Chemin des Espagnols
Le chemin des Espagnols fut emprunté pour la première fois en 1567 par le duc d'Albe quand Philippe II l'envoya aux Pays-Bas espagnols à la tête d'une importante armée. Le chemin des Espagnols fut ensuite un itinéraire terrestre emprunté après le traité de Lyon (1601) et privilégié durant une courte période. Il fut parcouru par les armées espagnoles pour rejoindre les Pays-Bas, depuis Gênes via le duché de Savoie, la vallée de la Valserine, la Franche-Comté et la Lorraine. Il permettait aux troupes espagnoles d'éviter le passage par la Manche. Pendant la Guerre de Quatre-vingts ans, on estime que 123.000 hommes empruntèrent cette voie terrestre pour rejoindre les Pays-Bas de 1567 à 1633, à comparer avec seulement 17.000 hommes qui furent transportés par voie maritime[1].
On retrouve de nos jours en Belgique deux voies qui portent encore le nom de Chemin des Espagnols sur l'axe Luxembourg - Bruxelles, l'une à Arlon et l'autre à Neufchâteau.
Parcours
Le pont de Grésin retint longtemps l'attention des grands de ce monde. Souvent opposés aux rois de France, les ducs de Savoie avaient une alliance avec les rois d'Espagne qui étaient en même temps souverains des Pays-Bas (union personnelle). Le chemin des Espagnols commençait à Gênes, et en passant par la commune de Clarafond (Fruitière), le pont de Grésin, la vallée de la Valserine et la Franche-Comté, les troupes espagnoles pouvaient aller, grâce à son alliance avec les ducs de Savoie et les ducs de Lorraine, de la Méditerranée aux Pays-Bas sans toucher les territoires français.
Le pont de Grésin est une passerelle piéton de type pont suspendu qui franchit le Rhône sous le hameau de Grésin. On peut y accéder en automobile depuis Grésin. En revanche, sur le versant haut-savoyard du Rhône, seul un chemin de terre part du pont en direction d'Éloise. Le pont a été construit à la suite de la mise en eau en 1948 du barrage de Génissiat et de la formation du lac de barrage, qui a noyé un ancien pont situé en dessous. Cet ancien pont avait eu dans le passé une importance stratégique, au XVIIe siècle. En effet, il faisait partie du chemin des Espagnols, par lequel les armées espagnoles traversaient le duché de Savoie pour rejoindre la Franche-Comté (alors territoire espagnol) à partir de Gênes, en passant par Chézery.
Lancrans fit partie du "chemin des Espagnols", enclave savoyarde entre le Bugey et le pays de Gex de 1601 à 1760. En 1858, Vanchy et Confort se séparèrent de Lancrans pour devenir des communes.
Le chemin passait par Chézery, Fontaine-Bénite, Noirecombe pour arriver à la Borne au Lion, marquant le tripoint entre la Franche-Comté, le royaume de France et la Savoie.
Histoire
Traité de Turin (1760)
Au Nord, le pays de Gex était séparé de la France par la vallée de la Valserine, qui permettait auparavant le passage des troupes espagnoles entre la Savoie et la Franche-Comté (et était nommée pour cette raison chemin des Espagnols). Ce territoire n’était plus stratégique en 1714, du fait de l’alliance de famille entre la France et l’Espagne et de l’acquisition de la Franche-Comté par la France en 1678.
Le traité régularise donc la frontière entre les deux États : échange des villes de Seyssel (en partie), Chanaz, La Balme, Pont d'Arlod et Aire-la-Ville situées sur la rive gauche du Rhône, mais faisant partie du Bugey et du Pays de Gex, qui passent au Piémont, en échange de la vallée de la Valserine : ainsi, le chemin des Espagnols entre Franche-Comté et Savoie devient français, et le Pays de Gex n’est plus une enclave séparée de la France.
Références
- Peter H. Wilson, The Thirty Years' War: Europe's Tragedy, Cambridge, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-03634-5)
Voir aussi
Lien interne
Bibliographie
- Ghislain Lancel, Le Chemin des Espagnols dans l’Ain depuis 1567, Imprimerie Villière, 2017, 138 pages, 90 photographies (ISBN 978-2-9550661-3-3).
- François Pernot, La Franche-Comté espagnole : À travers les archives de Simancas, une autre histoire des Francs-Comtois et de leurs relations avec l'Espagne, de 1473 à 1678, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, , 457 p. (ISBN 978-2-84867-032-4, lire en ligne)