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Claire Lacombe

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Claire Lacombe
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Conflit

Claire Lacombe, née le à Pamiers et morte le à Paris, est une actrice, militante révolutionnaire et féministe française.

Claire Lacombe naît le à Pamiers. Daté du même jour[1], son acte de baptême mentionne qu'elle est la fille légitime de ses parents, son père Bertrand Lacombe étant marchand[n 1].

L'historiographie lui prête parfois le prénom « Rose » mais celui-ci ne figure dans aucun document officiel puisqu'il lui a été attribué erronément au cours du XIXe siècle[n 2].

Avant la Révolution, elle est actrice, non sans succès, à Marseille et à Lyon. En 1792, elle arrive à Paris où elle fréquente le club des Cordeliers.

Le 25 juillet 1792 elle prononce un bref discours à la barre de l'Assemblée nationale :

« Née avec le courage d'une Romaine et la haine des tyrans, je me tiendrais heureuse de contribuer à leur destruction. Périsse jusqu'au dernier despote, intrigants, vifs esclaves, des Néron et des Caligula, puissé-je tous vous anéantir. Et vous, mères de famille, que je blâmerais de quitter vos enfants pour suivre mon exemple, pendant que je ferai mon devoir en combattant les ennemis de la patrie, remplissez le vôtre en inculquant à vos enfants les sentiments que tout français doit avoir en naissant, l'amour de la liberté et l'horreur des despotes. Ne perdez jamais de vue que sans les vertus de Véturie, Rome aurait été privé du grand Coriolan[5]. »

Elle obtient une « couronne civique » pour avoir participé, lors de la journée du 10 août 1792, à l’assaut du palais des Tuileries avec un bataillon de Fédérés.

Club patriotique de femmes, gouache de Jean-Baptiste Lesueur, 1791, musée Carnavalet.

L’hiver suivant, elle est proche du groupe des Enragés (elle est un temps la compagne de Jean-Théophile Leclerc qui épousera plus tard Pauline Léon) et milite contre le chômage ou l’accaparement des richesses, préoccupations sociales qui l’amènent à fonder avec Pauline Léon la Société des républicaines révolutionnaires en mai 1793.

On sait que Claire Lacombe était belle femme, comme le dit avec condescendance le montagnard Choudieu, député de Maine-et-Loire : « Mlle Lacombe n’avait d’autre mérite qu’un assez beau physique. Elle représentait dans nos fêtes publiques la déesse de la liberté. Elle avait, comme Mlle Théroigne, une grande influence dans les groupes. Elle n’avait aucune qualité brillante, mais ses manières convenaient à la masse du peuple ».[réf. nécessaire]

Le , les Républicaines révolutionnaires demandent le droit de porter les armes pour combattre en Vendée. Claire Lacombe joue un rôle important lors des journées du et du , participant aux débats et poussant à l’insurrection. En août, elle réclame par une pétition que tous les nobles de l’armée soient destitués et le 5 septembre, elle demande même l’épuration du gouvernement. Cette fois, les jacobins s’en prennent à elle et l’accusent de délits peu crédibles, mais extrêmement dangereux à l’époque : avoir donné asile à des aristocrates par exemple. Sur le registre de la prison de Sainte Pélagie la détenue Claire Lacombe est décrite ainsi : « Taille de 5 pieds, 2 pouces. Cheveux, sourcils et yeux bruns, nez moyen, bouche grande, visage et menton ronds, front ordinaire[6]. »

Arrêtée le 16 septembre, elle est relâchée le soir même. Le , elle se présente à la barre de la Convention et réfute les arguments de ses adversaires, dénonçant au passage l’oppression dont sont victimes les femmes, ajoutant même : « Nos droits sont ceux du peuple, et si l’on nous opprime, nous saurons opposer la résistance à l’oppression ».

Le gouvernement n’apprécie pas et, quelques jours plus tard, Claire Lacombe est impliquée dans une affaire qui cause sa perte : des femmes de la Halle accusent les Républicaines révolutionnaires de les avoir forcées à prendre le bonnet rouge, coiffure réservée aux hommes. Victorieuses, les femmes de la Halle auraient même fouetté Claire Lacombe au passage. Cet évènement sert de prétexte au gouvernement révolutionnaire, qui interdit tous les clubs féminins, à commencer par les Républicaines révolutionnaires.

La chute des Enragés puis celle des Hébertistes mettent Claire Lacombe en danger et elle doit se cacher. Elle est arrêtée le avec Pauline et Jean-Théophile Leclerc. Le 1er fructidor an III (), le Comité de sûreté générale signe l'ordre de sa libération, effective le 3 fructidor ()[7].

Claire Lacombe quitte alors Paris pour Nantes, où elle demeure trois ans. Elle y reprend son métier de comédienne, tient les « forts premiers rôles » et cesse tout engagement politique, bien qu'elle échange une correspondance avec ses anciennes camarades de la capitale. En juin 1798, elle se trouve à Paris avec un compagnon comédien, « endettée auprès de sa logeuse »[8].

En 1823, une notice de la Biographie nouvelle des contemporains évoque des rumeurs qui lui prêtent des rapports avec la police parisienne sous le Directoire, en sus d'avancer qu'« on la croit morte depuis quelques années[9],[10]. »

Le , elle est admise en tant qu'« aliénée » à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où elle est référencée comme étant institutrice[11]. Elle y décède d'un anévrisme aortique pres du cœur le [12].

  • Discours prononcé à la barre de l'Assemblée nationale par Madame Lacombe, le 25 juillet 1792, l'an 4e de la liberté. Imprimé par ordre de l'Assemblée nationale, 1792, lire en ligne sur Gallica ; Paris, EDHIS, 1982, p. (OCLC 915029873)
  • Rapport fait par la citoyenne Lacombe à la Société des Républicaines révolutionnaires, de ce qui s'est passé le 16 septembre à la Société des Jacobins, concernant celle des Républicaines révolutionnaires… et les dénonciations faites contre la citoyenne Lacombe personnellement, Paris, 1793, lire en ligne sur Gallica ; Paris, EDHIS, 1982 (OCLC 915029372) ; Micro Graphix, 1992 (OCLC 634929069)

Notes et références

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  1. Cela signifie que les parents de Claire Lacombe étaient mariés. Partant, elle n'est pas issue d'un milieu de comédiens, contrairement à ce qu'affirme Alphonse de Lamartine[2].
  2. Léopold Lacour admet ne pas connaître l'auteur qui baptise initialement l'actrice « Rose » mais il observe que ce prénom ne se rencontre pas avant 1840, année de publication d'un ouvrage de l'avocat E. Lairtullier : Les femmes célèbres de 1789 à 1795 et leur influence dans la Révolution, pour servir de suite et de complément à toutes les histoires de la Révolution française. Lairtullier prétend que la signature « Rose Lacombe » peut être lue dans une lettre publiée dans la Gazette française le [3] (ou le , d'après Léopold Lacour). À leur tour, Alphonse de Lamartine et Jules Michelet prénomment Claire Lacombe « Rose » et popularisent ainsi cette identité civile. Or Léopold Lacour souligne que la missive publiée dans la Gazette française est simplement signée « Femme Lacombe[4]. »

Références

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  1. Lacour 1900, p. 317, [lire en ligne].
  2. Larue-Langlois 2005, p. ?.
  3. E. Lairtullier, Les Femmes célèbres de 1789 à 1795, et leur influence dans la Révolution, pour servir de suite et de complément à toutes les histoires de la Révolution française, t. II, Paris, chez France, à la librairie politique, , 305 p. (lire en ligne), p. 178.
  4. Lacour 1900, p. 317-319.
  5. Discours prononcé à la barre de l'Assemblée nationale, par Madame Lacombe, le 25 juillet 1792, l'an 4e de la liberté, Paris, Assemblée nationale législative (1791-1792),  Fac-similé disponible sur Wikisource Télécharger cette édition au format ePub Télécharger cette édition au format PDF (Wikisource)
  6. Lacour 1900, p. 329, [lire en ligne].
  7. Lacour 1900, p. 413-414, [lire en ligne].
  8. Godineau 2017, p. 835.
  9. Antoine Vincent Arnault, Étienne-François Bazot, Antoine Jay, Étienne de Jouy, Jacques Marquet de Montbreton Norvins, Biographie nouvelle des contemporains ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, t. 10, Paris, Librairie historique d'Émile Babeuf, 1823, p. 239, [lire en ligne].
  10. Lacour 1900, p. 414, [lire en ligne].
  11. Archives de l'APHP, « Registre des entrées et des sorties de l'Hôpital de la Salpêtrière, 1820-1821 », sur aphp-diffusion-prod.ligeo-archives.com (consulté le ), p. 228.
  12. Archives de l'hôpital de la Salpêtrière, « Registre des décès juillet 1825-juin 1828 », sur aphp-diffusion-prod.ligeo-archives.com (consulté le ), p. 68.

Bibliographie

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Études historiques

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Littérature

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Articles connexes

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Liens externes

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