Vice-président de la république du Liberia
Vice-président de la république du Liberia (en) Vice President of the Republic of Liberia | ||
Armoiries du Liberia. | ||
Titulaire actuel Jeremiah Koung depuis le (11 mois et 4 jours) Président : Joseph Boakai | ||
Création | (Constitution de 1847) |
|
---|---|---|
Titre | Son Excellence | |
Mandant | Suffrage universel direct | |
Durée du mandat | Six ans, renouvelable une fois consécutivement | |
Premier titulaire | Nathaniel Brander | |
Site internet | emansion.gov.lr | |
Liste des vice-présidents du Liberia | ||
modifier |
Le vice-président de la république du Liberia (en anglais : Vice President of the Republic of Liberia) est le deuxième plus haut dirigeant du pouvoir exécutif du Liberia après le président de la République. Selon la Constitution de 1986, il assiste ce dernier dans l'exercice de ses fonctions et lui succède en cas de décès, de démission, d'empêchement ou de destitution (Impeachment). En sa qualité de vice-président, il est également président du Sénat.
Il est élu en même temps que le président en tant que colistier au suffrage universel direct, pour un mandat de six ans, renouvelable une fois de manière consécutive.
L'actuel vice-président de la République est Jeremiah Koung depuis le , élu en tant que colistier de Joseph Boakai, lors de l'élection présidentielle de 2023.
Élection
[modifier | modifier le code]Conditions d'éligibilités
[modifier | modifier le code]Un candidat à la vice-présidence doit remplir les mêmes conditions d'éligibilités que pour le président. Il doit être âgé d'au moins trente-cinq ans, posséder de naissance la nationalité libérienne — limitée aux seuls personnes « négros ou d'ascendance négro » — ainsi que posséder des biens immobiliers propres d'une valeur d'au moins 25 000 $. Il doit également être établi dans le pays depuis au moins dix ans et ne pas résider dans le même comté que le président[1].
Processus électoral
[modifier | modifier le code]Le vice-président est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, en tant que colistier du président de la République, pour un mandat de six ans, renouvelable une seule fois[2],[3]. Si aucun candidat à la présidence ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second est convoqué entre les deux candidats arrivés en tête au premier, et celui recueillant le plus de suffrages l'emporte[4].
Historique du mandat
[modifier | modifier le code]La longue tradition du mandat présidentiel et vice-présidentiel de deux ans renouvelables indéfiniment mise en place par la constitution de 1847, puis porté à quatre ans en 1907, a pris fin à la suite du changement de constitution portée par le président William Tolbert, qui l'amende en 1975 pour introduire un mandat de huit ans non renouvelable[5],[6]. Le mandat passe ensuite à sa durée actuelle de six ans, renouvelable une seule fois, lors de l'entrée en vigueur de la Constitution de 1986.
Entrée en fonction
[modifier | modifier le code]Son mandat — avec celui du président — débute le troisième lundi de janvier de l'année suivant l'élection présidentielle[2]. Au moment de leur investiture, chaque vice-président est tenu, en vertu de la Constitution, de prêter serment en promettant de préserver et de défendre la Constitution et d'exécuter fidèlement la loi. Le serment est prêté en présence du juge en chef du Liberia devant une session conjointe de la Législature[7].
Le serment suivant est indiqué en annexe de la Constitution :
« I, (name of the holder), do solemnly swear (affirm) that I will support, uphold, protect and defend the Constitution and laws of the Republic of Liberia, bear true faith and allegiance to the Republic, and will faithfully, conscientiously and impartially discharge the duties and functions of the office of to the best of my ability. So help me God. »
— Annexe de la Constitution libérienne de 1986
« Je, (nom du titulaire), jure (affirme) solennellement que je soutiendrai, respecterai, protégerai et défendrai la Constitution et les lois de la république du Libéria, que j'aurai une véritable foi et allégeance à la République et que je m'acquitterai fidèlement, consciencieusement et impartialement de mes devoirs et fonctions au mieux de mes capacités. Que Dieu me vienne en aide. »
— Annexe de la Constitution libérienne de 1986
Rôle constitutionnel
[modifier | modifier le code]Le vice-président a pour fonction d'assister le président de la République dans la charge du pouvoir exécutif. Le président lui délégue les fonctions qu'il juge approprié à l'exception des pouvoirs propres au président. Le vice-président assiste aux réunions du cabinet et aux autres réunions gouvernementales. Il est également de droit le président du Sénat, la chambre haute de la Législature du Liberia, au sein duquel il ne vote qu'en cas d'égalité des voix pour et contre[3].
Succession présidentielle
[modifier | modifier le code]L'un des rôles majeurs du vice-président est de remplacer le président de la République en cas de vacance du pouvoir, jusqu'au terme de son mandat de six ans[8]. Il peut lui succéder en cas de décès, de démission, d'empêchement ou de destitution — appelé Impeachment. Si le vice-président devient à son tour candidat à la présidence au cours d'une élection ultérieure, ce remplacement en cours de mandat ne compte pas vis-à-vis de la limitation à deux mandats[9]. En cas d'empêchement du seul vice-président, le président nomme un successeur avec le vote favorable de chacune des deux chambres du parlement[10]. En cas d'empêchement simultané du président et du vice-président, le président de la Chambre des représentants devient président par intérim et supervise l'organisation d'une élection présidentielle dans les quatre-vingt-dix jours[11].
À ce jour, cinq vice-présidents ont accédé à la présidence, soit en raison de la mort, de la démission ou de la destitution du président : James Skivring Smith, Alfred Francis Russell, William D. Coleman, William Richard Tolbert et Moses Blah. On dénombre également douze vacances de la fonction de vice-président, dont la première a eu lieu entre le et le , à la suite l'ascension de James Skivring Smith au poste de président. La vacance la plus récente eu lieu entre le et le , après l'ascension de Moses Blah au poste de président et avant l'élection de Joseph Boakai.
Liste des titulaires
[modifier | modifier le code]No | Portrait | Titulaire (Naissance-mort) |
Mandat | Parti politique |
Président de la République | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Début du mandat | Fin du mandat | Durée du mandat | ||||||
1 | Nathaniel Brander (-) |
2 ans et 4 jours | Indépendant | Joseph Jenkins Roberts | ||||
2 | Anthony D. Williams (-) |
3 ans, 11 mois et 26 jours | Indépendant | |||||
3 | Stephen Allen Benson (-) |
2 ans et 5 jours | Indépendant | |||||
4 | Beverly Page Yates (-) |
3 ans, 11 mois et 26 jours | Indépendant | Stephen Allen Benson | ||||
5 | Daniel Bashiel Warner (-) |
4 ans et 2 jours | Indépendant | |||||
6 | James M. Priest (-) |
4 ans et 2 jours | Républicain | Daniel Bashiel Warner | ||||
7 | Joseph Gibson (-) |
1 an, 11 mois et 28 jours | Républicain | James Spriggs Payne | ||||
8 | James Skivring Smith (-) |
3 ans, 9 mois et 23 jours | TWP | Edward James Roye | ||||
Vacance de la fonction du au [N 1]. | ||||||||
9 | Anthony W. Gardiner (-) |
4 ans et 2 jours | Républicain | Joseph Jenkins Roberts | ||||
10 | Charles Harmon (-) |
2 ans et 4 jours | Républicain | James Spriggs Payne[N 2] | ||||
11 | Alfred Francis Russell (-) |
5 ans et 13 jours | TWP | Anthony W. Gardiner | ||||
Vacance de la fonction du au [N 3]. | ||||||||
12 | James Thompson (?-?) |
7 ans, 11 mois et 28 jours | TWP | Hilary R. W. Johnson | ||||
13 | William D. Coleman (-) |
4 ans, 10 mois et 8 jours | TWP | Joseph James Cheeseman | ||||
Vacance de la fonction du au [N 4]. | ||||||||
14 | Joseph J. Ross (-) |
1 an, 9 mois et 21 jours | TWP | William D. Coleman | ||||
Vacance de la fonction du au [N 5]. | ||||||||
15 | Joseph D. Summerville (-) |
3 ans, 6 mois et 21 jours | TWP | Garretson W. Gibson Arthur Barclay | ||||
Vacance de la fonction du au [N 6]. | ||||||||
16 | James Jenkins Dossen (-) |
6 ans | TWP | Arthur Barclay | ||||
17 | Samuel George Harmon (-) |
8 ans et 4 jours | TWP | Daniel Edward Howard | ||||
18 | Samuel Alfred Ross (-) |
3 ans, 11 mois et 27 jours | TWP | Charles D. B. King | ||||
19 | Henry Too Wesley (-) |
3 ans, 11 mois et 27 jours | TWP | |||||
20 | Allen Yancy (-) |
3 ans, 11 mois et 27 jours | TWP | |||||
Vacance de la fonction à partir du [N 7]. | ||||||||
21 | James Skivring Smith Jr. (-) |
14 ans | TWP | Edwin Barclay | ||||
22 | Clarence L. Simpson (-) |
7 ans, 11 mois et 29 jours | TWP | William Tubman | ||||
23 | William Richard Tolbert (-) |
19 ans, 6 mois et 22 jours | TWP | |||||
Vacance de la fonction du à [N 8]. | ||||||||
24 | James Edward Greene (-) |
5 ans et 3 mois | TWP | William Richard Tolbert | ||||
Vacance de la fonction du au [N 9]. | ||||||||
25 | Bennie Dee Warner (né en ) |
2 ans, 5 mois et 12 jours | TWP | William Richard Tolbert | ||||
Vacance de la fonction du au à la suite du coup d'État de 1980[N 10]. | ||||||||
26 | Harry Moniba (-) |
4 ans, 8 mois et 3 jours | NDPL | Samuel Doe | ||||
Vacance de la fonction du au du fait de la première guerre civile libérienne[N 11]. | ||||||||
27 | Enoch Dogolea (-) |
2 ans, 10 mois et 22 jours | NPP | Charles Taylor | ||||
Vacance de la fonction du au [N 12]. | ||||||||
28 | Moses Blah (-) |
3 ans et 18 jours | NPP | Charles Taylor | ||||
Vacance de la fonction du au [N 13]. | ||||||||
Vacance de la fonction du au du fait de la mise en place de l'accord de paix d'Accra[N 14]. | ||||||||
29 | Joseph Boakai (né en ) |
12 ans et 6 jours | UP | Ellen Johnson Sirleaf | ||||
30 | Jewel Taylor (née en ) |
6 ans | NPP | George Weah | ||||
31 | Jeremiah Koung (né en ) |
en cours | 11 mois et 4 jours | MDR | Joseph Boakai |
Frise chronologique
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le président Edward James Roye est démis de force de ses fonctions le . Le vice-président Smith prête serment et achève les deux mois restants de la présidence de Roye sans vice-président.
- Le , six jours avant l'investiture d'Anthony Gardiner en tant que président, la Chambre des représentants destitue et suspend le président Payne. Le vice-président Harmon devient président par intérim pendant les six derniers jours de son mandat[12].
- Le président Anthony W. Gardiner démissionne de ses fonctions après être tombé gravement malade. Le vice-président Russell devient président pour le reste de l'année du mandat de Gardiner sans vice-président.
- Le président Joseph James Cheeseman meurt en fonction. Le vice-président Coleman devient président pour le reste du mandat de Cheeseman sans vice-président, puis est élu président à part entière en 1897 avec Joseph J. Ross en tant que vice-président.
- Le vice-président Ross meurt en 1900, laissant le président Coleman sans vice-président. Le , Coleman démissionne, et le secrétaire d'État Garretson W. Gibson devient président pour le reste du mandat de Coleman sans vice-président, avant d'être élu à part entière en avec Joseph D. Summerville en tant que vice-président.
- Summerville est élu vice-président aux élections de 1901 avec le président Garretson W. Gibson, et est réélu en 1903 et 1905 avec le président Arthur Barclay. Cependant, Summerville meurt le , avant de prendre ses fonctions pour son troisième mandat. Comme aucune disposition constitutionnelle ne permettait le remplacement d'un vice-président, ce qui signifie que le président Barclay aurait été forcé de remplir tout son mandat sans vice-président, la constitution est modifiée en 1905 pour permettre une élection spéciale en cas de vacance de la vice-présidence.
- Le président Charles D. B. King et le vice-président Yancy démissionne tous les deux le . Le secrétaire d'État Barclay est investi en tant que président, et le vice-président James Skivring Smith Jr. est élu lors d'une élection partielle peu de temps après.
- Le président William Tubman meurt à la suite de sa réélection et de celle de Tolbert à la vice-présidence en 1971, mais avant son investiture. Tolbert exerce le reste du sixième mandat de Tubman avant d'être investi pour le septième mandat élu de Tubman.
- Le vice-président James Edward Greene meurt en fonction le .
- Bennie Dee Warner est évincé de sa fonction avec le reste du gouvernement par les forces armées du Libéria. Entre 1980 et 1981, Thomas Weh Syen est le second de Samuel Doe dans l'administration militaire et exerce les fonctions de vice-président en tant que « vice-chef d'État »[13]. À la suite de l'exécution de Weh Syen sur ordre de Doe, il est remplacé dans sa charge par Nicholas Podier[14].
- Le vice-président Moniba est déposé au même moment que le président Samuel Doe, ce dernier étant exécuté. Roland Diggs devient vice-président dans l'administration du président par intérim Amos Sawyer d'août 1990 à avril 1991[15]. Il est remplacé en avril 1991 par Peter Naigow, qui démissionne le [16]. Le Conseil d'État lui succède en tant qu'organe intérimaire pendant la guerre.
- Le vice-président Enoch Dogolea meurt en fonction le .
- Le président Charles Taylor démissionne de ses fonctions le . Le vice-président Blah prête serment et reste en place jusqu'à la mise en place d'un gouvernement de transition, le .
- Durant cette période, le gouvernement national de transition du Liberia est chargé des fonctions gouvernementales. Le vice-président du gouvernement Wesley Momo Johnson assume les fonctions et les pouvoirs du poste de vice-président pendant une partie de cette période.
Références
[modifier | modifier le code]- Article 52 de la Constitution.
- Article 50 de la Constitution.
- Article 51 de la Constitution.
- Article 83(b) de la Constitution.
- (en) Frederick Starr, Liberia : Description, History, Problems, Chicago, University Microfilms, , 277 p. (ISBN 0598450238, lire en ligne), p. 256.
- (en) Richard Tolbert, « Liberia: William R. Tolbert - 'In The Pantheon Of Great African Leaders' », sur allafrica.com, AllAfrica.com, (consulté le ).
- Article 53(a) de la Constitution.
- Article 63(a) de la Constitution.
- Article 63(b) de la Constitution.
- Article 63(d) de la Constitution.
- Article 64 de la Constitution.
- (en) James L. Sims, George L. Seymour et Benjamin J. K. Anderson, African-American Exploration in West Africa : Four Nineteenth-Century Diaries, Université du Michigan, Indiana University Press, , 488 p. (ISBN 0253341949, lire en ligne), p. 72.
- (en) Tewroh-Wehtoe Sungbeh, « V.P. Moses Blah's "Death News" Stirs Unwelcome Memories », sur theliberiandialogue.org, The Liberian dialogue, (version du sur Internet Archive).
- Frédéric Joignot, « Série d'été - Grand reportage (2) dans Monrovia (Liberia) livré aux soudars après le putsch qui a tout déclenché… 40 ans après les atrocités de la guerre civile continuent d'être jugés », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- (en) Tanu Jalloh, « Liberia: Prof Amos Sawyer's Life As a Liberian » , sur allafrica.com, Concord Times, AllAfrica.com, (consulté le ).
- (en) Adekeye Adebajo, Liberia's Civil War : Nigeria, ECOMOG, and Regional Security in West Africa, Lynne Rienner Publishers, , 285 p. (ISBN 1588260526).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Liberia. « Constitution de la république du Liberia de 1986 ». (version en vigueur : 6 janvier 1986) [lire en ligne (page consultée le 12 octobre 2023)].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Politique au Liberia
- Liste des dirigeants actuels des États
- Liste des vice-chefs d'État et des vice-chefs de gouvernement
- Jewel Taylor, première femme vice-présidente
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- (en) Site officiel