Les Musiciens
Artiste | |
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Date |
ca. 1595 |
Commanditaire | |
Type | |
Technique |
Huile sur toile |
Dimensions (H × L) |
92 × 118 cm |
Mouvement | |
Propriétaires | |
No d’inventaire |
52.81 |
Localisation |
Les Musiciens ou Le Concert (en italien Concerto di giovani) est un tableau de Caravage peint vers 1595 et conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.
Historique
[modifier | modifier le code]Le tableau est peint vers 1595 pour le cardinal del Monte, protecteur de Caravage (cité comme tel par ses biographes comme Baglione ou encore Bellori[1]) : Bellori écrit que « Michele peignit pour ce seigneur de jeunes musiciens saisis d'après nature en demi-figures[1] (…) ». Mentionné dans l'inventaire de 1627[2], il fut revendu par les neveux du cardinal avec d'autres tableaux lors de l'héritage pour payer leurs dettes[3].
Il ne réapparaît qu'en 1894 à Londres lors d'une vente chez Christie's[4], puis il est retrouvé en 1947 chez un amateur anglais et identifié par David Carritt ; une attribution déniée ensuite par Roberto Longhi et Ferdinando Bologna, mais reconfirmée en 1952 par Denis Mahon puis acceptée à sa suite par Longhi, Berne-Joffroy[2], et finalement par l'ensemble des spécialistes du peintre.
Il est désormais exposé au Metropolitan Museum of Art de New York, à la suite de son acquisition via le fonds Rogers en 1952[5].
Description
[modifier | modifier le code]La composition et la date confirment une des premières tentatives de Caravage pour peindre un ensemble de plusieurs personnages. Deux d'entre eux au centre font face au spectateur : un joueur de luth accorde son instrument, et derrière lui se tient un joueur de chalumeau qui pourrait avoir les traits de Caravage lui-même : il s'agirait donc d'un de ses premiers autoportraits[5]. Un autre personnage est situé à droite, de dos, plaqué sur le bord du tableau. Un dernier personnage à gauche en Cupidon ailé tenant une grappe de raisin, et le violon et la partition posés au bord inférieur du tableau, renforcent l'association allégorique musique-amour[6].
En bas à gauche se voient les restes d'une inscription ancienne : (Mic) HELANG DA CARAVGIO. Une erreur de jugement a fait supprimer les ailes et le carquois du Cupidon (au cours d'une restauration antérieure à l'achat par le Metropolitan) car on pensait qu'il s'agissait d'ajouts ultérieurs ; néanmoins l'observation de copies anciennes prouve que ces éléments étaient bien présents dans le tableau initial. On constate de même que le tableau a été coupé d'environ cinq centimètres à gauche, et un peu en haut et en bas[5].
Analyse
[modifier | modifier le code]Le thème bacchique cher au Caravage de cette époque demeure présent avec le personnage de gauche tenant les grappes de raisin[7]. Plusieurs auteurs soulignent l'atmosphère érotique trouble et teintée d'homosexualité qui se dégage du tableau, comme pour Le Joueur de luth qui lui est contemporain[8],[4] ; le modèle du Joueur de luth et du personnage central des Musiciens est d'ailleurs visiblement le même (comme pour le Bacchus et le Garçon mordu par un lézard[5]).
Cupidon emprunte probablement les traits de Mario Minniti, modèle habituel de Caravage qui peut également avoir posé pour le Garçon pelant un fruit et pour l'ange qui soutient saint François dans l'Extase[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bellori 1991, p. 17.
- Catalogue commenté par Salvy, voir Longhi 2004, p. 218
- Salvy 2008, p. 87.
- Lambert 2004, p. 38.
- Moir 1994, p. 4 (hors-texte).
- Alfred Moir rappelle à ce sujet la phrase de Vasari : « l'amour était toujours en compagnie de la musique ». Voir Moir 1994, p. 4 (hors-texte)
- Frèches 1995, p. 29.
- Frèches 1995, p. 27.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Julien-Gérard Salvy, Le Caravage, Paris, Gallimard, coll. « Folio », , 316 p. (ISBN 978-2-07-034131-3).
- Gilles Lambert (trad. de l'allemand), Caravage, Köln/Paris, Taschen, , 96 p. (ISBN 978-3-8365-2380-6)
- Roberto Longhi (trad. de l'italien par Gérard-Julien Salvy), Le Caravage, Paris, éditions du Regard, , 231 p. (ISBN 2-84105-169-2) première édition : 1927.
- José Frèches, Le Caravage : Peintre et assassin, Paris, Gallimard, , 159 p. (ISBN 978-2-07-043913-3)
- Alfred Moir (trad. de l'anglais par Anne-Marie Soulac), Caravage, Paris, Cercle d'art, (1re éd. 1989), 40 p. (ISBN 2-7022-0376-0)
- Giovan Pietro Bellori (trad. de l'italien), Vie du Caravage, Paris, Le promeneur, , 62 p. (ISBN 2-07-072391-7), première édition 1672.En ligne : (it) Vita di Michelangelo Merigi da Caravaggio sur Google Livres, dans Vite dei pittori, scultori ed architetti moderni, vol. 1
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (es) Musée Thyssen-Bornemysza, « Caravaggio y los pintores del norte », sur Vimeo.