Voir la source de Utilisateur:Polaert/OrigVIH

L''''origine du virus de l'immunodéficience humaine''' (VIH) est [[singe|simienne]]. Il existe une diversité de VIH qui ont été transmis à l'homme par différents types de singe. Depuis le début de la pandémie, 99% des infections au VIH sont une infection au VIH-1 de type M. Le type M a été transmis à l'homme par un [[Pan troglodytes troglodytes|chimpanzé]] du sud [[Cameroun]] (''[[Pan troglodytes troglodytes]]'') au début du XXe siècle, probablement entre [[1915]] et [[1941]]. Cela a pu se produire à la suite d'une morsure par un animal, ou par une écorchure à l'occasion du dépeçage d'un animal infecté. Le « patient zéro » du VIH-1 type M à partir duquel la pandémie de VIH s'est déclenchée est un Camerounais ou un colon. Ce patient zéro a disséminé le virus dans un autre pays, le [[Congo belge]], actuelle [[République démocratique du Congo]]. Dans les années 1940 à 1960, la capitale du Congo belge, [[Kinshasa|Léopoldville]] (l'actuelle Kinshasa) a été l’épicentre de la pandémie de VIH.

Classiquement, l'origine de la [[pandémie]] de VIH est expliquée par le développement de l'[[urbanisation]], la [[paupérisation]], la [[prostitution]], les déplacements de populations, les changements de [[Comportement sexuel humain|comportement sexuel]] et l'apparition des [[drogue]]s [[Injection (médecine)|injectables]]<ref name="Le point sur l'origine du VIH et sa diffusion"/>{{,}}<ref name="virology_principles_267_269">
{{Ouvrage
 |langue=en
 |auteur1=John B. Carter
 |auteur2=Venetia A. Saunders
 |titre=Virology principles and applications
 |éditeur=John Wiley
 |année=2007
 |pages totales=382
 |passage=267 à 269
 |isbn=978-0-470-02387-7
 |titre chapitre=Origins and evolution of viruses - Evolution of new viruses
}}</ref>{{,}}<ref name="encyclopedia_hiv_227_228">
{{Ouvrage
 |langue=en
 |auteur1=Sarah Barbara Watstein et Stephen E. Stratton
 |titre=The encyclopedia of HIV and AIDS
 |éditeur=Facts On File
 |année=2003
 |passage=227 et 228
 |isbn=0-8160-4808-8
 |titre chapitre=Origin of HIV
}}</ref>. D'après Jacques Pépin, selon toute vraisemblance, le VIH s'est surtout propagé dans des dispensaires ou centres de santé. En Afrique, une seringue passe d'un malade à l'autre, tout en conservant parfois des petites quantités de sang contagieux, lesquelles quantités sont suffisantes pour transmettre le virus. Le VIH a pu être transmis à des patients de tout âge, à la suite d'injections intraveineuses luttant contre la [[syphilis]], le [[Pian (médecine)|pian]], la [[maladie du sommeil]], la [[lèpre]], la [[tuberculose]] ou encore le [[paludisme]].

Sur les 32 millions de morts du sida entre [[1990]] et [[2020]], un peu plus de 23 millions étaient des Africaines et des Africains [[hétérosexuel]]s (72%). La moitié des séropositifs vivant en Afrique subsaharienne ont été infectés par le sous-type C. Le sous-type C est apparu en Afrique australe, de manière tardive dans les années 1980. Selon Jacques Pépin, quand le VIH devient extrêmement prévalent, comme c’est le cas en [[Afrique australe]] où entre 25 et 35% de toutes les femmes sont séropositives au VIH, il est peu probable que la prostitution soit à l'origine de la transmission. Le VIH est davantage transmissible par voie [[parentérale]] (piqure, seringue) que lors d'un rapport hétérosexuel. En [[2019]], le documentaire [[Cold Case à l'ONU]] nominé au [[Prix LUX]] du [[Parlement européen]], soutient que le [[SAIMR]] une organisation [[Royaume-Uni|anglo]]-[[Afrikaners|afrikaner]] de [[Suprémacisme blanc|suprémacistes blancs]], avait créé un réseau de dispensaires en [[Afrique du Sud]], en Afrique australe et en [[Afrique de l'Est]]. Dans ces dispensaires, des femmes enceintes étaient accueillies pour recevoir des soins de santé. D’après le témoignage d’un ancien membre du SAIMR, ce réseau de dispensaires utilisait volontairement du matériel contaminé pour infecter les populations africaines au VIH. Ce sujet est controversé même s'il est avéré que dans les années 1980 le régime [[Apartheid]] a mis en place dans les années 1980, le [[Projet Coast]] dont le but était de maîtriser la démographie africaine, en créant des [[armes biologiques]]. 

La transmission du VIH par voie sexuelle est surtout à l'origine de l'infection des [[homosexuel]]s. Dans le monde depuis le début de la pandémie, au moins 3 millions d'homosexuels sont morts du sida. En [[Occident]], la prévalence du VIH dans la communauté gay est actuellement de l’ordre de 15%.

== Histoire ==
=== Arbre phylogénétique : VIH-1 et VIH-2===
Chaque [[virion]] de VIH a un génome d'environ 10 000 [[nucléotide]]s. À titre de comparaison celui du [[SARS-CoV-2]] en compte environ 30 000 et le génome humain environ 3 milliards. En comparant les similitudes et différences en termes de combinaisons de nucléotides entre tous les génomes de VIH séquencés, il est possible de créer un [[arbre phylogénétique]] et de classer les différents variants de VIH en « cousins » plus ou moins proches. A partir de cet arbre phylogénétique, l'histoire du VIH au [[xxe siècle|XX{{e}} siècle]] peut être reconstituée.

{{Cladogramme VIH}}

Il existe une diversité de VIH qui ont été transmis à l'homme par différents types de singe. Le VIH-1 et le [[VIH-2]] n'ont pas la même origine géographique et n'ont quasiment aucune combinaison de nucléotides en commun. Le VIH-1 a été transmis aux humains par des singes d'[[Afrique centrale]] de l'ouest, alors que le VIH-2 a pour origine les singes d'Afrique du [[Golfe de Guinée]]. Le VIH-2 provoque un sida mais il est moins virulent que le VIH-1. L'infection au VIH-2 est compatible avec une survie à très long terme sans antirétroviraux<ref name=p18>{{Harvsp|Pépin|2019|p=18}}</ref>. Certaines souches de [[VIH-2]] sont impossibles à distinguer des souches VIS retrouvées chez les [[Cercocebus atys|singes verts mangabeys]] et il existe une superposition parfaite des zones d'épidémies humaines et simiennes pour le VIH-2<ref name="Le point sur l'origine du VIH et sa diffusion"> {{Lien web
 |url=https://web.archive.org/web/20061126175914/http://www.pistes.fr/transcriptases/92_1309.htm
 |titre= « Le point sur l'origine du VIH et sa diffusion dans l'espèce humaine »
 |id=Le point sur l'origine du VIH et sa diffusion dans l'espèce humaine
 |auteur=François Simon
 |année=2001
 |mois=mai
 |consulté le=28 janvier 2008
}}</ref>.

Au sein des VIH-1, il existe quatre types différents : les types M, N, O et P. Ces types correspondent chacun à un épisode distinct de transmission du virus par un singe à l'homme<ref name=p91>{{Harvsp|Pépin|2019|p=91}}</ref>. Les types M et N ont été transmis à l'homme par des [[Pan troglodytes troglodytes|chimpanzés d'Afrique centrale de l'Ouest]] (''Pan troglodytes troglodytes'') au début du [[xxe siècle|XX{{e}} siècle]], probablement entre 1915 et 1941<ref name=p90>{{Harvsp|Pépin|2019|p=90}}</ref>. Dès 1990, une équipe avait suggéré que le [[VIH-1]] avait pour origine les populations de [[chimpanzé]]s, se fondant sur l'organisation identique des [[génome]]s des souches VIH-1 et des VIS retrouvées chez les chimpanzés<ref> Huet T, Cheynier R, Meyerhans A. {{et al.}} « Genetic organization of a chimpanzee lentivirus related to HIV-1 » ''Nature'' 1990, 345;356-9. {{PMID|2188136}} [http://www.nature.com/nature/journal/v345/n6273/abs/345356a0.html Nature].</ref>. Les isolats simiens de VIScpz récoltés dans le sud-est du [[Cameroun]], vers la frontière avec le [[Congo-Brazzaville]] et la [[République centrafricaine]] (entre les rivières [[Sangha (rivière)|Sangha]], [[Parc national de Boumba Bek|Boumba]] et [[Dja|Ngoko]]) sont ceux qui partagent le plus d'homologie avec les VIH-1 de type M<ref name=p69>{{Harvsp|Pépin|2019|p=69}}</ref>. Tandis que les isolats provenant du Cameroun sud-central sont les plus similaires au VIH-1 de type N<ref name=p69/>. En revanche, les VIH-1 de type O et P sont relativement rares, et dérivent du VISgor du [[Gorilla gorilla gorilla|Gorille des plaines de l'Ouest]] (''Gorilla gorilla gorilla'')<ref name=Plantier>{{cite journal | vauthors = Plantier JC, Leoz M, Dickerson JE, De Oliveira F, Cordonnier F, Lemée V, Damond F, Robertson DL, Simon F | title = A new human immunodeficiency virus derived from gorillas | journal = Nature Medicine | volume = 15 | issue = 8 | pages = 871–72 | year = 2009 | pmid = 19648927 | doi = 10.1038/nm.2016 | s2cid = 76837833 }}</ref>{{,}}<ref name=VanHeuv>{{cite journal | vauthors = Van Heuverswyn F, Li Y, Neel C, Bailes E, Keele BF, Liu W, Loul S, Butel C, Liegeois F, Bienvenue Y, Ngolle EM, Sharp PM, Shaw GM, Delaporte E, Hahn BH, Peeters M |author-link12=Paul M. Sharp | title = Human immunodeficiency viruses: SIV infection in wild gorillas | journal = Nature | volume = 444 | issue = 7116 | page = 164 | year = 2006 | pmid = 17093443 | doi = 10.1038/444164a | bibcode = 2006Natur.444..164V |s2cid=27475571 }}</ref>. Les VIH-1 sont tous originaires du sud du Cameroun<ref name=p316>{{Harvsp|Pépin|2019|p=316}}</ref>. 

Depuis le début de la pandémie, 99% des infections au VIH sont une infection au VIH-1 de type M<ref name=p34>{{Harvsp|Pépin|2019|p=34}}</ref>. Le « patient zéro » du VIH-1 type M à partir duquel la pandémie de VIH s'est déclenchée était certainement Camerounais ou un [[Colon (personne)|colon]]. Ce patient zéro a disséminé le virus dans un autre pays, le [[Congo belge]], actuelle [[République démocratique du Congo]]<ref name=p69>{{Harvsp|Pépin|2019|p=69}}</ref>.

{| class="wikitable sortable"
|+<big>Homologie entre les VIH-1 et les VIS</big>
!
! Type M, sous-type C <ref > {{article|langue=en|prénom1=F.R.|nom1=  Simonetti|titre= Antigen-driven clonal selection shapes the persistence of HIV-1 infected CD4+ T cells in vivo|périodique=J Clin Invest|date=2021|lire en ligne=https://www.hiv.lanl.gov/components/sequence/HIV/asearch/query_one.comp?se_id=MW262773|consulté le=2021-04-10}}.</ref>                  
! Type N<ref >{{article|langue=en|prénom1=M.A.|nom1=  Rodgers|titre= Identification of rare HIV-1 Group N, HBV AE, and HTLV-3 strains in rural South Cameroon|périodique=Virology |date=2017|lire en ligne=https://www.hiv.lanl.gov/components/sequence/HIV/asearch/query_one.comp?se_id=KY498771|consulté le=2021-04-10}}.</ref> 
! Type O<ref >{{article|langue=en|prénom1=F.|nom1=  Liegeois|titre=HIV type-1 group O infection in Gabon: low prevalence rate but circulation of genetically diverse and drug-resistant HIV type-1 group O strains|périodique=AIDS Res. Hum. Retroviruses.|date=2013|lire en ligne=https://www.hiv.lanl.gov/components/sequence/HIV/asearch/query_one.comp?se_id=JX245015|consulté le=2021-04-10}}.</ref>
! Type P<ref > {{article|langue=en|prénom1=JC|nom1=  Plantier|titre= A new human immunodeficiency virus derived from gorillas|périodique=Nat. Med.|date=2009|lire en ligne=https://www.hiv.lanl.gov/components/sequence/HIV/asearch/query_one.comp?se_id=GU111555|consulté le=2021-04-10}}.</ref>
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''[[Pan troglodytes troglodytes|Chimpanzés d'Afrique centrale de l'Ouest]]'''
| style="text-align: center;" | 	
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| style="text-align: center;" | 	
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|-	
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|-	
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|-	
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|style="text-align: center;" |  	51%
|-	
|style="text-align: center;" |  	DQ373063 - Cameroun 2005 
| style="text-align: center;" | 	73%
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|-	
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|style="text-align: center;" |  	65%
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|-	
|style="text-align: center;" |  	GQ217539 - Gabon 2006
| style="text-align: center;" | 	15%
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|-	
|style="text-align: center;" |  	'''[[:en:Pan troglodytes schweinfurthii|Chimpanzés d'Afrique de l'Est]]'''
| style="text-align: center;" | 	
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| style="text-align: center;" | 	
|-	
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|-	
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|-	
|style="text-align: center;" |  	JN091690 - Tanzanie 2009 
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|style="text-align: center;" |  	'''[[Gorilla gorilla gorilla|Gorille des plaines de l'Ouest]]'''
| style="text-align: center;" | 	
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|-	
|style="text-align: center;" |  	FJ424863 - Camaroun - 2007 
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|-	
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|-	
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| style="text-align: center;" | 	31%
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|style="text-align: center;" |  	82%
|}

=== 1920-1950 : Passage du singe à l'homme ===
==== Théorie dite du « chasseur » ====
La théorie dite du « chasseur de [[viande de brousse]] », a été initialement avancée par Béatrice Hahn, Paul Sharp et Bette Korber et reprise par Stanley Plotkin, [[Hilary Koprowski]] ainsi que par Paul Osterrieth. Elle suppose la contamination d'un chasseur par le virus simien : cela a pu se produire à la suite d'une morsure par un animal, ou par une écorchure à l'occasion du dépeçage d'un animal infecté par un Camerounais ou un [[Colon (personne)|colon]].

À partir de la colonisation, les singes sont souvent capturés pour servir de cobaye, de gibier ou d'animal de compagnie. Des expositions à du sang contaminé, lors de morsures ou par blessures lors du dépeçage des animaux, peuvent expliquer comment ces virus ont infecté l'homme<ref name="Le point sur l'origine du VIH et sa diffusion"/>. La consommation de viande insuffisamment cuite aurait pu être également une voie de contamination. Cela se serait produit probablement entre 1915 et 1941<ref>Patrick Berche op.cit. {{p.|147}}</ref>. La personne infectée par un chimpanzé du Cameroun serait arrivée ensuite à [[Kinshasa|Léopoldville]] (actuelle [[Kinshasa]]), où le virus s'est répandu.

Les adversaires de l'hypothèse d'une transmission accidentelle du singe à l'homme au cours d'une chasse font valoir que le singe, porteur du VIS depuis plusieurs milliers d'années, est depuis toujours chassé en Afrique. Les [[pygmée]]s — grands chasseurs — ne sont quasiment pas infectés par le VIH. Les cas constatés chez les pygmées seraient à mettre sur le compte de rapports sexuels avec les peuples [[bantou]]s voisins<ref name=p98>{{Harvsp|Pépin|2019|p=98}}</ref>.

==== Théorie du vaccin anti-polio ====
[[Fichier:Pan (genus) distribution map.png|vignette|redresse=1.4|Répartition géographique du [[genre (biologie)|genre]] ''Pan'' :
{{Légende/Début}}
{{Légende|#FFFF00|''Pan troglodytes verus'' (chimpanzé commun)}}
{{Légende|#3CB371|''Pan troglodytes ellioti'' (chimpanzé commun)}}
{{Légende|#800080|''Pan troglodytes troglodytes'' (chimpanzé commun)}}
{{Légende|#4169E1|''Pan troglodytes schweinfurthii'' (chimpanzé commun)}}
{{Légende|#FF0000|''Pan paniscus'' (bonobo)}}
{{Légende/Fin}}]]

Dès [[1990]], un journaliste britannique [[Edward Hooper]] mène un long travail d'investigation pour démontrer que le passage du VIS à l'homme aurait eu lieu à l'occasion d'une trentaine de campagnes de vaccination anti-[[Poliomyélite|polio]] pratiquées dans le [[Congo belge]] ainsi qu'au [[Rwanda]]-[[Burundi]] entre 1957 et 1960. Il est soutenu dans son enquête par [[William Donald Hamilton]], un biologiste reconnu. L’enquête d’Edward Hooper est publiée en 1999 sous le titre ''The River : a journey to the source of HIV and AIDS''.

Hooper s'appuie sur une coïncidence temporelle et géographique liant les premiers cas de sida avec les campagnes de vaccination avec un vaccin polio oral (OPV) expérimental « {{pc|Chat}} »<ref> La controverse a également pu prendre appui sur cet acronyme, Louis Pascal spéculant que « CHAT » signifierait « '''''CH'''impanzée '''AT'''tenuated'' », ce que démentit formellement Koprowski</ref> qui fut administré à environ un million d'Africains. Hooper suggère que 64 % des cas de sida observés en Afrique avant 1981 et 87 % des échantillons testés HIV-1 positifs avant 1981 viennent des villes et des villages mêmes où ce vaccin aurait été utilisé vingt ans plus tôt.

Selon Hooper, pour produire ces vaccins à [[Virus atténué|virus vivants atténués]], le virus de la polio aurait été cultivé sur des reins de chimpanzés potentiellement porteurs du VIS, et non sur des reins de singes asiatiques, comme l'assure [[Hilary Koprowski]], le scientifique à l'origine du vaccin anti-polio. Hooper a mis en évidence l'existence, près des laboratoires de [[Stanleyville]] (aujourd'hui Kisangani), dans le camp de Lindi, d'une ménagerie ayant accueilli entre 1957 et 1960 près de six cents chimpanzés et ce, dans des conditions favorisant l'éventuelle contamination des singes entre eux. Toutefois, comme le note Jacques Pépin, les chimpanzés capturés étaient ceux se trouvant à proximité de Stanleyville. Il s’agissait de [[bonobo]]s et de [[:en:Pan troglodytes schweinfurthii|chimpanzés d'Afrique de l'Est]] (''Pan troglodytes schweinfurthii'') et non de [[Pan troglodytes troglodytes|chimpanzés d'Afrique centrale de l'Ouest]] (''Pan troglodytes troglodytes''). Or jusqu’à preuve du contraire, le VIH-1 de type M à l'origine de la pandémie est issu uniquement du VIS du chimpanzé ''Pan troglodytes troglodytes''<ref name=p112>{{Harvsp|Pépin|2019|p=112}}</ref>.

=== 1950-1980 : Dissémination du VIH ===
==== Léopoldville comme épicentre ====
Dans les années 1940 à 1960, la capitale du  [[Congo belge]], Léopoldville (l'actuelle [[Kinshasa]]) a été l’épicentre de la pandémie de VIH<ref name=p32/>. ZR59, l'isolat de VIH le plus ancien actuellement connu, a été extrait d'une prise de sang effectuée en 1959 sur un Africain à [[Kinshasa|Léopoldville]]<ref name="epidemio_ens_lyon">
{{Lien web
 |url=http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/virologie/retroviridae/XML/db/bio/viro/metadata/LOM_V05_2B1_HIV_Epidemio.b.xml
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 |titre=Épidémiologie des virus de l'immunodéficience humaine (HIV)
 |id=Épidémiologie des virus de l'immunodéficience humaine (HIV)
 |auteur=Élie Tolédano, Nicolas Vabret, Patrice Gouet et Antoine Corbin
 |éditeur=Département de biologie de l'[[École normale supérieure de Lyon]]
 |consulté le=2 octobre 2008
}}</ref>. Cet échantillon a été séquencé en 1985<ref name=p32>{{Harvsp|Pépin|2019|p=32}}</ref>. ZR59 appartient au sous-type D<ref name=berg> {{article|langue=en|prénom1=MG |nom1=  Berg|titre= A high prevalence of potential HIV elite controllers identified over 30 years in Democratic Republic of Congo|périodique=EBio Medicine|date=2021|lire en ligne=https://www.thelancet.com/journals/ebiom/article/PIIS2352-3964(21)00051-7/fulltext|consulté le=2021-04-10}}.</ref>. Le second isolat le plus ancien de VIH, DRC60, a aussi pour origine Léopoldville. Cet isolat provient d’une [[biopsie]] réalisée sur un [[ganglion lymphatique]] en 1960 sur une Africaine. DRC60 appartient au sous-type A<ref name=berg/>. En termes d’homologie de nucléotides, ZR59 et DRC60 sont identiques à 88%. Ils auraient partagé un ancêtre commun aux environs de 1920<ref name=p32/>. 

Léopoldville fait face à [[Brazzaville]] sur le fleuve Congo. Les deux capitales congolaises auraient ainsi compté les premières centaines ou milliers de séropositifs au VIH dans le monde<ref name=p44>{{Harvsp|Pépin|2019|p=44}}</ref>. A ce titre, il a été suggéré en 2011 que la ''cachexie du Mayombé'' décrite par le chirurgien et paléontologue français [[Léon Pales]] à [[Brazzaville]] entre 1931 et 1933 pourrait être les premières observations de sida. Cette cachexie qui s'accompagnait souvent d'une infection pneumococcique frappait les ouvriers en charge de la construction du [[chemin de fer Congo-Océan]]. Entre 15 000 et 23 000 ouvriers décédèrent lors du chantier<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jacques Pepin|titre=The Origins of AIDS|lieu=Cambridge, UK|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2011|pages totales=310|passage=31-42|isbn=978-0-521-18637-7|numéro chapitre=3|titre chapitre=The timing}}.</ref>.  Ces ouvriers étaient le plus souvent sous-payés, affamés et surchargés de travail<ref name=p82>{{Harvsp|Pépin|2019|p=82}}</ref>. Pour être validée cette hypothèse, nécessiterait d'exhumer une des victimes de cette cachexie, et de faire des analyses biologiques pour détecter la présence de VIH<ref name=p88>{{Harvsp|Pépin|2019|p=88}}</ref>.

Le VIH-1 a évolué durant des décennies à bas bruit à Léopoldville/Kinshasa et à [[Brazzaville]]. Pour cette raison ces deux villes ont la plus riche diversité génétique de sous-types de VIH-1 au monde<ref name=p44/>. Bien que Kinshasa ait été le berceau de la pandémie du sida, la prévalence du VIH n'a jamais été très élevée au sein de la population. A partir de prélèvements sanguins faits auprès de mères de famille du district de Lemba au cœur de Kinshasa, il a été suggéré que la prévalence du VIH-1 était de 0,25% en 1970 puis de 3% en 1980<ref name=p26>{{Harvsp|Pépin|2019|p=26}}</ref>. Dans la dernière [[Enquêtes démographiques et de santé|enquête démographique et de santé]] de 2014, la prévalence du VIH à Kinshasa était de 2,6% chez les femmes et de 0,3% chez les hommes<ref>« Prévalence du VIH selon certaines caractéristiques socio-économiques », ''Deuxième enquête démographique et de santé (EDS-RDC II 2013-2014)'', National Department of Health (NDoH), Statistics South Africa (Stats SA),  MPSMRM, MSP et ICF International, 2014, {{p.|262} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/SR174/SR174.pdf]</ref>. Dans celle menée en 2005 à Brazzaville, la prévalence du VIH est de 3,5% chez les femmes et de 1,1% chez les hommes<ref>« Prévalence du VIH », ''Enquête de Séroprévalence et sur les
Indicateurs du Sida au Congo (ESISC-I) 2009'', Centre National de la Statistique et des Études Économiques, DHS, ICF Macro, 2009, {{p.|8}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR300/FR300.pdf]</ref>.

==== Iatrogénie et seringues souillées  ====
Dès les balbutiements de la recherche sur le VIH en Afrique dans les années 1980, les équipes du Projet Sida basé à Kinshasa se demandent si des injections contaminées pourraient expliquer la transmission exponentielle du VIH. La dissémination [[parentérale]] du VIH avait déjà été scientifiquement prouvée chez les utilisateurs de drogues intraveineuses dès les premières années de l'épidémie. Et il avait été suggéré que la quantité de sang qui persiste dans une seringue après une injection d'héroïne est comparable à celle qu'on peut y retrouver pour l'administration d'un médicament<ref name=p206>{{Harvsp|Pépin|2019|p=206}}</ref>.  Cette piste est néanmoins rapidement délaissée au profit de travaux sur la prostitution<ref name=p201>{{Harvsp|Pépin|2019|p=201}}</ref>. 

Il faut attendre les années 2000 pour que le rôle des [[injection intraveineuse|injections intraveineuses]] administrées lors de soins de santé soit de nouveau exploré. En 2006 au Cameroun, sur des aiguilles à usage unique utilisées sur des séropositifs, il a été détecté des traces de VIH-1 dans le tiers des seringues lors d'injections intraveineuses mais seulement dans 2% de celles qui avaient servi à des [[Injection intramusculaire|injections intramusculaires]]<ref name=p218>{{Harvsp|Pépin|2019|p=218}}</ref>. De nombreuses études s'accordent sur le fait que la réutilisation de [[seringue]]s non stérilisées, l'usage de [[pistolet injecteur|pistolets injecteurs]], à l'occasion d'actes médicaux divers (vaccinations, transfusions{{etc.}}) ont pu considérablement contribuer à accroître l'épidémie lorsqu'elles étaient utilisées en intraveineuse<ref> {{en}} P.A. Marx, P.G. Alcabes et E. Drucker « Serial human passage of simian immunodeficiency virus by unsterile injections and the emergence of epidemic human immunodeficiency virus in Africa » ''Phil Trans Roy Soc Lond B'' 2001;356:911-20.</ref>{{,}}<ref> Gisselquist {{et al.}} ''Int J STD AIDS'' 2003;14:144-7, 148-61 et 162-73.</ref>{{,}}<ref name=p19>{{Harvsp|Pépin|2019|p=19}}</ref>{{,}}<ref name=pppppavab>{{cite news|first=James|last=Gallagher|date=2 October 2014|title=Aids: Origin of pandemic 'was 1920s Kinshasa'|url=https://www.bbc.com/news/health-29442642|publisher=[[BBC]]}}</ref>{{,}}<ref name=Chitnis2000>{{cite journal | vauthors = Chitnis A, Rawls D, Moore J | title = Origin of HIV Type 1 in Colonial French Equatorial Africa? | journal = AIDS Research and Human Retroviruses | volume = 16 | issue = 1 | pages = 5–8 | year = 2000 | pmid = 10628811 | doi = 10.1089/088922200309548 | s2cid = 17783758 | url = https://semanticscholar.org/paper/3c656b424546dc7306b66fad49a70a91c391a163 }}</ref>{{,}}<ref name=Drucker2001>{{cite journal | vauthors = Drucker E, Alcabes PG, Marx PA | title = The injection century: massive unsterile injections and the emergence of human pathogens | journal = Lancet | volume = 358 | issue = 9297 | pages = 1989–92 | year = 2001 | pmid = 11747942 | doi = 10.1016/S0140-6736(01)06967-7 | s2cid = 33545603 }}</ref>{{,}}<ref name=syringe>{{cite news |author=Donald G. McNeil, Jr. |title=Precursor to H.I.V. Was in Monkeys for Millennia |url=https://www.nytimes.com/2010/09/17/health/17aids.html |quote=Dr. Marx believes that the crucial event was the introduction into Africa of millions of inexpensive, mass-produced syringes in the 1950s. ... suspect that the growth of colonial cities is to blame. Before 1910, no Central African town had more than 10,000 people. But urban migration rose, increasing sexual contacts and leading to red-light districts.|work=New York Times |date=September 16, 2010 |access-date=2010-09-17 |author-link=Donald G. McNeil, Jr }}</ref>. Selon Jacques Pépin, la réutilisation d'aiguilles en [[Injection intraveineuse|intraveineuse]] a été à l'origine de diverses épidémies d'origine [[iatrogène]], c'est-à-dire causées par des soins de santé. En Afrique ces épidémies iatrogènes concernent les épidémies au [[virus de l'hépatite C]]<ref name=p215>{{Harvsp|Pépin|2019|p=215}}</ref>, les épidémies au [[HTLV-1]]<ref name=p225>{{Harvsp|Pépin|2019|p=225}}</ref> ou encore celles au [[virus Ebola]]<ref name=p26/>. 

À ses balbutiements, le VIH s'est donc propagé de manière accidentelle dans des dispensaires ou centres de santé, à la suite d'injections intraveineuses luttant contre la [[syphilis]], le [[Pian (médecine)|pian]], la [[maladie du sommeil]], la [[lèpre]], la [[tuberculose]] ou encore le [[paludisme]]<ref name=p394>{{Harvsp|Pépin|2019|p=394}}</ref>. Au début des années 1950, plus d'un demi-million d'injections préventives avaient ainsi été administrées contre la maladie du sommeil en [[Afrique-Équatoriale française]]<ref name=p243>{{Harvsp|Pépin|2019|p=243}}</ref>. En moyenne un patient traité pour la maladie du sommeil recevait 36 injections par voie intraveineuse<ref name=p237>{{Harvsp|Pépin|2019|p=237}}</ref>. Après les campagnes de lutte contre la maladie du sommeil, les programmes de contrôle du pian et de la syphilis entrainèrent à leur tour des millions d'injections. Le pian et la syphilis sont causés par deux sous-espèces de la même bactérie. Le pian est transmis par contact direct, à la différence de la syphilis qui se transmet sexuellement<ref name=p245>{{Harvsp|Pépin|2019|p=245}}</ref>. Dans les années 1950, tout Africain souhaitant s'installer à [[Kinshasa|Léopoldville]] devait obligatoirement subir un test sérologique au dispensaire antivénérien. Or 22% d'entre eux avaient acquis une sérologie contre le pian, et étaient faussement diagnostiqués avec une syphilis<ref name=p299>{{Harvsp|Pépin|2019|p=299}}</ref>. Chaque Africain diagnostiqué recevait 24 injections intraveineuses d'[[Arsphénamine|arsenicaux]]. Le nombre annuel d'injections fluctuait autour de 100 000 par an<ref name=p300>{{Harvsp|Pépin|2019|p=300}}</ref>. Dès 1953, le D{{r}} Beheyt, interne en cardiologie à l'hôpital des Congolais de Léopoldville, alerte les autorités sur les risques de telles pratiques :
{{début citation}}Au dispensaire antivénérien de la Croix-Rouge à Léopoldville, on pratique en moyenne 300 injections par jour. Le grand nombre de malades et la petite quantité de seringues mises à disposition du personnel excluent la stérilisation des seringues à l'autoclave après chaque injection. Des seringues souillées sont simplement rincées, d'abord à l'eau, ensuite à l'alcool et à l'éther, et sont prêtes à un nouvel usage. [...] La seringue passe donc d'un malade à l'autre, tout en conservant parfois des petites quantités de sang contagieux, lesquelles quantités sont pourtant suffisantes pour transmettre la maladie [l'hépatite].<ref name=p302>{{Harvsp|Pépin|2019|p=302}}</ref>{{fin citation}} 

La réutilisation de [[Accident d'exposition au sang|seringues non stérilisées]] a grandement contribué à la propagation du VIH, d'abord à Léopoldville puis dans d'autres régions d'Afrique, comme l'[[Afrique des Grands Lacs]]. Sur des enfants [[ouganda]]is de 6 ans, sur lesquels des prélèvements sanguins avaient été réalisés en [[1972]] et [[1973]], pour servir de témoins à une étude du [[lymphome de Burkitt]], il a ainsi été détecté en 1985 la présence du VIH dans 50 des 75 échantillons<ref>{{cite journal | vauthors = Saxinger WC, Levine PH, Dean AG, de Thé G, Lange-Wantzin G, Moghissi J, Laurent F, Hoh M, Sarngadharan MG, Gallo RC | title = Evidence for exposure to HTLV-III in Uganda before 1973 | journal = [[Science (journal)|Science]] | volume = 227 | issue = 4690 | pages = 1036–38 | date = March 1985 | pmid = 2983417 | doi = 10.1126/science.2983417 | url = http://www.epiinformatics.com/ADPublications/HTLV1Antibodies.pdf | bibcode = 1985Sci...227.1036S }}</ref>. L'épidémie de VIH finit également par toucher des médecins. En [[1977]], une chirurgienne danoise, le {{Dr}} [[Grethe Rask]], décède des suites du sida, après avoir séjourné au Congo dans les [[années 1960]] et [[années 1970|1970]], et s'être contaminée en se blessant lors d'une intervention<ref name=p30>{{Harvsp|Pépin|2019|p=30}}</ref>. Des analyses sur des échantillons préservées confirment en 1987 que le {{Dr}} [[Grethe Rask]] avait bien contracté le VIH<ref name=Hooper>{{Ouvrage
|langue=en
|prénom1=Edward
|nom1=Hooper
|lien auteur1=Edward Hooper
|titre=The River : A Journey Back to the Source of HIV and AIDS
|lieu=Boston, MA
|éditeur=Little, Brown and Company
|année=1999
|pages totales=1070
|passage=95
|isbn=0-316-37261-7
}}</ref>.

En [[Guinée-Bissau]] dans le Golfe de Guinée, à la fin des années 1980, 20% des personnes âgés de plus de 40 ans étaient infectés au [[VIH-2]]. Or le VIH-2 est peu transmissible par voie sexuelle<ref name=p324>{{Harvsp|Pépin|2019|p=324}}</ref>. Les infections au VIH-2 ont été la conséquence des traitements parentéraux administrés contre la [[maladie du sommeil]], de la [[tuberculose]] et de la [[lèpre]] entre 1955 et 1970 par les [[Empire colonial portugais|autorités coloniales portugaises]]<ref name=p332>{{Harvsp|Pépin|2019|p=332}}</ref>.

==== Prostitution ====
Outre la transmission par des soins de santé, la [[prostitution]] a aussi contribué à la propagation du VIH. En [[1976]], le matelot norvégien [[Arvid Noe]], sa femme et leur fille de neuf ans meurent des suites du sida. Cette famille avait été infectée par le VIH-1 de type O, une souche assez rare et confinée essentiellement au [[Cameroun]]. Le matelot avait probablement contracté le VIH en 1961 lors d'une escale à [[Douala]]<ref name=p30/>. Arvid Noe présente les premiers signes d'un sida dès [[1966]], soit cinq ans après avoir séjourné dans des ports du Cameroun<ref name="the Earliest Known Cases of AIDS in the Pre-AIDS Era"/>. Lorsque sa fille était née en 1967, son épouse avait déjà probablement été contaminée par le VIH<ref name=p30>{{Harvsp|Pépin|2019|p=30}}</ref>.

En [[1969]], aux États-Unis, un adolescent de quinze ans, [[Robert Rayford]] meurt à l'hôpital de [[Saint-Louis (Missouri)|Saint-Louis]] (Missouri) d'une forme particulièrement violente de [[maladie de Kaposi]]. Un test VIH est effectué en [[1987]] par des chercheurs de l'[[université Tulane]] qui détectent la présence du VIH-1 dans le sang de l'adolescent, confirmant ainsi les soupçons apparus dès [[1984]]. Lors de son entretien avec les médecins, le garçon avait déclaré être né à Saint-Louis et n'avoir jamais voyagé ou reçu de [[transfusion sanguine]]. Les médecins soupçonnaient le garçon d'être un [[Prostitution|prostitué]]<ref name="the Earliest Known Cases of AIDS in the Pre-AIDS Era"> {{en}}{{Lien web
 |url=https://bodyhorrors.wordpress.com/2012/10/22/aids_in_pre_aids_era/
 |titre=The Sea Has Neither Sense Nor Pity: the Earliest Known Cases of AIDS in the Pre-AIDS Era
 |id=
 |auteur=Rebecca Kreston
 |date=26 octobre 2012
 |éditeur=
 |en ligne le=26 octobre 2012
 |consulté le=26 octobre 2012
}}</ref>.

Dans les années 1960, environ 4 500 coopérants [[haïti]]ens travaillaient en [[République démocratique du Congo]] pour former la jeunesse congolaise<ref name=p351/>. Il est possible qu'un de ces coopérants a ramené avec lui vers [[1967]] le VIH-1 dans les [[Caraïbes]]<ref name=p363>{{Harvsp|Pépin|2019|p=363}}</ref>. L'infection de cet Haïtien a pu se faire lors d'un soin de santé ou lors d'une relation sexuelle<ref name=p351>{{Harvsp|Pépin|2019|p=351}}</ref>. Haïti est alors un haut lieu du tourisme sexuel pour les homosexuels américains. Un homosexuel new-yorkais pourrait avoir été infecté dès [[1971]] en Haïti, l'aurait transmis ensuite à la communauté gay de [[New York]], avant que le VIH n'atteigne [[San Francisco]] vers [[1976]]<ref name=p363/>.

==== Commerce du plasma ====
A partir de la fin des années 1960, avant que les [[virus de l'hépatite C]] et du VIH ne soient découverts, la demande en produits dérivés de [[plasma sanguin]] est en plein essor. Les donneurs sont rémunérés<ref name=p367>{{Harvsp|Pépin|2019|p=367}}</ref>. Durant la décennie 1970, environ 20% du plasma consommé aux Etats-Unis provenait du [[tiers-monde]]<ref name=p384>{{Harvsp|Pépin|2019|p=384}}</ref>. Le plasma était acheté et revendu par des courtiers à l’[[Occident]]. Ainsi à [[Port-au-Prince]] en Haïti, un grand centre de plasmaphérèse dénommé Hemo-Caribbean fonctionna de mai 1971 à novembre 1972. Hemo-Caribbean exportait chaque mois jusqu’à 6 000 litres de plasma vers les [[Etats-Unis]], la [[Suisse]] et l’[[Allemagne]]. Les installations de ce centre pouvaient accueillir jusqu’à 850 donneurs par jour<ref name=p372>{{Harvsp|Pépin|2019|p=372}}</ref>. Il est estimé qu’environ 6 000 Haïtiens auraient vendu leur plasma à travers Hemo-Caribbean<ref name=p373>{{Harvsp|Pépin|2019|p=373}}</ref>. Il est possible que certaines des poches de sang aient été contaminées par le VIH ou d’autres virus<ref name=p380>{{Harvsp|Pépin|2019|p=380}}</ref>.

En [[1977]] et [[1978]], les centres de plasmaphérèse commencent à prendre conscience des risques infectieux de telles opérations : en [[Autriche]], Allemagne et [[Pologne]] des poches de plasma se révèlent contaminées avec le virus de l’hépatite C<ref name=p368>{{Harvsp|Pépin|2019|p=368}}</ref>. Même après la découverte du VIH, des fabricants de concentrés pour les [[hémophile]]s, comme les [[Laboratoires Cutter]] filiale de [[Bayer (entreprise)|Bayer]], exportait vers l’[[Asie]] et l’[[Amérique latine]] des lots qu’ils savaient être possiblement contaminés par le VIH, et ce jusqu’au milieu de [[1985]]<ref name=p387>{{Harvsp|Pépin|2019|p=387}}</ref>.

=== 1980-2020 : Pandémie de VIH ===
==== 1981 : Début officiel de l'épidémie ====
L’épidémie de sida a officiellement commencé  le {{date|5|juin|1981}} lorsque le [[Centers for Disease Control and Prevention|CDC]], l’organisme fédéral de santé publique aux Etats-Unis, décrit dans sa revue ''{{Lang|en|Morbidity and Mortality Weekly Report}}'' une recrudescence de cas de [[pneumocystose]] dans une communauté d'[[Homosexualité|homosexuels]] à [[Los Angeles]]<ref> {{Lien web
 |url=https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/june_5.htm
 |titre=Pneumocystis Pneumonia --- Los Angeles
 |id=Pneumocystis Pneumonia --- Los Angeles
 |date=5 juin 1981
 |éditeur=[[Centers for Disease Control and Prevention]]
 |consulté le=29 juillet 2008
}}</ref>. Dans les mois qui suivent, de plus en plus de cas sont recensés dans plusieurs villes du pays. Ces patients sont dans un état d'[[immunodépression]]<ref> {{en}}{{Lien web
 |url=https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00001096.htm
 |titre=Epidemiologic Notes and Reports Persistent, Generalized Lymphadenopathy among Homosexual Males
 |id=Epidemiologic Notes and Reports Persistent, Generalized Lymphadenopathy among Homosexual Males
 |date=21 mai 1982
 |éditeur=[[Centers for Disease Control and Prevention]]
 |consulté le=29 juillet 2008
}}</ref>. Du fait que ces patients ont de multiples partenaires sexuels, il est suggéré en juin [[1982]] qu'un agent infectieux transmis sexuellement pourrait être la cause de leur immunodépression<ref> {{en}}
{{Lien web
 |url=https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00001114.htm
 |titre=A Cluster of Kaposi's Sarcoma and Pneumocystis carinii Pneumonia among Homosexual Male Residents of Los Angeles and range Counties, California
 |id=A Cluster of Kaposi's Sarcoma and Pneumocystis carinii Pneumonia among Homosexual Male Residents of Los Angeles and range Counties, California
 |date=18 juin 1982
 |éditeur=[[Centers for Disease Control and Prevention]]
 |consulté le=29 juillet 2008
}}</ref>. Le syndrome est alors appelé par certains le ''{{Lang|en|gay-related immunodeficiency disease}}'' (GRID)<ref>{{en}}
{{Lien web
 |url=http://www.aegis.org/news/nyt/1982/NYT820610.html
 |titre=Clue Found on Homosexuals' Precancer Syndrome
 |id=Clue Found on Homosexuals' Precancer Syndrome
 |auteur=Lawrence K. Altman
 |date=18 juin 1982
 |éditeur=[[The New York Times]]
 |consulté le=30 juillet 2008
}}</ref>.

Les autorités sanitaires identifient d'autres communautés atteintes de sida : les [[Hémophilie|hémophiles]]<ref>{{en}}
{{Lien web
 |url=https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00001126.htm
 |titre=Epidemiologic Notes and Reports Pneumocystis carinii Pneumonia among Persons with Hemophilia A
 |id=Epidemiologic Notes and Reports Pneumocystis carinii Pneumonia among Persons with Hemophilia A
 |date=16 juillet 1982
 |éditeur=[[Centers for Disease Control and Prevention]]
 |consulté le=30 juillet 2008
}}</ref>, les [[Héroïne|héroïnomanes]], ou encore des immigrants [[haïti]]ens<ref>{{en}}
{{Lien web
 |url=https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00001123.htm
 |titre=Opportunistic Infections and Kaposi's Sarcoma among Haitians in the United States
 |id=Opportunistic Infections and Kaposi's Sarcoma among Haitians in the United States
 |date=9 juin 1982
 |éditeur=[[Centers for Disease Control and Prevention]]
 |consulté le=30 juillet 2008
}}</ref>.
Ce qui conduit certains chercheurs à appeler cette maladie les « 4H »<ref>{{cite journal | title = Opportunistic infections and Kaposi's sarcoma among Haitians in the United States | journal = MMWR Morb. Mortal. Wkly. Rep. | volume = 31 | issue = 26 | pages = 353–54, 360–61 | date = July 1982 | pmid = 6811853 | url = https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00001123.htm | author1 = Centers for Disease Control (CDC). }}</ref>{{,}}<ref name="pmid16873641">{{cite journal | vauthors = Cohen J | title = HIV/AIDS: Latin America & Caribbean. HAITI: making headway under hellacious circumstances | journal = Science | volume = 313 | issue = 5786 | pages = 470–73 | year = 2006 | pmid = 16873641 | doi = 10.1126/science.313.5786.470b | doi-access = free }}</ref>. En 1982, les modes de transmission de cette nouvelle épidémie ne sont pas encore connues. L’hystérie collective va rapidement stigmatiser les individus susceptibles d'être un « 4H »<ref>{{Harvsp|Pépin|2019|p=354}}</ref>. En vue d'abandonner des dénominations erronées, le CDC créée en juillet 1982 le terme ''{{Lang|en|Acquired immune deficiency syndrome}}'' (AIDS)<ref>{{en}}
{{Lien web
 |url=http://www.time.com/time/80days/820727.html
 |titre=July 27, 1982 - A Name for the plague
 |id=July 27, 1982 - A Name for the plague
 |auteur=Unmesh Kher
 |éditeur=[[Time (magazine)|Time]]
 |consulté le=30 juillet 2008
}}</ref>, traduit en [[français]] en [[syndrome d'immunodéficience acquise]] (sida).

En mai [[1983]], le [[rétrovirus]] responsable du sida est officiellement identifié par [[Luc Montagnier]] et [[Françoise Barré-Sinoussi]] de l'[[Institut Pasteur]], qui le baptisent ''Lymphadenopathy Associated Virus'' (LAV)<ref name=Barre>{{cite journal | vauthors = Barré-Sinoussi F, Chermann JC, Rey F, Nugeyre MT, Chamaret S, Gruest J, Dauguet C, Axler-Blin C, Vézinet-Brun F, Rouzioux C, Rozenbaum W, Montagnier L | title = Isolation of a T-lymphotropic retrovirus from a patient at risk for acquired immune deficiency syndrome (AIDS) | journal = Science | volume = 220 | issue = 4599 | pages = 868–71 | year = 1983 | pmid = 6189183 | doi = 10.1126/science.6189183 | bibcode = 1983Sci...220..868B | s2cid = 390173 | url = https://semanticscholar.org/paper/7872732fd9c2e2bc5102408b477a8fd7adbe633f }}</ref>. En mai [[1984]], l’équipe américaine dirigée par [[Robert Gallo]] confirme l’identification de ce rétrovirus et le rebaptise [[virus T-lymphotrope humain]] de type III (HTLV-III)<ref name=Popovic>{{cite journal | vauthors = Popovic M, Sarngadharan MG, Read E, Gallo RC | title = Detection, isolation, and continuous production of cytopathic retroviruses (HTLV-III) from patients with AIDS and pre-AIDS | journal = Science | volume = 224 | issue = 4648 | pages = 497–500 | year = 1984 | pmid = 6200935 | doi = 10.1126/science.6200935 | bibcode = 1984Sci...224..497P }}</ref>. Il faut attendre mai [[1986]] pour que son nom définitif soit trouvé et qu'il soit communément appelé [[virus de l'immunodéficience humaine]] (VIH)<ref>{{cite journal | vauthors = Coffin J, Haase A, Levy JA, Montagnier L, Oroszlan S, Teich N, Temin H, Toyoshima K, Varmus H, Vogt P | title = What to call the AIDS virus? | journal = Nature | volume = 321 | issue = 6065 | page = 10 | year = 1986 | pmid = 3010128 | doi = 10.1038/321010a0 | bibcode = 1986Natur.321...10. | doi-access = free }}</ref>.

==== Épidémiologie du VIH ====
{{Article détaillé|Épidémiologie du sida}}
Des premiers cas de VIH à [[Kinshasa]] jusqu'à 1980, entre 100 000 et 300 000 personnes dans le monde entier ont été infectés au VIH<ref name=avert>{{Article|langue=en|prénom1=|nom1=|titre=History of HIV & AIDS overview|périodique=Avert|date=2020|lire en ligne=https://www.avert.org/professionals/history-hiv-aids/overview|consulté le=2021-04-16}}.</ref>. Dans les années 1980, les infections au VIH croissent de manière exponentielle. En 1990, d'après des estimations de l'OMS, un peu moins de 8 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH : 75% des séropositifs étaient Africains, 15% étaient Nord-Américains ou Latino-Américains, 5% étaient Asiatiques et 4% étaient Européens<ref>{{Article|langue=en|prénom1=|nom1=|titre=Number of people (all ages) living with HIV, Estimates by WHO region|périodique=WHO/OMS|date=2020|lire en ligne=https://apps.who.int/gho/data/node.main.620?lang=en|consulté le=2021-04-16}}.</ref>. Sur les 32 millions de morts du sida entre 1990 et 2020, un peu plus de 23 millions étaient des Africaines et des Africains hétérosexuels (72%).

{| class="wikitable sortable"
|+<big>Décès liés à un sida dans le monde depuis 1990</big><ref>{{Article|langue=en|prénom1=|nom1=|titre=Number of deaths due to HIV/AIDS, Estimates by WHO region|périodique=WHO/OMS|date=2020|lire en ligne=https://apps.who.int/gho/data/node.main.623?lang=en|consulté le=2021-04-16}}.</ref>
!
! 1990-1999
! 2000-2009
! 2010-2019
! Total cumulé des décès
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Monde'''
| style="text-align: center;" | 	 7 710 000   
|style="text-align: center;" |  	 15 300 000   
| style="text-align: center;" | 	 8 810 000   
| style="text-align: center;" | 	 31 820 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Afrique subsaharienne'''
| style="text-align: center;" | 	 5 840 000   
|style="text-align: center;" |  	 11 590 000   
| style="text-align: center;" | 	 5 830 000   
| style="text-align: center;" | 	 23 260 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Afrique du Nord et Moyen-Orient'''
| style="text-align: center;" | 	 15 000   
|style="text-align: center;" |  	 67 000   
| style="text-align: center;" | 	 128 000   
| style="text-align: center;" | 	 210 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Amérique du Nord et du Sud'''
| style="text-align: center;" | 	 816 000   
|style="text-align: center;" |  	 751 000   
| style="text-align: center;" | 	 559 000   
| style="text-align: center;" | 	 2 126 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Europe et ex-URSS'''
| style="text-align: center;" | 	 200 000   
|style="text-align: center;" |  	 294 000   
| style="text-align: center;" | 	 374 000   
| style="text-align: center;" | 	 868 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Asie-Pacifique'''
| style="text-align: center;" | 	 127 000   
|style="text-align: center;" |  	 576 000   
| style="text-align: center;" | 	 514 000   
| style="text-align: center;" | 	 1 217 000   
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Indo-Asie / Asie du Sud-Est'''
| style="text-align: center;" | 	 642 000   
|style="text-align: center;" |  	 2 030 000   
| style="text-align: center;" | 	 1 400 000   
| style="text-align: center;" | 	 4 072 000   
|}

En [[Europe]] à la fin des années 1990, les infections au VIH sont liées à 40% à des [[Comportement sexuel à risque|rapports non protégés]] homosexuels, à 40% à des héroïnomanes, et à 10% à des relations non protégées de type hétérosexuel<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=|nom1=|titre=Surveillance du VIH/Sida en Europe, rapport du 2ème semestre 2000|périodique=Centre Européen pour la Surveillance Épidémiologique du Sida|date=2000|lire en ligne=https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-sexuellement-transmissibles/vih-sida/documents/rapport-synthese/hiv-aids-surveillance-in-europe-end-year-report-2000-surveillance-du-vih-sida-en-europe-rapport-du-2eme-semestre-2000|consulté le=2021-04-16}}.</ref>. Selon toute vraisemblance, dans le monde depuis le début de la pandémie :
* 3 millions d'homosexuels sont morts du sida. La prévalence du VIH dans la communauté gay française est en 2017 d'environ 15%<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=|nom1=|titre=VIH : une situation «extrêmement préoccupante» chez les jeunes homosexuels français|périodique=Libération|date=2017|lire en ligne=https://www.liberation.fr/france/2017/07/18/vih-une-situation-extremement-preoccupante-chez-les-jeunes-homosexuels-francais_1584683/|consulté le=2021-04-16}}.</ref>. La prévalence du VIH dans la communauté gay américaine est sensiblement la même<ref name="Campaign">{{lien web|url=http://www.hrc.org/resources/hrc-issue-brief-hiv-aids-and-the-lgbt-community|titre=HIV and the LGBT Community {{!}} Human Rights Campaign|nom=Campaign|prénom=Human Rights|website=Human Rights Campaign|consulté le=16 avril 2021}}</ref>.
* 3 millions d'héroïnomanes sont morts du sida. A New York où le virus est présent depuis 1971, plus de la moitié des héroïnomanes avaient déjà été infectés en 1982. A [[Edimbourg]] en Ecosse, à [[Bari]] dans le sud de l'Italie ou encore à [[Bangkok]] en [[Thaïlande]], la prévalence du VIH chez ces toxicomanes dépassait 50% au milieu des années 1980<ref name=p206>{{Harvsp|Pépin|2019|p=206}}</ref>. A la fin des années 2000, à travers le monde, sur les 16 millions de personnes qui utilisaient des drogues intraveineuses, il était estimé qu’au moins 3 millions étaient infectés par le VIH<ref name=p207>{{Harvsp|Pépin|2019|p=207}}</ref>.

==== Une pandémie et des variants ====
Depuis le début de l’épidémie, 99% des infections au VIH sont une infection au VIH-1 de type M, lui-même subdivisé en onze sous-types : A, B, C, D, F, G, H, J, K, L et U<ref name=p34>{{Harvsp|Pépin|2019|p=34}}</ref>. Lorsqu'un individu a été infecté par deux sous-types différents, des recombinaisons peuvent se produire. Les recombinants de VIH-1 qui se sont répandus sont les : AD, AE, AG, BC et BF.

La moitié des séropositifs vivant en Afrique subsaharienne ont été infectés par le sous-type C. Le sous-type C est apparu en [[Afrique australe]], de manière tardive dans les [[années 1980]]. Les patients contaminés par le sous-type C meurent plus rapidement. Avec le sous-type C, il est observé un haut degré de [[virémie]] et l’excrétion du virus dans le tractus génital des femmes atteintes est plus élevée<ref name=p36>{{Harvsp|Pépin|2019|p=36}}</ref>. Avant que le sous-type C n'apparaisse, les Africains étaient surtout infectés par les sous-types A et D. Ces deux souches qui représentent encore 30% des infections au VIH en Afrique, sont celles qui se sont propagées dans l'[[Afrique des Grands Lacs]] ([[Ouganda]], [[Rwanda]]) dans les années 1970 et au début des années 1980<ref name=p41>{{Harvsp|Pépin|2019|p=41}}</ref>.

Alors que le sous-type B est quasi-inexistant dans les populations séropositives hétérosexuelles africaines<ref name=p36/>, cette souche est la seule qui circule aux Etats-Unis. Le sous-type B aurait été ramené du Congo par un Haïtien dans les années 1960. Elle s’est ensuite propagée en [[Amérique du Nord]] puis s'est exportée en [[Europe]] et en [[Amérique latine]], parmi les homosexuels. Le sous-type B est aussi celui qui a infecté 96% des homosexuels séropositifs blancs d’[[Afrique du Sud]]<ref name=p39/>.

En ex-URSS, les infections sont surtout liées au sous-type A qui s'est disséminé à travers les seringues contaminées des toxicomanes plutôt que par des relations homosexuelles<ref name=p39>{{Harvsp|Pépin|2019|p=39}}</ref>.

{| class="wikitable sortable"
|+<big>Variants du VIH-1 par aire géographique</big><ref>{{article|langue=en|prénom1=|nom1=|titre=Distribution of all HIV-1 sequences: WORLD|périodique=Database of the Los Alamos National Laboratory|date=2015|lire en ligne=https://www.hiv.lanl.gov/components/sequence/HIV/geo/geo.comp|consulté le=2021-04-14}}.</ref>
! Sous-type de HIV-1 type M
! Monde
! Afrique subsaharienne
! Afrique du Nord et Moyen-Orient
! Amérique du Nord
! Amérique latine et Caraïbes
! Europe de l'Ouest
! Ex-URSS
! Indo-Asie et Asie-Pacifique
! Océanie
! Séropositifs (est.)
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''A'''
| style="text-align: center;" | 	16,7%
| style="text-align: center;" | 	19%
|style="text-align: center;" |  	10,3%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	3,7%
| style="text-align: center;" | 	79,8%
| style="text-align: center;" | 	1,1%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	6 225 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''B'''
| style="text-align: center;" | 	14,7%
| style="text-align: center;" | 	
|style="text-align: center;" |  	40,1%
| style="text-align: center;" | 	97,7%
| style="text-align: center;" | 	68,4%
| style="text-align: center;" | 	76,5%
| style="text-align: center;" | 	5,7%
| style="text-align: center;" | 	30,1%
| style="text-align: center;" | 	82,5%
| style="text-align: center;" | 	5 500 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''C'''
| style="text-align: center;" | 	36,7%
| style="text-align: center;" | 	50,1%
|style="text-align: center;" |  	15%
| style="text-align: center;" | 	1%
| style="text-align: center;" | 	8,5%
| style="text-align: center;" | 	4,7%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	15,1%
| style="text-align: center;" | 	6,5%
| style="text-align: center;" | 	13 700 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''D'''
| style="text-align: center;" | 	7,5%
| style="text-align: center;" | 	11,1%
|style="text-align: center;" |  	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	0,8%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	2 780 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''F'''
| style="text-align: center;" | 	0,6%
| style="text-align: center;" | 	
|style="text-align: center;" |  	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	8%
| style="text-align: center;" | 	1,8%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	215 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''G'''
| style="text-align: center;" | 	1,4%
| style="text-align: center;" | 	1,8%
|style="text-align: center;" |  	1,1%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	2,3%
| style="text-align: center;" | 	2,6%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	515 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''AD'''
| style="text-align: center;" | 	1,2%
| style="text-align: center;" | 	1,5%
|style="text-align: center;" |  	24,3%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	435 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''AE'''
| style="text-align: center;" | 	5,7%
| style="text-align: center;" | 	
|style="text-align: center;" |  	2,2%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	1,7%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	36%
| style="text-align: center;" | 	7,7%
| style="text-align: center;" | 	2 115 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''AG'''
| style="text-align: center;" | 	5,3%
| style="text-align: center;" | 	7,3%
|style="text-align: center;" |  	1%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	3,1%
| style="text-align: center;" | 	3,3%
| style="text-align: center;" | 	1%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	1 965 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''BC'''
| style="text-align: center;" | 	2%
| style="text-align: center;" | 	
|style="text-align: center;" |  	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	13%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	755 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''BF'''
| style="text-align: center;" | 	0,8%
| style="text-align: center;" | 	
|style="text-align: center;" |  	2,3%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	12,1%
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	
| style="text-align: center;" | 	310 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Autres'''
| style="text-align: center;" | 	7,5%
| style="text-align: center;" | 	9,2%
|style="text-align: center;" |  	3,7%
| style="text-align: center;" | 	1,3%
| style="text-align: center;" | 	3%
| style="text-align: center;" | 	5,4%
| style="text-align: center;" | 	8,6%
| style="text-align: center;" | 	3,7%
| style="text-align: center;" | 	3,3%
| style="text-align: center;" | 	2 800 000
|-	
|style="text-align: center;" |  	'''Séropositifs en 2020 (est.)'''<ref name=ONUSIDAstats>{{article|langue=en|prénom1=|nom1=|titre=Fiche d'information 2020 — Dernières statistiques sur l'état de l'épidémie de sida|périodique=ONUSIDA|date=2021|lire en ligne=https://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet|consulté le=2021-04-11}}.</ref>
| style="text-align: center;" | 	100%
| style="text-align: center;" | 	25 000 000
|style="text-align: center;" |  	240 000
| style="text-align: center;" | 	1 200 000
| style="text-align: center;" | 	2 500 000
| style="text-align: center;" | 	800 000
| style="text-align: center;" | 	1 700 000
| style="text-align: center;" | 	5 800 000
| style="text-align: center;" | 	70 000
| style="text-align: center;" | 	'''38 000 000'''
|-	
|}

==== Scandales liés au VIH ====
Outre l'[[affaire du sang contaminé]] en [[France]] qui concerne des hémophiles infectés par le VIH en [[1984]] et [[1985]] par des lots contaminés de plasma, de nombreux pays ont connu des scandales sanitaires en lien avec le VIH. L’épidémie de VIH au sein de la communauté gay aux Etats-Unis pourrait avoir été amplifiée par le commerce du [[plasma sanguin]]. A partir de juillet [[1981]], quelques semaines après la première description par la communauté scientifique de cas de sida, le magasine gay ''[[The Advocate]]'' basé à [[Los Angeles]] publie de nombreuses publicités offrant 50 dollars par plasmaphérèse. Sur présentation de la publicité, ces centres accueillaient les donneurs à [[San Francisco]], Los Angeles ou [[New York]]. La société Alpha Plasma Centers exploitait ainsi 26 centres. Des homosexuels pourraient avoir été contaminés dans ces centres, et auraient transmis ensuite le VIH à leurs partenaires sexuels<ref name=p369>{{Harvsp|Pépin|2019|p=369}}</ref>.

En [[1986]], au [[Mexique]], une épidémie de VIH se produit dans un quartier pauvre de la capitale parmi des donneurs rémunérés de plasma. La réutilisation du matériel de prélèvement semble être la cause. En 1987, au moment où le gouvernement mexicain prohibe ce négoce, 7% des 9 100 donneurs rémunérés avaient été infectés par le VIH. Des épidémies similaires furent rapportées à [[Valence (Espagne)|Valence]] en [[Espagne]], et à [[Pune]] en [[Inde]]. En novembre 1987, à Pune, 78% des donneurs avaient été infectés au VIH<ref name=p369/>.

En décembre [[1990]], en [[Roumanie]] après la chute de [[Nicolae Ceaușescu|Ceaușescu]], 1 168 sidéens furent recensés dans le pays, 94% étaient âgés de moins de 4 ans. Ces enfants avaient reçu dans des orphelinats des nutriments en intraveineuse. Au total en Roumanie, 9 000 enfants en bas âge ont ainsi contracté le VIH<ref name=p209>{{Harvsp|Pépin|2019|p=209}}</ref>. L’[[affaire des infirmières bulgares]] à [[Benghazi]] en [[Lybie]] au temps de Kadhafi est dans un registre assez similaire. En mai 1998, environ 450 enfants libyens sont diagnostiqués séropositifs au VIH après avoir subi des prélèvements sanguins ou avoir été traités avec des médicaments en intraveineuse, très peu avaient eu une transfusion sanguine<ref name=p210>{{Harvsp|Pépin|2019|p=210}}</ref>.

En [[Chine]] au début des [[années 1990]], dans certaines zones rurales, en particulier dans la [[province du Henan]], des agriculteurs étaient recrutés dans plusieurs centaines de stations de collecte de [[Plasma sanguin|plasma]]. Le sang collecté était mélangé. Aucun examen de dépistage du VIH ou du [[virus de l'hépatite C]] n’était effectué au préalable. Une partie du sang collecté était ré-infusée à chaque donneur. Dans certaines régions entre 9 et 17% des donneurs rémunérés acquirent ainsi le VIH, soit environ 250 000 Chinois contaminés<ref name=p370>{{Harvsp|Pépin|2019|p=370}}</ref>.

==== Dynamiques du VIH en Afrique ====
[[File:HIV Prevalence Africa 2021.png|thumb|Prévalence du VIH en [[Afrique]] en 2021]]
Dans les années 1950 à 1970, l'[[Afrique centrale]] a été l'épicentre de la pandémie du VIH. La prévalence du VIH à [[Kinshasa]] n'a cependant jamais dépassé les 3%. A partir des années 1980, l'[[Afrique des Grands Lacs]] (Ouganda, Rwanda) est le principal foyer de VIH du continent. L’épidémie devient rapidement hors de contrôle. Au [[Rwanda]], dans des consultations prénatales, il est rapporté des prévalences supérieures à 25 % en 1988<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Michel |nom1=Caraël|titre=Représentation et pratiques de l’allaitement à Kigali, Rwanda|périodique=Allaitement et VIH en Afrique de l'Ouest|date=1992|lire en ligne=https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_7/b_fdi_03_02/010024742.pdf|consulté le=2021-04-17}}.</ref>. En [[Ouganda]] la prévalence du VIH est estimée à 18% de la population en 1992<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Gonzalo |nom1=Yebra|titre=Analysis of the history and spread of HIV-1 in Uganda using phylodynamics|périodique=J Gen Virol.|date=2015|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4635457/|consulté le=2021-04-17}}.</ref>. Dans les années 1990, l’[[Afrique australe]] devient le grand épicentre de la pandémie de VIH en Afrique. D’après les enquêtes de démographie et de santé, la prévalence du VIH est de 15% en [[Zambie]] en 2001<ref>« HIV PREVALENCE RATES », ''Zambia Demographic and Health Survey 2001-2002'',  Central Statistical Office, Central Board of Health, and ORC
Macro., 2003, {{p.|236}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR136/FR136.pdf]</ref>, de 12% au [[Malawi]] en 2004<ref>« HIV PREVALENCE », ''Malawi Demographic and Health Survey 2004'',  NSO and ORC Macro, 2005, {{p.|230}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR175/FR-175-MW04.pdf]</ref>, de 23% au [[Lesotho]] en 2004<ref>« HIV PREVALENCE », ''Lesotho Demographic and Health Survey 2004'',   MOH, BOS, and ORC Macro, 2005, {{p.|233}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR171/FR171.pdf]</ref> ou encore de 18% au [[Zimbabwe]] en 2005<ref>« HIV PREVALENCE », ''Zimbabwe Demographic and Health Survey 2005-2006'',  CSO and Macro International Inc, 2007, {{p.|222}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR186/FR186.pdf]</ref>.

A l’exception de ces deux zones, l’Afrique australe et l’Afrique des Grands Lacs, la prévalence du VIH chez les adultes de sexe masculin est généralement restée inférieure à 2% en Afrique subsaharienne. La prévalence du VIH chez les prostitués est partout la même en Afrique : elle varie de 20% à 75%. Tandis que 5 à 15% des clients sont séropositifs<ref name=p166>{{Harvsp|Pépin|2019|p=166}}</ref>. D’après Jacques Pépin quand le VIH devient extrêmement prévalent, comme c’est le cas en Afrique australe où entre 25 et 35% de toutes les femmes sont séropositives au VIH, il est peu probable que la [[prostitution]] soit à l'origine de la [[Crise sanitaire|catastrophe sanitaire]]<ref name=p166/>. Le VIH est davantage transmissible par [[voie parentérale]] (piqure, seringue) que lors d'un [[Rapport sexuel|rapport hétérosexuel]]. Lorsqu’une seringue contaminée est réutilisée, la probabilité de transmission du VIH se situe entre 0,7 et 1,1%, alors que le risque de transmission lors d’une relation sexuelle hétérosexuelle entre un individu séronégatif et un partenaire séropositif est autour de 0,1%<ref name=p207>{{Harvsp|Pépin|2019|p=207}}</ref>. Il y a en Afrique et ailleurs beaucoup de couples sérodiscordants<ref name=p392>{{Harvsp|Pépin|2019|p=392}}</ref>. Selon Jacques Pépin, l'origine de cette haute prévalence du VIH en Afrique australe est vraisemblablement [[Iatrogénèse|iatrogène]].

En 2019, le documentaire [[Cold Case à l'ONU]] nominé au [[Prix LUX]] du [[Parlement européen]], soutient que le [[SAIMR]] une organisation [[Royaume-Uni|anglo]]-[[Afrikaners|afrikaner]] de suprémacistes blancs, avait créé un réseau de dispensaires en Afrique du Sud, en Afrique australe et en Afrique de l’Est. Dans ces dispensaires, des femmes enceintes étaient accueillies pour recevoir des soins de santé. D’après le témoignage d’un ancien membre du SAIMR, ce réseau de dispensaires utilisait volontairement du matériel contaminé pour infecter les populations africaines au VIH<ref name=Brügger>{{Article|langue=fr|prénom1=Mads|nom1=Brügger|titre=Ex-mercenary Confess to Infecting Africans with HIV-AIDs|périodique=Cold Case à l'ONU|date=2019|lire en ligne=https://www.youtube.com/watch?v=DLclWdK0cy4|consulté le=2021-04-04}}</ref>. Ce qui semble corroboré statistiquement par la prévalence du VIH en [[Afrique de l'Est]] ou en [[Afrique australe]] anglophone où 5 à 40% de la population est aujourd’hui séropositive. En 2016, en [[Afrique du Sud]], chez les 15-49 ans, la prévalence du VIH au niveau national est de 27% chez les femmes contre 14% chez les hommes<ref name=SADHS>« HIV Prevalence by Age and Sex », ''South Africa Demographic and Health Survey (DHS) 2016'', National Department of Health (NDoH), Statistics South Africa (Stats SA), South African Medical Research Council (SAMRC), and ICF, 2019, {{p.|259}} [https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR337/FR337.pdf]</ref>.

Paradoxalement, dans les années 1980, le [[KGB]] avait mis en place l'[[opération INFEKTION]] qui consistait à accuser le [[Pentagone (États-Unis)|Pentagone]] d'avoir créé le sida comme une [[arme biologique]]<ref>{{article|langue= en |prénom1= Thomas |nom1= Boghardt |lien auteur1= |titre= Operation INFEKTION - Soviet Bloc Intelligence and Its AIDS Disinformation Campaign |périodique= Studies in Intelligence |lien périodique= |volume= 53|numéro= 4|jour= |mois= décembre |année=2009 |pages= |issn= |url texte= https://www.cia.gov/library/center-for-the-study-of-intelligence/csi-publications/csi-studies/studies/vol53no4/pdf/U-%20Boghardt-AIDS-Made%20in%20the%20USA-17Dec.pdf|format=pdf|consulté le= 4 septembre 2009}}</ref>. L'[[opération INFEKTION]] est connue pour être une campagne de [[désinformation]]. En revanche il est avéré que le régime [[Apartheid]] a mis en place dans les années 1980, le [[Projet Coast]] dont le but était de maîtriser la démographie africaine, en créant des [[armes biologiques]]. Le [[Projet Coast]] était dirigé par le {{Dr}} [[Wouter Basson]], qui en 2021 est encore en activité en [[Afrique du Sud]]<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Alexandra|nom1=Brangeon|titre=Afrique du Sud: qui est Wouter Basson, le «docteur La Mort»?|périodique=RFI|date=2021|lire en ligne=https://www.rfi.fr/fr/afrique/20210126-afrique-du-sud-qui-est-wouter-basson-le-docteur-la-mort|consulté le=2021-03-28}}</ref>. Nostalgique du [[Projet Coast]], Basson se justifie en 2016, affirmant : « J'étais comme un scientifique travaillant sur un remède contre le sida »<ref>{{Article|langue=en|prénom1=TANYA|nom1=FARBER|titre='I was like a scientist working on a cure for Aids' says Wouter Basson|périodique=Sunday Times|date=2016|lire en ligne=https://www.timeslive.co.za/sunday-times/news/2016-01-17-i-was-like-a-scientist-working-on-a-cure-for-aids-says-wouter-basson/|consulté le=2021-03-28}}</ref>.

== Notes et références ==
{{Références
 |colonnes=2
}}

== Voir aussi ==
=== Filmographie ===
* [[Roger Spottiswoode|Spottiswoode, Roger]], ''Les soldats de l'espérance'' (''[[And the band played on]]''), 1993
* ''Sidaction : le documentaire contesté'', Magazine ''Arrêt sur images''
* [https://www.dailymotion.com/video/xeajm_les-origines-du-sida_news ''L'origine du sida''] [titre original : ''The origin of AIDS''], de Peter Chapell et Catherine Peix, Les Films de la passerelle, 2003, diffusé lors du magazine ''Contre courant''
* ''La bataille du sida'', de Laurent Firode, Cinétévé & INA, 2010, 1 h 14 min
* ''Sida : un héritage de l'époque coloniale'', de Carla Gierstorfer (Allemagne/France, 2013), 55 min. Rediffusé le 2 décembre 2017 sur Arte
* [[Cold Case à l'ONU]] de [[Mads Brügger]], 2019, 128 min., nominé au [[Prix LUX]] du [[Parlement européen]]

=== Bibliographie ===
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* Berdougo, François ; Girard, Gabriel, ''La fin du sida est-elle possible ?'', Paris, Textuel, 2017 {{ISBN|978-2-84597-642-9}}
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* Brenky, Dominique ; Zémor, Olivia, ''La route du sida : enquête sur une grande peur'', Paris, Londreys, 1985 {{ISBN|2-904184-31-7}}
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* [[Peter Duesberg|Duesberg, Peter H.]], ''[[Contestation de la responsabilité du VIH dans le sida|L'invention du virus du sida]]'', préfaces de [[Kary Mullis]] et Henry H. Bauer, trad. par Pol Dubart, Embourg, Marco Pietteur, 2012 {{ISBN|978-2-87434-126-7}} [original anglais paru en 1996]
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* Girard, Pierre-Marie ; Katlama, Christine ; [[Gilles Pialoux|Pialoux, Gilles]], ''VIH'', {{8e}} éd., Rueil-Malmaison, Doin, 2011 {{ISBN|978-2-7040-1302-9}}
* [[Mirko Grmek|Grmek, Mirko]], ''Histoire du sida : début et origine d’une pandémie actuelle'', nouvelle éd. revue et augmentée, Paris, Payot, 1995 {{ISBN|2-228-88908-3}}
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* {{en}} Hardy, W. David (ed.), ''Fundamentals of HIV medicine : 2019 edition'', Oxford, Oxford University Press, 2019 {{ISBN|978-0-19-094249-6}}
* Harven, Étienne de ; Roussez, Jean-Claude, ''Le sida'', Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 2005 {{ISBN|2-228-88908-3}} [défend la thèse [[Contestation de la responsabilité du VIH dans le sida|contestant le lien de cause à effet entre le VIH et le sida]]. Voir aussi la monographie de Roussez mentionnée plus loin]
* {{en}} Henderson, Patricia C., ''AIDS, intimacy and care in rural KwaZulu-Natal : a kinship of bones'', Amsterdam, Amsterdam University Press, 2011 {{ISBN|978-90-8964-359-9}}
* [[Françoise Héritier|Héritier, Françoise]], ''Sida : un défi anthropologique'', textes réunis par Salvatore D'Onofrio, Paris, Les Belles lettres, 2013 {{ISBN|978-2-251-43031-7}}
* {{en}} [[Edward Hooper|Hooper, Edward]],''The river : a journey to the source of HIV and AIDS'', Londres, Allen Lane, 1999 {{ISBN|0-713-99335-9}}
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* {{en}} [[Myles Jackson|Jackson, Myles W.]], ''The genealogy of a gene : patents, HIV-AIDS, and race'', Cambridge (MA), MIT Press, 2015 {{ISBN|978-0-262-02866-0}}
* Javaugue, François-Charles, avec la collab. d'Hervé Fleury et de Madeleine Decoin, ''VIH : les virus et le nouveau visage moléculaire de la pandémie'', Paris, Hermann, 2014 {{ISBN|978-2-7056-8136-4}}
* {{en}} King, Brian, ''States of disease : political environments and human health'', Oakland (CA), University of California Press, 2017 {{ISBN|978-0-520-96211-8}}
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* Lachenal, Guillaume, [http://www.laviedesidees.fr/La-quete-des-origines-du-Sida.html « La quête des origines du sida »], www.laviedesidees.fr, article du 17 octobre 2014
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* [[Jacques Leibowitch|Leibowitch]], Jacques, ''Un virus étrange venu d'ailleurs'', Paris, Grasset, 1984 {{ISBN|2-246-33331-8}}
* Leibowitch, Jacques, ''Pour en finir avec le sida'', avec la collab. de Claude Capelier, Paris, Plon, 2011 {{ISBN|978-2-259-20759-1}}
* Lert, France (éd.), ''Dépistage de l'infection VIH en France, 2009-2011 : synthèse des études et recherches'', Paris, Éd. EDK & Agence nationale de recherches sur le sida, 2013 {{ISBN|978-2-84254-192-7}} et {{ISBN|978-2-910143-28-2}}
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* [[Luc Montagnier|Montagnier, Luc]], ''Vaincre le sida : entretiens avec Pierre Bourget'', Paris, Éd. Cana & Fondation internationale pour l'information scientifique, 1986 {{ISBN|2-86335-051-X}}
* Naniche, Denise, avec la collab de [[Stanley Plotkin|Stanley A. Plotkin]], [https://www.larecherche.fr/origine-du-sida-la-fin-dune-pol%C3%A9mique « Origine du sida : la fin d'une polémique ? »], ''La Recherche'' 2001 (1), n° 338, p. 14-15 [montre que l'avancée de la recherche en biologie moléculaire permet de réfuter la thèse défendue notamment par [[Edward Hooper|E. Hooper]] concernant le rôle supposé du vaccin contre la [[poliomyélite]] dans l'apparition du sida]
* {{en}} Pépin, Jacques, ''The origins of AIDS'', Cambridge, Cambridge University Press, 2011 {{ISBN|978-1-10-700663-8}}
* {{en}} Phillips, Howard, ''Epidemics : the story of South Africa's five most lethal human diseases'', Athens (OH), Ohio University Press, 2012 {{ISBN|978-0-82142-028-7}}
* [[Peter Piot|Piot, Peter]], ''Le sida dans le monde : entre science et politique'', avec la collab. de Michel Caraël, Paris, Odile Jacob, 2011 {{ISBN|978-2-7381-2687-0}}
* Piot, Peter, ''Une course contre la montre : mes combats contre les virus mortels, sida et Ebola'', avec la collab. de Ruth Marshall ; trad. par Jean-Clément Nau, Paris, Odile Jacob, 2015 {{ISBN|978-2-7381-3260-4}} [original anglais paru en 2012]
* Pleskoff, Olivier, ''Les avancées de la recherche sur le sida'', préf. de [[Françoise Barré-Sinoussi]], Paris, L'Harmattan, 2011 {{ISBN|978-2-296-55330-9}}
* Rosenheim, Michel ; Itoua-Ngaporo, Assouri (éd.), ''Médecine tropicale.'' 1, ''Sida, infection à VIH : aspects en zone tropicale'', Paris, Ellipses, 1989 {{ISBN|2-7298-8929-9}}
* Roussez, Jean-Claude, ''[[Contestation de la responsabilité du VIH dans le sida|Sida : supercherie scientifique et arnaque humanitaire]]'', {{2e}} éd. revue et augmentée, Embourg, Marco Pietteur, 2014 {{ISBN|2-87434-016-2}} [combat la thèse qui présente le VIH comme la cause du sida. {{1re}} éd. parue en 2004]
* [[Willy Rozenbaum|Rozenbaum, Willy]] ; Seux, Didier ; Kouchner, Annie, ''Sida : réalités et fantasmes'', Paris , POL, 1984 {{ISBN|2-86744-019-X}}
* {{en}} Schafer, Jason J. (éd.), ''HIV pharmacotherapy : the pharmacist's role in care and treatment'', Bethesda (MD), American Society of Health-System Pharmacists, 2018 {{ISBN|978-1-58528-576-1}}
* {{en}} Schneider, William H., ''The history of blood transfusion in Sub-Saharan Africa'', Athens (OH), Ohio University Press, 2013 {{ISBN|978-0-8214-2037-9}}
* [[Maxime Schwartz|Schwartz, Maxime]] ; Castex, Jean, ''La découverte du virus du sida : la vérité sur l'affaire [[Robert Gallo|Gallo]]-Montagnier, d'après un texte de Raymond Dedonder'', Paris, Odile Jacob, 2009 {{ISBN|978-2-7381-2288-9}}
* {{en}} [[Randy Shilts|Shilts, Randy]], ''And the band played on : politics, people, and the AIDS epidemic'', New York, St. Martin's Griffin, 2007 {{ISBN|978-0-312-37463-1}} [{{1re}} éd. parue en 1987]
* {{en}} Smith, Raymond A. (éd.), ''Encyclopedia of AIDS : a social, political, cultural, and scientific record of the HIV epidemic'', Chicago, Fitzroy Dearborn, 1998 {{ISBN|1-579-58007-6}}
* Spire, Bruno ; Cattaneo, Graciela, ''Sida : 30 ans d'idées reçues'', Paris, Le Cavalier bleu, 2014 {{ISBN|978-2-84670-542-4}}
* Tolédano, Élie ; Vabret, Nicolas ; Gouet, Patrice ; Corbin, Antoine, [http://dicos.ens-lyon.fr/vie/viro/XML/db/bio/viro/metadata/LOM_V05_2B1_HIV_Epidemio.b.xml « Épidémiologie des virus de l'immunodéficience humaine (HIV) »], Lyon, Département de biologie de l'École normale supérieure de Lyon, 12 juillet 2006
* {{en}} Wu, Li ; Schwartz, Olivier (éd.), ''HIV interactions with dendritic cells : infection and immunity'', New York, Springer, 2013 {{ISBN|978-1-4614-4432-9}}
* {{en}} Zhang, Linqi ; Lewin, Sharon R. (éd.), ''HIV vaccines and cure : the path towards finding an effective cure and vaccine'', Singapour, Springer, 2018 {{ISBN|978-981-13-0483-5}}

=== Articles connexes ===
* [[Virus de l'immunodéficience humaine]]
* [[Syndrome d'immunodéficience acquise]]
* [[Discrimination des porteurs du VIH]]
* [[Gaëtan Dugas]]