Euphémisme
Du grec Euphemismos (« emploi d'un mot favorable »), un euphémisme est une figure de rhétorique qui consiste à atténuer ou adoucir une idée déplaisante. À tel point que la confusion qui en naît peut dévaloriser un mot à l'encontre d'autres bien précis. On parle aussi d'euphémisme de bienséance. Le contraire de l'euphémisme est l'hyperbole.
La figure de l'euphémisme est omniprésente dans l'expression du « politiquement correct », et massivement utilisée en temps de guerre, notamment comme composante de la propagande : dans ce cas, l'euphémisme a pour effet de diminuer l'impact d'une information sur le moral de la population afin de conserver son soutien.
Il est important de noter que des termes ne sont des euphémismes que par leur emploi dans un contexte donné : ainsi, « malentendant » n'est pas un euphémisme si ce terme désigne une personne dont l'acuité sonore est diminuée, mais seulement si la personne ne perçoit aucun son, et que le locuteur veut éviter l'usage du terme « sourd ».
Exemples par thèmes
Société
- les « personnes de couleur » pour des personnes dont la couleur de peau est différente de celle du locuteur (souvent noire) ;
- « SDF » pour « sans domicile fixe » qui du fait de son emploi courant, banalise la réalité et constitue un euphémisme - le SDF est souvent un « sans abri » tout court.
- « troisième âge », senior pour vieillesse, vieux
- « handicapé économique » pour pauvre
Monde du travail
- « créateur d'entreprise » pour chef d'entreprise ou patron ;
- « technicien de surface » pour un balayeur ;
- « technicien des sols » pour une femme de ménage.
Handicap
- note :Handicap est lui-même un euphémisme pour infirmité ou invalidité
- « non-voyant » pour désigner un aveugle ;
- « personnes à mobilité réduite » pour les handicapés moteurs;
- « mal-entendant » pour désigner un sourd ;
- « mal-comprenant » pour désigner un con ;
- « être diminué » pour signifier « être handicapé » ;
- « enveloppé » pour désigner une personne obèse.
Mort
Les euphémismes sont monnaie courante pour désigner la mort, la maladie et le deuil, ces derniers étant des sujets hautement anxiogènes et susceptibles de heurter la sensibilité des locuteurs.
- La maladie :
- « mourir des suites d'une longue maladie » pour « mourir d'un cancer » ;
- Pour signifier le fait de mourir :
- « disparaître » ;
- « ne plus être » ;
- « s'éteindre » (c'est aussi une métaphore, puisque la vie est comparée à la flamme d'une bougie qui s'éteint) ;
- « nous quitter » ;
- « s'en aller » ;
- « partir dans un autre monde » ;
- « être fauché par la mort » (formule qui peut également être considérée comme une hyperbole selon le contexte).
- La mort :
- « la voyageuse de nuit » (c'est aussi une métaphore puisque la mort est comparée à l'obscurité de la nuit) ;
- « la disparition » ;
- « le boulevard des allongés » pour le cimetière;
- Usages particuliers:
- On peut utiliser le préfixe ou suffixe "Feu,eue" suivit du nom pour désigner une personne décédée.
Ex: Ils commémorent l'anniversaire de la feue reine (ou feu la reine)
- Pour dire d'un homme qu'il était mort, les Romains disaient : «Il a vécu.» À présent, nous disons : «Il nous a quittés.»
Sexe
- « relations intimes » pour désigner des relations sexuelles ;
- « du plaisir » pour désigner les relations sexuelles (c'est aussi une métonymie, puisque le sexe est désigné par l'un de ses effets) ;
- « payer en nature » pour signifier avoir « des relations sexuelles en échange d'un service » (c'est aussi une syllepse de sens) ;
- « être intime de » pour signifier « être un partenaire sexuel de » ;
- « nuits partagées » pour signifier des soirées ponctuées de relations sexuelles.
- « ne pas avoir de tabous » pour désigner la pratique de la sodomie
Guerre
- « pacification » pour désigner une opération militaire (c'est aussi une métonymie, puisque la guerre est désignée par l'un de ses effets supposés) ;
- « frappe chirurgicale » ou « frappe ciblée » pour désigner un bombardement ;
- « dégâts collatéraux » pour désigner les morts d'une bataille, notamment civils ;
- « insurrection » pour désigner de violents combats ;
- « balle perdue » pour désigner une erreur de tir (c'est aussi une synecdoque, puisque le tir est désigné par le projectile) ;
Crime
- « Solution finale » pour le génocide des Juifs selon le code des nazis
- « Contrat » pour assassinat commandité
Amour
- « Va, je ne te hais point » pour le direct et dangereux risque qu'est "Je t'aime", pour citer le personnage de Chimène s'adressant à son amant Don Rodrigue(Le Cid, Corneille)
Voir aussi : Politiquement correct
Liens externes