Voir la source de Événement du Ries

{{Coord|48|53|17.5|N|10|32|9.2|W|display=title}}

On appelle « '''évènement du Ries''' » (ou « '''impact du Ries''' ») la chute d’une [[météorite]] survenue il y a près de 15 millions d’années dans l’actuel sud de l’[[Allemagne]]. En témoigne aujourd’hui l’[[astroblème du Nördlinger Ries]], un [[cratère d’impact]] daté de l’étage [[Langhien]] ([[époque (géologie)|époque]] [[Miocène]]) d’un diamètre d’environ {{unité|24|km}}. Ce cratère est issu des puissantes énergies libérées lors de cet événement. On pense que d’autres cratères d’impact comme [[cratère de Steinheim|celui de Steinheim]] ainsi peut-être qu’un certain nombre de petits cratères dans le [[Jura franconien]] et dans la région du [[lac de Constance]] seraient apparus en même temps que le cratère du Ries.
[[Fichier:RiesSteinheimMarkings.JPG|thumb|Image satellite de l’[[astroblème du Nördlinger Ries]] (la grande structure ronde à droite) et du [[cratère de Steinheim]] (en bas à gauche)]]

== Formation du cratère du Ries ==
L’astroblème du Nördlinger Ries compte parmi les cratères d’impact les plus étudiés au monde. En 1960, la science a pu prouver que la formation du cratère du Ries était due à la chute d’un [[astéroïde]]. À partir de cela, il a été possible d’établir une représentation très précise de la création du cratère il y a {{nombre|14,6 ± 0,2 millions}} d’années<ref><span class="Z3988" title="ctx_ver=Z39.88-2004&rft_val_fmt=info%3Aofi%2Ffmt%3Akev%3Amtx%3Abook&rfr_id=info%3Asid%2Fde.wikipedia.org%3ARies-Ereignis&rft.genre=bookitem&rft.btitle=Meteoritics+and+Planetary+Science&rft.atitle=Establishing+a+14.6+%2B%2F%E2%88%92%26nbsp%3B0.2%26nbsp%3BMa+age+for+the+N%C3%B6rdlinger+Ries+impact+%28Germany%29%26nbsp%3B%E2%80%93+A+prime+example+for+concordant+isotopic+ages+from+various+dating+materials&rft.au=E.+Buchner%2C+W.+H.+Schwarz%2C+M.+Schmieder%2C+M.+Trieloff&rft.date=2010&rft.volume=Volume+45%2F4">&nbsp;</span>E. Buchner, W. H. Schwarz, M. Schmieder, M. Trieloff:&#x20;<cite>Establishing a 14.6 +/−&nbsp;0.2&nbsp;Ma age for the Nördlinger Ries impact (Germany)&nbsp;– A prime example for concordant isotopic ages from various dating materials</cite>.&#x20;</ref> (à l’époque du [[Miocène]], étage du [[Langhien]])<ref>J. Pohl, H. Gall: ''Bau und Entstehung des Ries-Kraters.''</ref>{{,}}<ref>R. Hüttner, H. Schmidt-Kaler: ''Die Geologische Karte des Rieses 1 : 50 000. ''</ref>{{,}}<ref name="ST_ARTE_PIER_2002">D. Stöffler, N. A. Artemieva, E. Pierazzo: ''Modeling the Ries-Steinheim impact event and the formation of the moldavite strewn field.''</ref>{{,}}<ref name="BAIER_2007">J. Baier: ''Die Auswurfprodukte des Ries-Impakts, Deutschland.''</ref>.

=== Astéroïde ===
En quelques secondes à peine, l’astéroïde, d’un diamètre d’environ {{unité|1.5|km}} traverse à une vitesse de {{unité|20|km/s}} ({{unité|72000|km/h}}) l’[[atmosphère terrestre]]. Avant l’impact, le [[météorite|météore]], dont la magnitude apparente dépasse même celle du [[Soleil]], se rapproche à toute vitesse de la zone correspondant à l’actuel sud de l’Allemagne jusqu’à percuter la surface de la Terre. Cet objet céleste est probablement un astéroïde accompagné d’au moins un autre [[objet céleste]] sensiblement plus petit qui percute la Terre environ {{unité|40|km}} plus au sud-ouest, là où se trouve aujourd’hui le bassin de Steinheim résultant de l’impact. Une scission du météore à l’intérieur de l’atmosphère terrestre peut être exclue car la distance entre les fragments d’objets célestes n’aurait pas pu atteindre celle qui sépare le bassin de Steinheim du cratère du Ries.

La description de l’[[impact]] qui suit s’appuie sur le plus gros fragment qui a, en percutant le sol, donné naissance au cratère du Ries.

=== Impact ===
Quelques fractions de secondes avant que l’objet céleste ne percute la surface de la Terre à un angle d’environ 30°, l’air qui se trouve entre l’astéroïde et le sol est comprimé et s’échauffe. La terre, le [[sable]] et les [[galets]] qui constituent le sol passent brutalement à l’état de vapeur et sont en partie pressés sous l’astéroïde avec l’air comprimé. L’impact se produit à une vitesse telle que l’astéroïde lui-même explose en de multiples fragments. C’est pourquoi on nomme habituellement ce processus le ''Jetting''. Le sol liquéfié, sous l’effet de la vitesse, se retrouve projeté jusqu’à {{unité|450|km}}. Le sable fondu, figé en petites gouttes de verre, tombe en pluie au-dessus d’une région bien définie qui correspond aujourd’hui à la [[Bohême]] et la [[Moravie]]. On retrouve encore aujorud'hui de telles gouttes de verre dans cette région ; on les appelle moldavites.
[[Fichier:Ries Impact 1 fr.png|centre|499x499px]]

=== Compression ===
L’impacteur fend en deux la plateforme de [[roches sédimentaires]] du [[Mésozoïque]] et plonge dans le socle à une profondeur d’environ un kilomètre. L’astéroïde et la roche environnante sont comprimés et réduits à un volume inférieur à la moitié de leur volume initial. Sous une [[pression]] de quelques millions de bars et à une température de {{tmp|30000|°C}}, l’astéroïde et la roche environnante se liquéfient brutalement quelques fractions de secondes après l’impact.

L’[[onde de choc]] se propage dans la roche autour du point d’impact à une [[vitesse]] [[supersonique]]. Avec la distance, la température et la pression imposées à la roche retombent, de sorte que la roche n’est plus qu’en partie liquide. Sous l'influence de la température et de la pression, les roches sont ainsi transformées. À cause du phénomène du « ''métamorphisme de contact'' », le quartz se transforme en [[coésite]] ou en [[stishovite]]. Le [[métamorphisme]] de contact donne également lieu à la formation de [[verre]] diaplectique. À des kilomètres à la ronde du point d’impact, la roche est déformée et se liquéfie sous l’effet de la pression.
[[Fichier:Ries Impact 2.png|centre|500x500px]]

=== Éjections ===
Environ deux secondes après l’impact débute la principale phase d’éjections : après la propagation de l’onde de choc, la roche se reconstitue, le nouveau sol du cratère se rehausse et le [[pic central]] se forme en son milieu. Les débris du cœur du cratère s’agglutinent en une barrière conique, appelée ''rideau d’[[éjecta volcanique|éjectas]]'' (éjection balistique). Dans le périmètre de propagation du cratère, de gros blocs de roche sont remontés à la surface (mouvement de coulissement). Lors de l’éjection, des roches de différentes [[Stratigraphie|couches stratigraphiques]] se mélangent et forment à une distance pouvant atteindre {{unité|40|kilomètres}} autour du cratère une couverture d’éjectas fermée qui peut atteindre par la suite une hauteur de {{unité|100|m}}. Aujourd’hui, on appelle « agglomérats multicolores » ces éjections situées autour du cratère du Ries.

Lors de l’[[explosion]], d’une énergie équivalant à plusieurs centaines de milliers de fois celle de la bombe larguée sur [[Hiroshima]], un cratère de {{unité|8|km}} de diamètre et de {{unité|4|km}} de profondeur se forme. La boule de feu s’élève au-dessus du cratère et engloutit la roche pulvérisée et parfois partiellement fondue.
[[Fichier:Ries Impact 3.png|centre|500x500px]]

=== Formation du cratère ===
Initialement, le'' cratère primaire ''n’est pas stable : des roches roulent le long de sa paroi interne jusqu’à atteindre son centre, élargissant ainsi son diamètre d’environ {{unité|24|km}}. Le pic central n’est pas stable non plus et finit par s’affaisser. En contrepartie, certains matériaux enfouis sont à nouveau entraînés vers la surface, induisant ainsi la formation de l’anneau interne. Cette chaîne de collines concentrique située au centre du cratère est encore visible aujourd’hui. On y trouve en surface des [[roches magmatiques]] du socle qui se rencontrent en temps normal (c’est-à-dire en l’absence de cratère) 300 à {{unité|400|mètres}} plus en profondeur.
[[Fichier:Ries Impact 4.png|centre|500x500px]]
La formation du cratère dure environ 3 minutes. Quelques instants plus tard, la nuée ardente au-dessus du cratère s’effondre : la masse chaude retombe sous forme de roches broyées et d’une masse fondue solidifiée, remplissant sur {{unité|400|mètres}} le cratère profond de {{unité|500|mètres}}. La couche extérieure d’éjectas située autour de celui-ci est également en grande partie recouverte par la pluie de cendres chaudes. À partir de ce matériau solidifié provenant de la nuée ardente se forme une roche d’impact caractéristique de l’[[astroblème du Nördlinger Ries]] : la [[suévite]]. On estime qu’il a fallu environ {{unité|2000 ans}} à l’épaisse couche de suévite présente au fond du cratère pour refroidir de {{tmp|600|100|°C}}.
[[Fichier:Ries Impact 5 fr.png|centre|frameless|486x486px]]

=== Répercussions ===
Finalement, l’[[impacteur]] ainsi que les {{unité|3|km|3}} de roche terrestre environnante passent à l’état gazeux. Environ {{unité|150|km|3}} de roche sont expulsés du cratère et près de {{unité|1000|km|3}} sont déplacés. L’impact provoque un [[séisme]] de magnitude 8 sur l’[[échelle de magnitude de moment]]. L’ensemble de la zone se trouvant dans un rayon de {{unité|5000|km|2}} autour du cratère se retrouve enseveli sous plusieurs mètres de gravats projetés au moment de l’impact.

À l’époque, l’ancien [[Main (rivière)|Main]] et l’ancien [[Altmühl]] coulent en direction du sud à environ {{unité|10|km}} à l’est du bord du cratère. Les éjectas interrompent le cours des fleuves et l’eau s’accumule au nord-est du cratère pour former un lac. Celui-ci s’étend par la suite pour atteindre une surface de {{unité|500|km|2}} et rejoindre l’actuel emplacement de la ville de [[Nuremberg]].

À {{unité|100|km}} de la zone d’impact, cette boule de feu semblait 30 fois plus grosse et 70 fois plus lumineuse que le Soleil. À cette distance, les rayonnements thermiques en émanant peuvent embraser en un instant le pelage, le plumage et la peau des animaux et calciner la végétation. Environ cinq minutes après l’impact se déclenche l’[[onde de choc]] atmosphérique. Avec des vents allant jusqu’à {{unité|600|km/h}} et une pression positive atteignant {{unité|100|kPa}} ({{unité|1|bar}}), elle fait instantanément disparaître de la surface de la Terre toute forme de vie se trouvant dans un périmètre de {{unité|100|km}}.

À {{unité|200|km}} de la zone d’impact, cette boule de feu paraît environ {{nobr|10 fois}} plus grosse et lumineuse que le Soleil. À cette distance, les effets de l’onde de choc se font sentir {{nobr|10 minutes}} après l’impact. Avec des vents à {{unité|200|km/h}}, l’onde de choc fait tomber près d’un tiers des arbres de la zone. À environ {{unité|300|km}} au sud-est de l’impact, non loin de l’actuelle commune de [[Liezen]], survient un [[glissement de terrain]] (constituant aujourd’hui le col du Pyhrn), très certainement déclenché par l’astroblème du Ries, qui modifie le cours de l’ancien [[Enns (rivière)|Enns]] (à l’époque dirigé vers le nord) et le redirige vers le sud, vers le Bassin de Graz<ref>Kurt Lemcke: ''Geologische Vorgänge in den Alpen ab Obereozän im Spiegel vor allem der deutschen Molasse.'' in: ''Geologische Rundschau.''</ref>.

Même à {{unité|500|km}} de distance, le séisme causé par l’impact se fait sentir (à une intensité de 4 à 5 sur l’[[échelle de Mercalli]]). L’onde de choc frappe la zone au bout d’à peine 30 minutes et le vent y atteint une vitesse d’environ {{unité|50|km/h}} (degré 6 sur l’[[échelle de Beaufort]]).

L’onde de choc se propage à la [[vitesse du son]] dans l’atmosphère tout autour de la Terre. À {{unité|20000|km}} de distance, aux [[antipodes]] de l’impact, elle se fait ressentir 17 heures plus tard. L’intensité du [[son (physique)|son]] y a atteint les 40 [[décibel]]s, rendant l’impact audible pratiquement sur l’ensemble de la planète<ref name="CMM2005">G. S. Collins, H. J. Melosh, R. A. Marcus: ''[http://impact.ese.ic.ac.uk/ImpactEffects/effects.pdf Earth Impact Effects Program.]''</ref>.

=== État actuel ===
À la suite de l’impact, le cratère se remplit d’eau jusqu’à créer un lac de {{unité|400|km|2}}, avoisinant la taille du [[lac de Constance]]. Environ deux millions d’années plus tard, le lac se colmate. Ce n’est qu’à partir des périodes glaciaires et du phénomène d’[[érosion]] que l’actuelle [[caldera]] du Ries affleure.

Il est possible de trouver une description de la situation [[géologique]] actuelle ainsi que des roches apparues à la suite de l’impact dans l’article intitulé [[Astroblème du Nördlinger Ries]].
[[Fichier:Ries Profil fr.png|centre|499x499px]]

== Énergie et taille de l’impacteur ==
[[Fichier:Storax Sedan nuke.jpg|thumb|Essai nucléaire Sedan – 1962]]
L’énergie nécessaire à la formation d’un cratère peut être estimée à partir de sa taille, de la mesure de son anomalie gravitationnelle, de la position des éjectas alentour et des dégâts qu’ils présentent. Concernant le cratère du Ries, on estime que l’énergie libérée lors de l’impact se situe entre 10{{exp|19}} et 10{{exp|20}} joules<ref>Dieter Stöffler, Rolf Ostertag: ''The Ries impact crater.''</ref>. La valeur supérieure correspond à environ {{unité|24|gigatonnes}} d’équivalent TNT, ce qui est comparable à l’énergie qui serait libérée par l’explosion simultanée d’environ 1,8 million de bombes [[Hiroshima]] (chacune faisant {{unité|5,6|e=13|J}}), à {{formatnum:1850}} fois l’énergie de l’éruption du [[mont Saint Helens]] en 1980 ({{unité|5,6|e=16|J}}) ou encore 90 fois l’énergie du séisme sous-marin de l’océan Indien de 2004 ({{unité|1,1|e=18|J}}). Selon des calculs plus récents, l’énergie libérée pourrait même avoir atteint les {{unité||e=21|joules}} (soit environ 18 millions de bombes Hiroshima), en admettant que l’impacteur soit une météorite rocheuse de {{unité|1500|m}} de diamètre et percutant le sol à une vitesse de {{unité|20|km/s}}<ref name="CMM2005"/>.

L’[[essai nucléaire]] Sedan, qui fut réalisé en 1962 comme test pour l’utilisation pacifique des [[armes nucléaires]] dans le cadre de travaux de terrassement, peut également servir comme moyen de comparaison supplémentaire. Cette explosion laissa un cratère d’explosion de {{unité|390|m}} de diamètre et de {{unité|97|m}} de profondeur. Dans le cas des évènements du Ries, la quantité d’énergie libérée était près de 200 000 fois plus élevée que lors de ce test, qui a produit une force explosive de 104 kilotonnes (≈ {{unité|4,5|e=14|J}}).

Étant donné que dans les roches du cratère du Ries, aucune trace météoritique de l’objet d’impact n’a pu être décelée, il est impossible de déterminer de quel type d’astéroïde il s’agissait<ref>Gerhard Schmidt, [[Ernst Pernicka]]: ''The determination of platinum group elements (PGE) in target rocks and fall-back material of the Nördlinger Ries impact crater, Germany.''</ref>. C’est la raison pour laquelle il est également impossible de déduire la taille du corps cosmique à partir de ces informations<ref name="BAIER_2007"/>.

Les modèles de calcul suggèrent qu’une [[météorite]] rocheuse d’environ {{unité|1.5|km}} de diamètre, provenant du sud-ouest selon un angle de 30° à 50° par rapport à l’horizontale a percuté le sol à une vitesse de {{unité|20|km/s}}. Des simulations basées sur ces paramètres ont permis de reproduire assez précisément la répartition de la [[moldavite]] projetée autour de l’impact<ref name="ST_ARTE_PIER_2002"/>.

== Autres cratères ==
[[Fichier:Ries_Steinheim_SW.jpg|thumb|Cratère de Steinheim (devant à gauche) et astroblème du Nördlinger-Ries (en arrière-plan)]]

=== Cratère de Steinheim ===
{{Article détaillé|Cratère de Steinheim}}
À environ {{unité|40|km}} au sud-ouest du [[Astroblème du Nördlinger Ries|Nördlinger Ries]] se situe le cratère de Steinheim (48° 41′ 12″ N, 10° 3′ 54″ O48.68666666666710.065), un autre cratère d’impact vieux lui aussi d’environ 15 millions d’années et qui s’est vraisemblablement formé en même temps que le cratère du Ries<ref>Johannes Baier, Armin Scherzinger:</ref>. Il est peu probable que ces deux cratères voisins se soient formés à peu près à la même période de façon totalement indépendante<ref>Elmar P. J. Heizmann, Winfried Reiff: ''Der Steinheimer Meteorkrater.''</ref>. Les corps cosmiques dont l’impact a laissé les deux cratères sont probablement un astéroïde accompagné d’un autre corps beaucoup plus petit. Dès leur pénétration dans l’atmosphère terrestre, leur espacement devait à peu près correspondre à la distance actuelle séparant le cratère du Ries du cratère de Steinheim.

Lors de la pénétration dans l’atmosphère de la météorite d’environ {{unité|150|m}} de diamètre dont l’impact a formé le cratère de Steinheim, seul un pour cent de l’énergie dégagée lors de la formation du cratère du Ries est libérée. Près de deux kilomètres cubes de roches sont déplacés, formant un cratère d’environ {{unité|3.5|km}} de diamètre, {{unité|200|m}} de profondeur à l’origine et un [[pic central]] extrêmement prononcé<ref>Claus Roderich Mattmüller: ''Ries und Steinheimer Becken.''</ref>.

=== Cratère sur le Jura franconien ===
Dès 1969 – c’est-à-dire quelques années après avoir pu expliquer la formation du cratère du Ries et du cratère de Steinheim à l’aide d’impacts de météorites – le cratère de Pfahldorf, situé environ {{unité|60|km}} à l’est du cratère du Ries, à proximité de [[Kipfenberg]] (48° 57′ 42″ N, 11° 19′ 54″ O48.96166666666711.331666666667), est désigné comme cratère météoritique supplémentaire potentiel avec un diamètre de {{unité|2.5|km}}. En 1971, la ''Stopfenheimer Kuppel'' ("coupole de Stopfenheim"), située à {{unité|30|km}} au nord-est du cratère du Ries, à proximité de [[Ellingen]] (49° 4′ 18″ N, 10° 53′ 24″ O49.07166666666710.89), est indiquée comme cratère potentiel avec un diamètre de {{unité|8|km}}<ref>D. Storzer, W. Gentner, R. Steinbunn: ''Stopfenheimer Kuppel, Ries Kessel, and Steinheim Basin. ''</ref>. Erwin Rutte, un géologue de [[Wurtzbourg]], attribue la formation de nombreuses autres structures circulaires dans le [[Jura franconien]], jusqu’à {{unité|90|km}} à l’est du cratère du Ries, à des chutes de météorites parallèles à l’impact du Ries. Parmi les cratères sujets à caution se trouvent la Wipfelsfurt, située à proximité de la réserve naturelle du ''Donaudurchbruch bei Weltenburg'' (48° 54′ 12″ N, 11° 50′ 36″ O48.90333333333311.843333333333, {{unité|850|m}} de diamètre), une cuvette allongée dans la région du ''Sausthal'', à proximité d’[[Ihrlerstein]] (♁48° 58′ 0″ N, 11° 49′ 36″ O, dimensions : 850 × {{unité|620|m}}), le cratère de Mendorf, à proximité de Altmannstein (48° 52′ 30″ N, 11° 36′ 6″ O, {{unité|2.5|km}} de diamètre) et la structure circulaire de Laaber (♁49° 4′ 48″ N, 11° 53′ 54″ O49.0811.898333333333, {{unité|4.5|km}} de diamètre)<ref>E. Rutte: ''Neue Ries-äquivalente Krater mit Brekzien-Ejekta in der südlichen Frankenalb, Süddeutschland.''</ref>{{,}}<ref name="RUTTE_1974">Erwin Rutte: ''Neue Befunde zu Astroblemen und Alemoniten in der Schweifregion des Rieskometen.''</ref>.

La classification de ces structures en tant que cratères d’impact reste cependant contestée<ref>Hermann Schmidt-Kaler: ''„Stopfenheimer Kuppel“ keine Impaktstruktur!''</ref>{{,}}<ref>R. Hüttner, W. Reiff: ''Keine Anhäufung von Astroblemen auf der Fränkischen Alb.''</ref>. Des preuves sans équivoque d’un impact de météorite, comme du verre diaplectique ou des minéraux de haute pression ([[coésite]], [[stishovite]]), n’ont à ce jour pas pu être trouvées. Les [[cônes de percussion]] provenant de la Wipfelsfurt sont seulement marqués de façon peu significative, de sorte que leur classification en tant qu’indicateurs d’impact est également incertaine. Ainsi, la Wipfelsfurt est généralement considérée comme une [[lixiviation]] du Danube et les autres structures circulaires puisent probablement leurs origines dans une [[doline]] ou dans la configuration [[tectonique]] du terrain.

=== Impact de météorite près du lac de Constance ===
Dans les [[Préalpes suisses]] à [[Saint-Gall]], des blocs de pierres [[calcaires]] du Jura sont découverts dans des roches plus jeunes des molasses dont l’origine est incertaine. En raison de leur ressemblance avec les Reuterschen Blöcke ("blocs de Reuterschen") – des blocs de pierre calcaire propulsés jusqu’à {{unité|70|km}} en dehors du Ries – l’influence d’un impact de météorite qui aurait pu se produire au moment de l’impact du Ries est également envisagée. Ces réflexions sont appuyées par la découverte de [[cônes de percussion]]<ref>Franz Hofmann: ''Horizonte fremdartiger Auswürflinge und Versuch ihrer Deutung als Impaktphänomen.''</ref>{{,}}<ref>F. Hofmann: ''Spuren eines Meteoriteneinschlags in der Molasse der Ostschweiz und deren Beziehung zum Riesereignis.''</ref>. Jusqu’à présent, aucune structure de cratère correspondante n’a cependant pu être trouvée. Il est probable que l’impact ait eu lieu dans les sables meubles des molasses, de sorte qu’un cratère qui se serait formé à cet endroit n’a pas été conservé ou que le cratère a été englouti par le lac de Constance. Des analyses détaillées, réalisées à l’aide de [[forages]] de recherche, doivent encore être réalisées.

== Hypothèse de Rutte ==
D'après le géologue Erwin Rutte, les traces de cet impact ne se limitent pas à la région alentour du cratère du Ries. Il affirme que l’impact de centaines de millions de corps solides de différentes tailles majoritairement composés de roche et de fer, de poussière, de gaz et de glace, qui a également laissé des traces dans une zone du Jura située à côté des cratères, s’étend du Jura à la [[Bohême]] en passant par le district du [[Haut-Palatinat]], le district de [[Basse-Bavière]] et le land de [[Haute-Autriche]]<ref name="RUTTE_1974"/>{{,}}<ref>Erwin Rutte: ''Land der neuen Steine&nbsp;– Meteoriteneinschläge in Mittel- und Ostbayern.''</ref>.

Erwin Rutte décrit les brèches formées dans le secteur de l’[[Altmühl]] et dans le [[District du Haut-Palatinat|Haut-Palatinat]] comme des alémonites et les considère comme des impactites<ref>E. Rutte: ''Alemonit&nbsp;– der Suevit-äquivalente Impactgesteinstyp der Südlichen Frankenalb.''</ref> résultant de la pression, de la température et de l’acide silicique cosmique de l’impact sur le calcaire jurassique et le grès vert. Entre-temps, Erwin Rutte a également qualifié d’alémonitiques et d’alémonitisés les [[gneiss]] et les [[granite]]s de la [[forêt de Bavière]] et de la [[Forêt de Bohême|Forêt de Bohème]] ainsi que les sédiments (sable et gravier) de la Bohème méridionale et le grès silicifié d’Europe centrale. Selon son hypothèse, une grande partie des météorites rocheuses est entrée en fusion lors de son entrée dans l’atmosphère et s’est transformée en une solution d’acide silicique. Elle s’est répandue en quantités très différentes, avec des effets en profondeur proportionnellement différents en Europe centrale et a silicifié, cimenté et imprégné les roches de la surface terrestre. Les gisements de [[kaolin]] situés au nord du Haut-Palatinat s’expliqueraient également par la corrosion provoquée par des acides d’origine cosmique.

Les gisements de minerais de fer situés dans la région de l’[[Altmühl]] (dans le [[Jura franconien]] entre [[Riedenburg]] et [[Kelheim]]) déjà exploités au temps des Celtes et les gisements situés dans le Haut-Palatinat, à [[Auerbach]], [[Sulzbach-Rosenberg]] et [[Amberg]] (des localités qui ont longtemps été des villes industrielles) sont, selon Erwin Rutte, également d’origine météoritique : le fer d’une [[météorite de fer]] décomposée aurait pénétré puis refroidi dans les roches. L’affirmation de l’origine météoritique du fer a été confirmée par l’analyse d’[[oligoéléments]]<ref>Michael H. Appel, John A. Garges: ''Neue Beweise für die Theorie der meteoritischen Abkunft des Tettenwanger Eisenerzes.''</ref>.

D’après Erwin Rutte, la [[glaise]] recouvrant le Jura est le résidu d’un nuage gigantesque de roche pulvérisée projeté vers le haut lors de l’impact. De plus, l’impact aurait donné ce profil mamelonné qu’a le Jura entre le Nördlinger Ries et la forêt de [[Ratisbonne]] et aurait tronqué la plus haute montagne.

=== Critique ===
L’hypothèse de la présence d’un grand nombre d’impacts avancée par Erwin Rutte est critiquée par la majorité des géologues. La classification de l’alémonite comme impactite est par exemple très controversée<ref>Wolf-Dieter Grimm: ''Das obermiozäne Quarzkonglomerat in Ostniederbayern ist kein Astroblem.''</ref>. D’un côté, l’hypothèse de la décomposition des météorites rocheuses en une solution d’acide silicique n’a pas encore été confirmée. De l’autre, la silicification est un phénomène relativement habituel : dans de pareils cas, le [[dioxyde de silicium]] provient de [[nappes phréatiques]] contenant de l’acide silicique ou s’est formé lors de la [[sédimentation]] par le biais d’organismes à coquille silicique.

Les indices analytiques démontrant l’origine cosmique du fer sont loin de faire l’unanimité<ref>P. Horn, D. Storzer: ''Kritik an der Arbeit von Appel&nbsp;& Garges (1991): „Neue Beweise für die Theorie der meteoritischen Abkunft des Tettenwanger Eisenerzes“.''</ref> et il existe également une explication non cosmogénique aux [[minerais de fer]] à haute teneur en fer : les minerais situés dans la région de [[Sulzbach-Rosenberg]] et d’[[Amberg]] proviennent de la formation du grès ferrugineux du [[Massif du Jura|Jura]] pendant laquelle ils furent déposés et accumulés sous forme d’oolithes ferrugineuses jusqu’à ce qu’ils durcissent. Le gisement d’Auerbach se trouve dans le grès du [[crétacé]] et aurait été transporté sous forme de solution aqueuse depuis les gisements de grès ferrugineux de l’Est.

La glaise recouvrant le Jura serait majoritairement une glaise résiduelle restée suite à l’érosion de la [[Marne (géologie)|marne]], dont le [[calcaire]] a été dissout par les précipitations (érosion chimique par le [[dioxyde de carbone]]) et transporté à travers les [[failles]]. Les gisements de kaolin pourraient également être de simples résidus du processus d’érosion de [[feldspath]] sans qu’il y ait eu le moindre impact.

Du point de vue [[astronomique]], l’impact aussi proche dans l’espace et dans le temps d’un grand nombre de météorites rocheuses, de fer ou de [[mégacryométéore]]s pose problème. En effet, ces divers objets célestes proviennent de corps célestes ([[astéroïde]]s et [[comètes]]) différents et la formation de ces masses épaisses reste encore inexpliquée.

== Voir aussi ==
* [[Événement de la Toungouska]]

== Bibliographie ==
* {{de}} Johannes Baier: ''Geohistorische Bemerkungen zur Suevit-Forschung (Ries-Impakt)''. In: ''Geohistorische Blätter'',  31(1/2), Berlin 2020.
* {{de}} Johannes Baier: ''100 Jahre Suevit (Ries Impaktkrater, Deutschland)''. In: ''Aufschluss'', 70(3), Heidelberg 2019.
*{{de}} Johannes Baier: [http://www.schweizerbart.de/papers/jber_oberrh/detail/94/76905/Die_Bedeutung_von_Wasser_wA_hrend_der_Suevit_Bildu ''Die Bedeutung von Wasser während der Suevit-Bildung (Ries-Impakt, Deutschland).''] (en allemand) Jber. Mitt. oberrhein. geol. Ver., N.F. 94, 2012, {{pp.|55–69}}.
* J. Baier: [http://www.schweizerbart.de/papers/jber_oberrh/detail/91/76661/Zur_Herkunft_und_Bedeutung_der_Ries_Auswurfprodukt ''Zur Herkunft und Bedeutung der Ries-Auswurfprodukte für den Impakt-Mechanismus.''] Jber. Mitt. oberrhein. geol. Ver., N.&nbsp;F. 91, 2009, {{pp.|9–29}}.
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*{{de}} Julius Kavasch: ''Meteoritenkrater Ries&nbsp;– Ein geologischer Führer.'' {{10e|édition}}. Éditions Auer, Donauwörth 1992, {{ISBN|3-403-00663-8}}.
*{{de}} Volker J. Sach: ''Strahlenkalke (Shatter-Cones) aus dem Brockhorizont der Oberen Süßwassermolasse in Oberschwaben (Südwestdeutschland)&nbsp;– Fernauswürflinge des Nördlinger-Ries-Impaktes.''  Éditions Dr. F. Pfeil, Munich 2014, {{ISBN|978-3-89937-175-8}}.
*{{de}} Volker J. Sach: ''Ein REUTERscher Block aus dem Staigertobel bei Weingarten– Fernejekta des Nördlinger-Ries-Impaktes im Mittel-Miozän.'' Oberschwaben Naturnah (Revue annuelle 2014): 32–37, Bad Wurzach 2014, {{ISSN|1613-8082}} ([http://www.oberschwaben-portal.de/inhalte-ausgabe/items/ein-reuterscher-block-aus-dem-staigertobel-bei-weingarten-fernej.html?file=tl_files/Autoren/Sach/Sach_OPO_2013.pdf PDF]).

== Liens externes ==
{{Autres projets|commons=Nördlinger Ries}}
* [https://archive.is/20130412082323/http://www.naturkundemuseum-berlin.de/sammlungen/mineralogie-petrographie/zentrum-fuer-rieskrater-und-impaktforschung-noerdlingen-zerin.html?Fsize=0&Lightversion=0%3Ftypo%3D0 Zentrum für Rieskrater- und Impaktforschung Nördlingen (ZERIN)] ([[Archivage du Web|Memento]] vom 12. April 2013 im Webarchiv ''[[archive.is]]'') (en allemand)
* [http://www.geopark-ries.de/ Geopark Ries] (en allemand)
* [http://www.rieskrater-museum.de/ Rieskrater-Museum Nördlingen] (en allemand)
* [https://web.archive.org/web/20080512151423/http://www.steinheim.com/meteor/ Meteorkratermuseum Steinheim] ([[Archivage du Web|Memento]] vom 12. {{date-|Mai 2008}} im ''[[Internet Archive]]'') (en allemand)
* [http://www.lpl.arizona.edu/impacteffects/ Earth Impact Effects Program] (en anglais)

== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}

== Source de la traduction ==
{{Traduction/Référence|de|Ries-Ereignis|148896493}}

{{Portail|géologie|astronomie}}

[[Catégorie:Impact cosmique avec la Terre]]
[[Catégorie:-20 à -10 millions d'années en astronomie]]