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« Semaine des barricades » : différence entre les versions

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== L'affaire Massu ==
== L'affaire Massu ==
Le 18 janvier 1960 lors d'une entrevue accordée à Hans Ulrich Kempski, journaliste au quotidien [[RFA|ouest-allemand]] ''[[Sueddeutsche Zeitung]]'', le général parachutiste Massu, "héros local" de la [[Bataille d'Alger]] (1957) et du [[Putsch d'Alger (1958)]], a commis une enfreinte envers le devoir de réserve lié à sa profession et un "[[crime de lèse-majesté]]" envers le chef de l'Etat; ce qui lui a valu son départ d'Algérie.
Le 18 janvier 1960 lors d'une entrevue accordée à Hans Ulrich Kempski, journaliste au quotidien [[RFA|ouest-allemand]] ''[[Süddeutsche Zeitung]]'', le général parachutiste Massu, "héros local" de la [[Bataille d'Alger]] (1957) et du [[Putsch d'Alger (1958)]], a commis une enfreinte envers le devoir de réserve lié à sa profession et un "[[crime de lèse-majesté]]" envers le chef de l'Etat; ce qui lui a valu son départ d'Algérie.


Les circonstances de cette mutation sont directement liées à un passage équivoque paru dans le quotidien allemand où l'officier émet son scepticisme quand à la conduite des affaires algériennes par Paris « ''De Gaulle était le seul homme à notre disposition. Peut-être l'armée a-t-elle fait une erreur'' »<ref>[http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,826041,00.html Time magazine, FRANCE: The Test for De Gaulle, Monday, Feb. 01, 1960]</ref>. Bien que Massu ait toujours contesté avoir tenu de tels propos, l'article est paru dans la presse internationale et l'Elysée a mis en doute sa loyauté ce qui a entraîné son rapatriement immédiat en métropole.
Les circonstances de cette mutation sont directement liées à un passage équivoque paru dans le quotidien allemand où l'officier émet son scepticisme quand à la conduite des affaires algériennes par Paris « ''De Gaulle était le seul homme à notre disposition. Peut-être l'armée a-t-elle fait une erreur'' »<ref>[http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,826041,00.html Time magazine, FRANCE: The Test for De Gaulle, Monday, Feb. 01, 1960]</ref>. Bien que Massu ait toujours contesté avoir tenu de tels propos, l'article est paru dans la presse internationale et l'Elysée a mis en doute sa loyauté ce qui a entraîné son rapatriement immédiat en métropole.

Version du 23 janvier 2010 à 10:59

Barricades à Alger, avec une banderole de soutien à Massu

La semaine des barricades désigne un événement majeur de la Guerre d'Algérie qui s'est déroulait du 24 janvier au 1 février 1960 à Alger. Son instigateur Pierre Lagaillarde (28 ans) député et ex-parachutiste et ses deux complices Joseph Ortiz (47 ans) patron du bar algérois le "Forum" et Robert Martel (42 ans) viticulteur de la Mitidja, soutenus par une partie de la population européenne en Algérie (les "pieds noirs") manifestent leur mécontentement face à la mutation en métropole du général Massu, le 19 janvier, par le président Charles de Gaulle.

Lors de son discours du 16 septembre 1959, le général de Gaulle évoque le « droit des Algériens à l'autodétermination » et propose trois solutions : sécession, francisation ou association. Qu'une solution autre que française soit envisagée au conflit qui dure depuis 5 ans est jugé inacceptable aussi bien par la population française d'Algérie, que par beaucoup de militaires.

Les membres les plus activistes partisans de l'Algérie française, tels Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, ou Pierre Lagaillarde préparent l'organisation d'une nouvelle journée ayant pour but de s'emparer des bâtiments publics avec l'aide de militaires, et de créer un nouveau mouvement insurrectionnel. Ils ne pardonnent pas à de Gaulle d'avoir retourné à son profit les événements du 13 mai 1958 qui avaient conduit à la chute de la IVe République.

L'affaire Massu

Le 18 janvier 1960 lors d'une entrevue accordée à Hans Ulrich Kempski, journaliste au quotidien ouest-allemand Süddeutsche Zeitung, le général parachutiste Massu, "héros local" de la Bataille d'Alger (1957) et du Putsch d'Alger (1958), a commis une enfreinte envers le devoir de réserve lié à sa profession et un "crime de lèse-majesté" envers le chef de l'Etat; ce qui lui a valu son départ d'Algérie.

Les circonstances de cette mutation sont directement liées à un passage équivoque paru dans le quotidien allemand où l'officier émet son scepticisme quand à la conduite des affaires algériennes par Paris « De Gaulle était le seul homme à notre disposition. Peut-être l'armée a-t-elle fait une erreur »[1]. Bien que Massu ait toujours contesté avoir tenu de tels propos, l'article est paru dans la presse internationale et l'Elysée a mis en doute sa loyauté ce qui a entraîné son rapatriement immédiat en métropole.

A bien des égards cette affaire politico-médiatique rappelle celle, survenue quelques années plus tôt pendant la guerre d'Indochine, dite des Généraux ou ("rapport Revers") et impliquant cette fois les propos du général Revers dans le magazine L'Express.

Chronologie

La manifestation débute à Alger le 24 janvier, mais il s'avère que les membres de l'armée ne s'associeront pas à un mouvement insurrectionnel. Joseph Ortiz décide alors de se replier dans le bâtiment de la Compagnie algérienne. Il fait dresser des barricades autour, gardées par des hommes en armes, membres de son mouvement, le Front national français, ou bien des Unités territoriales, civils effectuant un service armé occasionnel. Pierre Lagaillarde fait de même à l'Université.

Vers 18 heures, les gendarmes mobiles reçoivent l'ordre de faire évacuer les manifestants. Un coup de feu est tiré déclenchant une fusillade nourrie. Les parachutistes tardent à s'interposer. Le bilan est lourd. 14 gendarmes sont tués, ainsi que 6 manifestants. Il y a environ 150 blessés.

Le lundi 25 janvier, le délégué général Paul Delouvrier et le chef des armées en Algérie, le général Challe sont en position difficile. Si l'armée ne s'est pas ralliée aux insurgés, Challe sait qu'une partie importante de ses subordonnés leur est favorable et qu'il ne peut donner l'ordre de tirer.

Michel Debré, premier ministre, et Pierre Guillaumat, ministre des Armées, se rendent à Alger et réalisent la gravité de la situation. Le colonel Antoine Argoud leur annonce que, si de Gaulle ne veut pas renoncer à l'autodétermination, « les colonels se chargeront de l'y contraindre ». La pression d'Argoud sur Delouvrier se poursuivra dans la journée du 26 janvier. Paul Delouvrier décide alors de fuir Alger. Il convainc le général Challe de se replier avec lui. Auparavant, Delouvrier enregistre un discours appelant la population à la raison. Il y propose également le pardon à Ortiz et Lagaillarde, ce qui lui sera reproché par Paris.

Delouvrier et Challe se rendent le 28 février à la base aérienne de La Reghaïa et y installent leur nouveau quartier général. Le lendemain 29, De Gaulle prononce un discours appelant l'armée à ne pas se joindre aux insurgés, qu'il condamne. Ce discours, ainsi que celui de Delouvrier portent leur fruit, aussi bien auprès des soldats que des membres des unités territoriales dont la plupart des membres abandonnent peu à peu les barricades le lendemain. Seuls les plus extrémistes poursuivent le mouvement. Des négociations sont menées pendant toute la journée du dimanche 31 pour obtenir la reddition des insurgés. Pierre Lagaillarde se rend le lundi, tandis que Joseph Ortiz parvient à s'échapper.

Bilan

Cette semaine marque une escalade des partisans de l'Algérie française. Elle s'inscrit à la suite de la journée du 13 mai 1958 et préfigure la tentative de coup d'État du 22 avril 1961. Elle est également le symbole d'une fracture entre Français : d'un côté les Français de métropole las de cette guerre et qui soutiennent la proposition d'autodétermination de De Gaulle, et d'autre part, les Français d'Algérie qui se sentent trahis et abandonnés. Elle montre aussi le trouble qui sévit dans l'armée, celle-ci se divisant entre l'obéissance au gouvernement légal de Paris, et le soutien à la population française d'Algérie.

Procès des Barricades

Le procès dit « des Barricades » se tient à Paris au mois de novembre 1960. Les accusés Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz, mis en liberté provisoire pour la durée du procès, s'enfuient à Madrid, Espagne où ils fondent l'OAS en décembre. Tous deux sont jugés par contumace mais bénéficient de l'amnistie présidentielle en 1968.