation au détriment du résultat
o la soumission, l’accommodement, la compromission
o effacement devant l’autre
Le résultat au détriment de la relation
o la confrontation violente, la compétition, l’exclusion
o vaincre l’adversaire
Un moyen terme
o le compromis
o dialogue et négociation
Le résultat et la relation
o l’approche non-violente, la coopération
o construire ensemble la relation et la solution; peut nécessiter la médiation
Différentes voies de résolution
Mode de résolution Stratégie Résultat
1 Règlement partiel Prendre partie – Juger 1 gagnant et 1 perdant
2 Règlement par compromis Couper la poire en deux 2 demi-gagnants
3 Règlement basé sur la Rechercher les besoins spécifiques de 2 gagnants
complémentarité chacun
4 Règlement basé sur la Rechercher ensemble des ressources 2 "super-gagnants"
créativité complémentaires
NB. De 1 à 4, le degré de satisfaction des besoins s'accroît grâce :
- au dialogue qui permet l'identification des besoins
- à la prise de distance qui permet la vision globale et facilite la recherche de solutions
Relation Situation/Emotions/Besoins (Ifman Méditerranée)
Comprendre le sens des émotions et savoir les accueillir apparaît essentiel pour pouvoir réguler les
conflits.
Emotions = réactions d’adaptation aux modifications de notre environnement; deux fonctions
complémentaires :
signal : attirer notre attention sur un besoin fondamental à prendre en compte dans la situation
présente
mobilisation d’énergie (réaction corporelle) pour pouvoir satisfaire le besoin correspondant.
A distinguer des sentiments nourris par les émotions mais plutôt d’ordre psychologique (et non
corporel), installés dans la durée.
4 grandes familles d’émotions correspondant à des groupes de besoins :
EMOTIONS BESOINS BESOINS SITUATIONS
Peur Sécurité Danger, Risque
Colère Respect, Reconnaissance, Autonomie, Liberté, ... Agression, Frustration, Humiliation
Tristesse Liens, Amour, Amitié, Appartenance Séparation, Perte
Joie Partage Satisfaction, Découverte
Dans une situation, souvent, plusieurs émotions sont mélangées, faisant écho à plusieurs besoins non
satisfaits.
Les lieux des conflits
Quels outils Quelle formation
Lieu de conflits Qui gère ? Quelles aides ?
pour quel public ? et pour qui ?
Connaissance des divers
Enseignant et
Équipes éducatives partenaires et organismes
directeur Maître G pour l’élève
Conflit élève- Psychologue extérieurs (continuité d’aide
RASED Services extérieurs
parent scolaire dans le service public) et de
Services (CMS, SESSAD...) pour la
Échanges de leurs champs de
extérieurs famille et l’élève
pratiques compétence pour
(CMS, SESSAD...)
enseignants et RASED
Équipe Formation à la
pédagogique Gestion de la communication (PNL, CNV,
Enseignant et RASED (rôle de communication analyse transactionnelle)
Conflit enseignant-
directeur tiers) Connaissances légales pour Formation initiale et
parent continue en droit pour les
Parfois RASED Directeur pour ses les directeurs et
collègues enseignants directeurs et enseignants
CPC et IEN
Conflit d’autorité Gestion de la Formation à la
communication pour communication (PNL, CNV
Autre enseignant l’enseignant analyse transactionnelle)
ou Référence au cadre/contrat Formation aux outils
RASED (rôles de de l’école concrets du vivre ensemble
Outils du vivre ensemble (conseils d’élèves, agenda
tiers)
coopératif, projet commun, ...)
Directeur (règles, conseils, sanctions,
Enseignant et réparation, ...) pour l’élève et l’enseignant
Conflit élève- CPC
directeur Le projet de classe
enseignant Gestion de la communication Formation à la
Parfois RASED Conflit de refus
d’apprendre pour l’enseignant communication (PNL, CNV
Équipe RASED (suivi) analyse transactionnelle)
pédagogique Enrichissement des gestes Formation spécifique sur le
RASED (médiation) professionnels (enrôlement, développement de l’enfant
(psycho affectif et génétique, ...)
Directeur détournement, estime de soi, ...)
CPC Le projet de classe
Formation à la
Gestion de la communication (PNL, CNV,
communication pour analyse transactionnelle)
RASED (ateliers l’enseignant et les élèves
Enseignant et ponctuels : ateliers Référence au cadre/contrat Formation aux outils
Conflit élève-élève philo, etc )
directeur de l’école concrets du vivre ensemble
CPC Outils du vivre ensemble (conseils d’élèves, agenda
(règles, conseils, sanctions, coopératif, ateliers philo, projet
réparation, estime de soi, ...) pour l’élève et
commun, ...)
l’enseignant
Formation à la
Gestion de la communication (PNL, CNV,
Conflit directeur-
Enseignant et communication analyse transactionnelle)
enseignant ou Directeur
directeur Connaissances légales pour Formation initiale et
enseignant- CPC et IEN
Quelquefois IEN les directeurs et continue en droit pour les
enseignant enseignants directeurs et enseignants
Postures des adultes face aux conflits entre élèves
L’indifférence ou le mépris (je ne veux pas le savoir, affaires de gamins, comportez-vous comme
des grands, …)
La sanction sans écoute
L’écoute sans solution-décision ou avec décision autoritaire
L’écoute pour arriver à solution partagée
Gestion institutionnelle du conflit sans résolution durable
Nécessaire intervention de l’adulte au moment du conflit ou après la violence
Rappel de la loi : sécurité assurée ou restaurée
Observation des faits : expression des faits, confrontation
Jugement des faits, sanction
Traitement du conflit en surface, possible retour des faits
Non prise en compte des émotions et des besoins
Apprendre à distinguer le degré de gravité du conflit et adapter sa posture
Réaction en situation de crise : si violence et mise en danger : déconnecter,
Eloigner les protagonistes pour assurer la protection, se donner du temps et un espace pour traiter
le problème avec CNV
Garantir le respect de la loi et le respect des personnes (agresseur ou victime);
Distinguer la personne et ses actes : juger et sanctionner les faits, pas les personnes
Contribuer à la recherche d’une solution juste et durable qui génère de la coopération
Eduquer à la prévention de la violence et à la résolution non-violente des conflits par les élèves
eux-mêmes : messages clairs, conseils, médiation entre pairs, ... mais aussi compétences psycho-
sociales travaillées en parallèle.
Les paramètres d’une relation ou d’un conflit (G. Tixier – Ifman)
La vision globale présentée dans le schéma ci-dessus illustre l’idée que toute relation, conflictuelle ou
non, s’appuie simultanément sur trois groupes de paramètres :
des affects : qui créent ou entretiennent des liens entre les personnes.
le cadre : qui permet aux affects de s’exprimer et s’échanger, et qui les influence.
un sens : qui oriente le cadre et qui est nourri par les affects positifs et négatifs.
Cette vision invite à considérer que ces divers éléments :
sont reliés l'un à l'autre (par exemple : les règles permettent de se sentir en sécurité donc de
diminuer le niveau de stress ou d’inquiétude à condition de leur donner un sens explicite)
doivent être appréhendés de manière globale (oublier un de ces groupes peut rendre une solution
au conflit inopérante)
doivent parfois faire l'objet de priorités :
o s’il y a danger ou urgence, il peut être d'abord nécessaire de recadrer ou poser des limites (1)
o s’il y a des émotions fortes, il est primordial de les écouter, de favoriser leur expression (2)
o après en avoir géré l’urgence, les crises graves invitent à poser les problèmes de fond (3)
Pyramide de Maslow : besoins fondamentaux
5- Accomplissement personnel, actualisation (morale, créativité, résolution des problèmes,
connaissance, engagement, spiritualité, …)
4- Estime (confiance, respect des autres et par les autres, reconnaissance, estime de soi, développer
son autonomie, ...)
3- Besoins d'appartenance et affectifs (amour, amitié, intimité, famille, intégration dans un groupe, ...)
2- Besoins de sûreté, de sécurité (du corps, de l'emploi, de la santé, de la propriété, de la stabilité, ...)
1- Besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reposer, faire de l’exercice, se
reproduire, ...)
Autorité et sanction
Le cadre légal
Le droit dans l’école
But : construire avec la jeunesse un rapport à la loi qui ne soit pas un rapport de soumission et de
contrainte systématique.
Cela permet de quitter la sphère individuelle.
Cela implique qu’il faut s’engager dans une démarche collective à l’échelle de l’établissement.
Les textes fondamentaux
o la Convention Internationale des Droits de l’Enfant qui comporte 2 aspects essentiels :
Permettre le droit à la parole de l’enfant et de l’adolescent.
Faire respecter les lois et les règles de fonctionnement.
o le BOEN du 13/07/2000 qui établit :
La légalité des sanctions et procédures
Inscrites dans un cadre légal, les sanctions ne sauraient s’appliquer de façon rétroactive et peuvent
faire l’objet d’un recours administratif interne. Le respect de ce principe général du droit met chacun
en mesure de savoir ce qu’il risque lorsqu’il commet une transgression. Alors seulement, l’adage « nul
n’est censé ignorer la loi » peut trouver son application à l’école. Cela permet d’éviter les pratiques
individuelles et marginales.
Le principe du contradictoire
Il est impératif d’instaurer un dialogue avec l’élève et d’entendre ses raisons ou arguments. La
sanction doit se fonder sur des éléments de preuve qui peuvent faire l’objet d’une discussion entre les
parties. Cela permet à chacun d’exprimer son point de vue, de s’expliquer et de se défendre.
La proportionnalité des sanctions
Il est impératif que la sanction soit graduée en fonction de la gravité du manquement à la règle et du
fait d’indiscipline.
L’individualisation des sanctions (sauf la loi Fillon de 2004 qui rétablit la sanction collective
dans le secondaire).
Pour E. Prairat, un fonctionnaire tire son autorité du fait qu’il est représentant d’un état de droit. Or le
droit dit que nul ne peut être puni pour une faute qu’il n’a pas commise. La punition collective est
contraire aux droits de l’homme.
Rappel :
o La punition est une peine infligée pour une faute.
o La sanction est une mesure répressive infligée par une autorité pour une désobéissance à une
loi ou un règlement.
Les différentes formes d’autorité
L’autorité de droit, statutaire qui repose sur le grade, la fonction, le statut. C’est le pouvoir de
prendre des décisions, de commander en recourant peut-être à la force ou à la contrainte.
L’autorité dite naturelle qui émane de la personne. Elle n’est pas fondée sur le pouvoir légal, elle
se travaille et se conquiert.
L’autorité facilite la socialisation si :
o Elle respecte l’individu, s’interdit toute violence, toute mesure vexatoire ou discriminatoire
o Elle est la garantie d’une protection morale et physique du groupe
o Elle exclut tout amalgame avec pouvoir personnel et châtiment
o Elle permet le savoir et la socialisation
o Elle vise à faire grandir
o Elle est une relation entre 2 sujets. Elle vise à construire la capacité d’émancipation par rapport
à cette autorité (à la différence de l’influence manipulatrice qui produit la dépendance).
Elle doit contribuer au respect de la liberté des uns et des autres. C’est une autorité de référence qui
permet à l’élève de se situer et de s’orienter.
Il doit y avoir une décentration progressive de l’autorité de la personne. Seules les règles et les lois
sont des points d’appui pour les élèves.
Pour être valide, l’autorité doit être reconnue.
L’enfant et l’autorité :
o Elle se construit dès la petite enfance, par imitation, par observation du monde des adultes,
d’où l’importance du regard que les adultes portent. Ce regard signifie les limites posées par
l’adulte.
o L’enfant a besoin de se confronter à une autorité pour se construire (parentale, scolaire ou
judiciaire). Il a besoin de limites qu’il tentera de transgresser dans sa quête d’identité. Cela lui
permet de se distinguer au sens propre et figuré.
o Paradoxe central de l’adolescence : « J’ai besoin de la force et de la sécurité qui me manquent
mais cela met en péril mon autonomie naissante. »
Les finalités de la sanction
Une sanction rappelle la règle et non la dominance de l’adulte, elle réaffirme ainsi la primauté du
groupe.
Elle rend l’enfant responsable en lui imputant les conséquences de ses actes.
Elle est un coup d’arrêt à un comportement à la dérive. Elle lui signifie une limite.
Pour être éducative :
Elle doit porter sur des actes (non sur des personnes). On sanctionne le vol, non le voleur. On
préserve le puni de la culpabilité, la faute n’est qu’un manquement au contrat.
La gradation doit être respectée pour contribuer à l’esprit de justice.
L’explication de la transgression par référence aux principes est indispensable.
Il faut renoncer à la sanction exemplaire, à la dramatisation, ce qui n’exclut ni la gravité, ni la
solennité.
Elle vise à réhabiliter l’instance de la loi qui est garante du vivre ensemble.
Elle permet à l’enfant de devenir responsable de ses actes par la mise en place d’interdits
structurants.
C’est la privation d’un droit, d’un avantage, d’une possibilité. Elle frustre mais ne fait pas honte.
Elle doit s’accompagner d’un geste de réparation, ainsi on se répare soi-même, on se resocialise.
Et le règlement intérieur ?
La réflexion sur le règlement intérieur est essentielle car elle légitime le recours à la sanction. Il doit
être basé sur les principes de réciprocité et de mutualité. Il constitue un système de repères
constructifs pour la personnalité du jeune.
Il comporte 2 types de règles : les unes relèvent de principes (laïcité, assiduité, …); les autres
organisent la vie de l’établissement et font l’objet d’une concertation.
Ce qui sape notre autorité
« Fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais ». Nous sommes des modèles…
Promesses et menaces non tenues
Manque de cohérence entre les membres de la communauté scolaire (désavouer la règle émise par
une autre personne de l’établissement)
Se faire complice de l’élève
Ne pas être cohérent avec soi-même (L’élève a l’impression que l’adulte fabrique la règle selon son
bon plaisir)
Utiliser des arguments affectifs (Cela donne à croire que ce que vous exigez émane d’une envie
personnelle)
Tomber dans l’excès et l’injustice (Demander une sanction importante quand on a été débordé.
L’élève a l’impression d’être victime d’autoritarisme car vous avez mal apprécié et mal géré la
situation.)
La sanction éducative (E. Maheu)
La sanction éducative est une contrainte non-violente qui vise à ce que le contrevenant assume
concrètement sa responsabilité vis à vis d’autrui, vis à vis du groupe, et vis à vis de lui-même. Le but
est que chacun s'en sorte bien. La sanction éducative ouvre vers l'avenir et sur un nouvel accord qui
prend mieux en compte les besoins et qui fixe, pour une durée donnée, les engagements de chaque
partie. Regardons un comportement violent, une insolence, un mensonge ... selon trois points de vue :
agression, expression, transgression.
Agression ?
Violence ? Simple gêne ? Dommages ?
Le point de vue du destinataire de l’acte dépend de sa perception, de la façon dont il souffre de la
situation, de sa position de plus ou moins grande dépendance face à l’auteur. Il arrive qu’une personne
victime, dévalorisée et culpabilisée banalise elle-même ce qu’elle subit, le trouvant «normal». D’autres
s’installent dans la position de victime et peinent à identifier leur part de responsabilité, inhérente à
toute relation.
Cette agression engage la responsabilité civile de l’auteur, c’est-à-dire l’obligation de réparation.
Mais de toute façon, il est important qu’un tiers apporte officiellement une reconnaissance à la victime
pour qu’elle puisse sortir de son statut ou de sa position et reprendre la responsabilité de sa vie sans
devenir à son tour agresseur.
Expression ?
Expression d’une souffrance ? Réaction impulsive ? Intolérance à la frustration ? La responsabilité de la
personne par rapport à sa vie est engagée : questionnement, écoute, aide sont nécessaires. Le point
de vue de l’auteur de l’acte est lié à son intention, son motif : se défendre, se faire remarquer,
s’amuser, affirmer son intérêt ou sa vision des choses, ..., ou délibérément chercher à nuire à l’autre.
Transgresser, ce peut être aussi tester l’adulte, comme on essaie une voiture, en la poussant à la
limite, pour savoir jusqu’où on peut lui faire confiance pour prendre une route dangereuse, ... La
capacité d’empathie de l’auteur peut l’aider à proposer spontanément une réparation. Si, au contraire,
l’agresseur est dans un état de coupure émotionnelle, il ne ressent pas de culpabilité, il ne sent pas
qu’il a fait mal. A l’opposé, une culpabilité exagérée crée un état de tension qui peut l’amener, pour
apaiser cette tension, à justifier son attitude, à nier sa responsabilité, voire la projeter sur sa victime.
Transgression ?
Cette solution tentée pour résoudre son problème n’est pas acceptable ! Quand s’appuyer sur la
loyauté des personnes n’est pas possible, l’arbitrage de la loi devient nécessaire. Du point de vue du
groupe et de ses règles, cet acte est interdit, il a été clairement dit entre nous qu’ici, dans ce lieu,
actuellement, avec ces personnes, cela ne se fait pas. S’il s’agit d’une infraction à la loi, contravention,
délit ou crime, la responsabilité pénale de l’auteur est engagée. Dans le cas d’un manquement grave à
la règle, une sanction est nécessaire, qui vise à la compréhension, à la confirmation (et parfois
réajustement) de la règle, à la reconnaissance de chacun et la reconstitution solidaire du groupe. Il
s’agit donc d’opposer un acte qui permet la réparation; un acte qui permet la réinsertion, un acte qui
permet la déculpabilisation : la sanction est le moyen par lequel l’enfant élabore sa culpabilité et s’en
délivre, se réconcilie avec lui-même : c’est un coup d’arrêt dans la spirale « faire mal / se faire mal ».
Quand on va bien, a-t-on encore autant besoin de transgresser ?
Les compétences psycho-sociales
Ces compétences sont au nombre de dix et présentées par deux :
savoir résoudre les problèmes, savoir prendre des décisions
avoir une pensée créative, avoir une pensée critique
savoir communiquer efficacement, être habile dans ses relations interpersonnelles
avoir conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autres
savoir gérer son stress, savoir gérer ses émotions
Au niveau psycho :
compétences centrées sur soi : congruence (recherche d’adéquation entre actes, besoins et
valeurs); connaissance de soi; estime de soi, confiance en soi; connaissance des émotions et des
besoins; écoute du corps et gestion de ses émotions
Au niveau social :
compétences centrées sur l’autre : accepter l’autre et sa différence, le respecter; expression,
communication relationnelle, affirmation de soi; empathie, capacité de prendre en compte le
ressenti et les pensées de l’autre; gestion non-violente des conflits
compétences centrées sur le groupe : apprendre et réussir ensemble; s’affirmer et trouver sa
place dans le groupe; participer positivement à la dynamique du groupe; responsabilité; solidarité
compétences centrées sur l’organisation sociale : assumer droits, règles, sanctions; esprit de
citoyenneté; prévention santé physique et mentale; respect du bien commun
compétences centrées sur le monde : solidarité internationale; sensibilité aux conflits
internationaux; respect de l’environnement
Les étapes d’une régulation de conflit
Que ce soit pour réguler ses propres conflits ou que l'on soit en position de tiers médiateur, les étapes
suivantes semblent propices à une évolution positive des situations conflictuelles.
LE CADRE :
Choisir ou définir en commun les conditions dans lesquelles la négociation va s'effectuer (lieu convivial,
règles de communication, moment où les émotions fortes sont apaisées, ...).
Tout cadre peut être renégocié au cours du dialogue mais l'existence d'une base initiale de discussion
facilite les premiers pas de l'échange, qui sont souvent les plus délicats.
LES FAITS :
Chacun explique objectivement (sans interprétation) ce qui s'est passé.
Savoir précisément de quoi on parle, dès le début de la discussion, permet notamment de dissiper
d'emblée les conflits nés de malentendus (par exemple au sujet de propos rapportés et déformés).
LES SENTIMENTS :
Chacun dit ce qu'il ressent par rapport à ce qui s'est passé.
Les sentiments et émotions influencent notre jugement. C'est pourquoi leur conscientisation et leur
expression permet ensuite un dialogue plus rationnel et objectif.
LES BESOINS :
Chacun exprime les besoins fondamentaux correspondant à ce qu'il ressent.
Les émotions sont des indicateurs de nos besoins (par exemple la peur indique le besoin de sécurité) et
ceux-ci peuvent donc être interprétés à partir des ressentis qui viennent d'être exprimés.
LA RECHERCHE DE SOLUTIONS :
On imagine ensemble un grand nombre de solutions envisageables (sans les évaluer).
Il est important de ne pas focaliser sur la recherche de solutions avant d'avoir vraiment compris tous
les enjeux du conflit et laisser retomber la pression des émotions.
LE CHOIX DE LA SOLUTION :
On choisit parmi les solutions celle qui permet de satisfaire les besoins de chacun.
L'évaluation et plus particulièrement les jugements négatifs freinent la créativité; il est donc préférable
de réaliser un choix seulement après avoir fait émerger le plus possible de solutions envisageables,
même si des options "farfelues" apparaissent.
L'ACCORD :
On précise ce qu'il faut faire pour que la solution soit appliquée, éventuellement à travers un
engagement contractuel formalisé.
Stratégies pour agir
Intentions : Travail sur le cadre :
mettre en la loi : élaboration des règles, des contrats et des sanctions;
perspective et le non-négociable : loi d’interdit de la violence, obligation/droit
en synergie les de respect et de sécurité, cadre institutionnel de l’école
leviers pour le négociable : règles pour la classe, l’école; sanctions,
Pour agir en modifier le réparations; codes de conduite
profondeur : climat; l’organisation : temps et outils concrets pour les trois pôles;
du conflit à la agir sur les harmonisation, cohérence des valeurs et des actes dans l’école
cohabitation individus et sur
pacifique, dans le groupe;
le respect de Travail sur la communication :
agir sur la (adultes) pratiquer l’écoute active et l’empathie; se référer à la
soi, de chacun structure
et des règles démarche CNV pour la médiation dans les conflits; prendre en
compte émotions et besoins; favoriser l’expression de chacun
Travail sur le sens :
mettre la résolution de conflits en projet pour tous; travail réflexif
sur les valeurs, les objectifs communs
Intentions : Sur la communication et le sens en lien :
à travers le former les élèves aux messages clairs et à la CNV pour les rendre
vivre ensemble autonomes à la résolution de conflits; travailler l’estime de soi, la
et l’apprendre connaissance et la maîtrise des émotions; pratiquer une pédagogie
ensemble, active donnant parole et responsabilités aux élèves et favorisant
instaurer une l’entraide, la solidarité; engager des projets coopératifs de
culture de paix production ou de réalisation valorisant les individus, renforçant le
Pour agir en
et de groupe et la motivation; initier les élèves à la médiation entre
prévention :
coopération, en pairs; développer la prise de conscience et l’expression sur les
du conflit à la
s’appuyant sur valeurs (litt. jeun., ateliers philo)
coopération
la mise en Sur le cadre :
œuvre des les contrats : contrats de vie, contrats d’apprentissage;
compétences institutionnaliser l’organisation pour favoriser responsabilité et
psychosociales autonomie (conseils d’élèves, métiers, ...); associer les parents et
cf. comp 6 et 7 autres acteurs de l’école au projet
du socle.
Régulation des conflits
Objectif général
La prévention des violences passe par une éducation au respect et à la solidarité, par la prise de
conscience des besoins et des valeurs qui nous animent, par l’analyse des mécanismes qui mènent au
conflit. A l’école, l’éducation civique est le cadre idéal pour travailler les compétences psychosociales
qui permettent le mieux vivre ensemble : il s’agit de mettre à la disposition des enfants des outils
de régulation qu’ils pourront s’approprier dans les situations de conflit.
Compétences visées
Se connaître soi-même
Les conflits mettent en jeu des personnes, avec leurs émotions, leurs perceptions, … Mettre des
mots sur les situations de conflit rend possible la prise de conscience de nos besoins, de nos
sentiments, du lien qui existe entre notre ressenti et nos actes.
Reconnaître l’autre et respecter sa différence
L’image qu’on se fait de l’autre est souvent à l’origine des rivalités. L’écouter exprimer ses
émotions et ses sentiments permet de prendre conscience de sa différence et de ce que nos actes
ou nos paroles peuvent provoquer chez lui.
S’affirmer, se maîtriser
La qualité de la relation dépend de notre capacité à bien communiquer : avoir confiance en soi
pour oser prendre la parole, savoir se faire comprendre de l’autre, être capable de maîtriser ses
réactions premières.
Connaître les processus de communication
La communication n’est pas seulement verbale. L’enfant doit savoir reconnaître et déchiffrer les
«messages codés» qu’on lui envoie.
Connaître des moyens pour transformer les conflits
Le conflit ne peut disparaître; il fait partie de toute vie de groupe. Mais il fait grandir quand on
réussit à le transformer en une solution positive. Coopérer, savoir dialoguer et négocier, faire
appel à un tiers médiateur sont des outils de régulation que l’enfant doit découvrir comme
efficaces.
Mise en œuvre
Pour mener à bien cette découverte des outils de régulation, les activités proposées s’appuieront sur
l’écrit, l’oral et la créativité. A partir de bandes dessinées ou d’histoires prises dans les bibliothèques
des classes, les situations de conflits seront analysées. Un travail en petit groupe permettra une prise
de parole de tous sur la situation, les sentiments et les comportements qu’ils engendrent, les
messages codés ou non que l’on repère, les besoins ou les valeurs en jeu, les mécanismes qui
amènent au conflit, … Des liens seront établis avec des situations vécues. Par des jeux de rôles
(théâtre-forum), les enfants seront amenés à imaginer des réponses possibles pour sortir de la
violence.
Quelques outils
Apprendre le conflit : NVA fiches, cartes, affiches, jeux de rôle
Apprendre les émotions : jeu dramatique, écoute du corps, verbalisation
Apprendre l’estime de soi, l’affirmation de soi, prendre sa place : l’agenda coopératif, le quoi de
neuf, place pour la créativité valorisée, marché de connaissances
Apprendre la coopération par le jeu : dans le travail de groupe, les situations d’apprentissage
Apprendre l’expression : travail de l’oral (clarté, élocution), messages clairs, DESC, débat, conseil
Apprendre la responsabilité : projets, métiers, prise de conscience de la conséquence de ses actes
Apprendre les valeurs : débat philo, littérature jeunesse
Charte de la non-violence à l’école
o Chaque classe est invitée à rédiger une partie de la Charte collective de l’école en énumérant
chacune un moyen efficace et concret de la réduire.
Zéro rejet
o Former un comité d’élèves qui se chargera de trouver des moyens d’enrayer définitivement le
rejet pour faire en sorte que tous les élèves soient acceptés à l’école et dans la classe.
Discussions midi
o Planifier des rencontres sur leur du midi pour que des élèves puissent parler de leurs
expériences et échanger leur perception au sujet de la violence à l’école. En racontant des
épisodes de leur vie, les élèves prennent conscience des multiples aspects de la violence
(intimidation, rejet, paroles blessantes, taxage, etc.)
Théâtre
o Par le théâtre, sensibiliser les élèves de l’école en mettant en scène différents actes de violence
et leurs solutions en adoptant des comportements pacifiques et de respect.
Défi sans jeux vidéo et sans télé
o Il y a beaucoup de violence gratuite à la télé et dans les jeux vidéo, les élèves relèvent le défi
de s’en abstenir durant une semaine!
Acti-midi
o Avec l’aide d’une personne-ressource de l’école, un groupe d’élèves organisent des activités
sportives sécuritaires en vue d’éviter les blessures, car quotidiennement, le midi, ils sont
témoins de comportements agressifs.
Kiosques
o Au cours d’une semaine thématique, chaque classe organise un kiosque de sensibilisation à la
violence à l’école. Le kiosque présente sous forme d’œuvres artistiques ou d’affiches, le bilan
des recherches et des réflexions effectuées par les élèves, les solutions proposées, des jeux,
des films documentaires sur le sujet de la violence.
Cartes repères
o Un groupe d’élèves réalisent des panneaux de bois sur lesquels sont représentées des cartes de
résolution de conflits (on trouve une solution ensemble – chacun s’exprime calmement – on
joue chacun son tour – on se laisse du temps pour se calmer). Ainsi, chaque fois qu’un élève vit
un conflit, il se rend au panneau avec son camarade et détermine la solution à adopter pour
résoudre pacifiquement la situation.
Brigade pacifique
o La brigade pacifique formée d’élèves volontaires s’occupe de pacifier les conflits sur la cour
d’école durant la récréation ou durant l’heure du dîner.
Boîte à soucis
o Une boîte est placée dans chaque classe pour recueillir des messages d’élèves qui subissent des
actes de violence ou de rejet. Sous forme anonyme, ces jeunes expriment ce qu’ils vivent
intérieurement. À la lecture de ces messages, un groupe d’élèves adopte un moyen pour aider
cet élève en devenant son brigadier pacifique pour quelque temps.
Ressources : travaux des Associations Départementales de l’OCCE, de Sylvain Connac, de Guillaume
Tixier, de l’IFMAN, de NVA, …