Théorème de Banach-Alaoglu-Bourbaki
Le théorème de Banach-Alaoglu-Bourbaki est un résultat de compacité en analyse fonctionnelle, dû à Stefan Banach dans le cas d'un espace vectoriel normé séparable[1] et généralisé en 1938 par Leonidas Alaoglu puis Nicolas Bourbaki[2].
Si E est un ℝ-espace vectoriel topologique et V un voisinage de 0, alors l'ensemble polaire V° de V, défini par
est une partie compacte du dual topologique E' pour la topologie faible-*.
Dans le cas où E est un espace vectoriel normé, cela revient à dire que la boule unité fermée de E' (pour la norme de la topologie forte) est *-faiblement compacte, ou encore, que toute partie de E' fortement bornée est *-faiblement relativement compacte.
Dans un espace de Banach réflexif (en particulier un espace de Hilbert), la topologie faible-* coïncide avec la topologie faible et toute suite bornée admet une sous-suite faiblement convergente.
Démonstration
[modifier | modifier le code]Le dual topologique E', muni de la topologie faible-*, est un sous-espace du produit ℝE.
Dans ce produit, V° est inclus dans un produit de segments (car V est absorbant) donc dans un compact (d'après le théorème de Tychonoff dans le cas séparé — équivalent à une version affaiblie de l'axiome du choix).
Enfin, V° est fermé, comme intersection des fermés Fx,y,λ qui définissent la linéarité d'un élément de ℝE :
et des fermés Gv qui imposent les contraintes sur V :
En effet, une forme linéaire sur E qui vérifie ces contraintes est automatiquement continue, car bornée sur le voisinage V de 0.
Version séquentielle
[modifier | modifier le code]Si un espace vectoriel normé E est séparable alors la boule unité B de son dual topologique (munie de la topologie faible-*) est métrisable donc sa compacité équivaut à sa compacité dénombrable et à sa compacité séquentielle. On peut démontrer directement cette dernière[1] de façon plus élémentaire : Soient (ℓn) une suite dans B, et D une partie dénombrable dense de E. Par le procédé diagonal de Cantor, on peut extraire de (ℓn) une sous-suite qui converge simplement sur D. Par équicontinuité, cette sous-suite converge alors simplement sur E tout entier (donc sa limite appartient à B). Si E n'est pas séparable, le compact B peut ne pas être séquentiellement compact : un contre-exemple est fourni par E = ℓ∞ = C(βℕ).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- S. Banach, Théorie des opérations linéaires, (lire en ligne).
- L'affirmation par Dieudonné de l'antériorité de Bourbaki sur Alaoglu est reprise par divers auteurs mais fermement contestée dans (en) Robert S. Doran (en), « Constantinescu, Corneliu, C*-algebras, vol. 1, Banach spaces », MR, , p. 354 (MR 1850358, lire en ligne).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Représentation de Gelfand (en)
- Théorème d'Eberlein-Šmulian
- Théorème de Goldstine
- Théorème de sélection de Helly
- Théorème de James
- Dual d'un espace vectoriel topologique
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Applications du théorème de Tykhonov aux espaces vectoriels normés sur le site les-mathematiques.net
- (en) Eric W. Weisstein, « Banach-Alaoglu Theorem », sur MathWorld
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Walter Rudin, Analyse fonctionnelle [détail des éditions]
- Haïm Brezis, Analyse fonctionnelle : théorie et applications [détail des éditions]