Sébastien Stoskopff
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Sebastian Stoskopff |
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Mécène |
Sébastien Stoskopff, né à Strasbourg le et mort à Idstein le , est un peintre alsacien considéré comme l'un des peintres de natures mortes allemands les plus importants de son époque. Ses œuvres, redécouvertes après 1930, représentent des gobelets, des tasses et surtout des verres. La réduction à quelques objets, caractéristique des premières natures mortes, se retrouve dans sa peinture. Ses principales œuvres sont exposées dans sa ville natale de Strasbourg, mais certains des musées d'art les plus importants du monde (MET, Musée du Louvre, musée d'Histoire de l'art de Vienne, Gemäldegalerie (Berlin)) possèdent des peintures de Stoskopff.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Sébastien Stoskopff nait en 1597 à Strasbourg. Son père est employé par la ville depuis 1590 comme courrier à cheval ou escorte royale, conduisant une calèche à un cheval. En 1614, son père demande au Conseil de Strasbourg de l'aide pour son fils de 17 ans : il veut qu'il puisse apprendre le métier de peintre, car Sébastien est extrêmement doué en dessin et en peinture depuis l'âge de 15 ans. Le Conseil accepte d'apporter son soutien et envoie probablement le jeune artiste dans un premier temps chez le peintre et graveur sur cuivre strasbourgeois, Friedrich Brentel. Cependant, il n'apprend qu'à affiner davantage son dessin et n'est pas, comme espéré, initié à l'art de la peinture.
En 1615, son père meurt et sa mère se rend à nouveau au Conseil de Strasbourg pour demander une aide pour une formation auprès d'un peintre reconnu. Stoskopff est alors envoyé chez Daniel Soreau, peintre tournaisien émigré à Hanau[1]. Au début, ce dernier n'est pas très enthousiaste, car il choisit généralement ses apprentis parmi ses parents et amis proches. Cependant, il accède finalement à la demande du Conseil et leur assure qu'il « ferait un Albrecht Dürer de cet apprenti ». Il n'existe pas une seule image de Daniel Soreau ; il est seulement possible de tirer des conclusions sur la façon dont le maître a transmis ses compétences artistiques à ses élèves à travers les œuvres de ses fils, d'autres apprentis de son atelier et à travers les œuvres de Stoskopff.
Paris
[modifier | modifier le code]Après la mort de Soreau en 1619, Sébastien Stoskopff reprend son atelier avec les apprentis, ainsi que sa fonction de maître[1]. L'un des apprentis est Joachim von Sandrart[2], qui devient plus tard un peintre à succès et qui écrit le premier ouvrage important sur l'histoire de l'art en allemand : Teutsche Academie der Bau-, Bild,- und Malerey- Künste. Cet ouvrage contient des descriptions de la vie d'artistes antérieurs et contemporains, dont des descriptions de l'époque à Hanau avec son maître, Sebastian Stoskopff.
Après l'échec de sa tentative d'obtenir l'autorisation de s'installer à Francfort, il se rend à Paris. Il y séjourne d'environ 1622 jusqu'en 1639, ce qui peut être reconstitué à partir d'informations indirectes et d'inventaires immobiliers. Il y crée ses premières œuvres de plus grand format comme l'été ou L'hiver (aujourd'hui tous deux à Strasbourg). Une déclaration de Joachim von Sandrart prouve sa résidence à Paris : « Von dannen [gemeint ist Hanau] verreiste er in Frankreich und hinterließ viele gute Werke; von Pariß zoge er nach Italien (allwo ich ihn zu Venedig Anno 1629 gesehen), hernach wieder zurück nach Pariß und so fürters nach Straßburg [. . . ] » (« De là [c'est-à-dire Hanau], il voyagea en France et laissa beaucoup de bonnes œuvres; de Paris, il partit pour l'Italie (où je l'ai vu à Venise en 1629), puis retourna à Paris et plus loin à Strasbourg [. . . ] »).
Il voyage en Italie vers 1629.
Strasbourg
[modifier | modifier le code]Sébastien Stoskopff revient à Strasbourg en 1639 (ou 1641), soit pour des raisons familiales, soit à cause de la forte augmentation des conflits religieux à Paris. Il installe son atelier dans la rue de l'Étal[3]. Un an plus tard, il rejoint la guilde de Steltz, à laquelle appartiennent d'autres peintres, graveurs sur cuivre et artisans des arts. Plusieurs conflits éclatent entre l'artiste et la guilde après son adhésion, entre autres parce que Stoskopff aime sa liberté d'artiste indépendant et responsable et ne veut pas exploiter un atelier avec des apprentis, comme cela se fait habituellement. Il atteint la richesse et le prestige à Strasbourg et épouse la belle-fille de sa plus jeune sœur en 1646.
Dernières années et mort
[modifier | modifier le code]A partir de 1650, il se rend de plus en plus à Idstein, chez son protecteur Jean de Nassau. Le comte est luthérien et soutient l'Union protestante. Il est le mécène le plus important de Sébastien Stoskopff à cette époque, grâce notamment à Joachim von Sandrart qui a négocié les peintures de Stoskopff avec le comte.
Sebastian Stoskopff meurt en 1657 à l'âge de 60 ans dans une auberge à Idstein. Il serait décédé à cause d'une consommation excessive d'alcool. D’après la nécrologie rédigée par le pasteur dans le registre paroissial d’Idstein , « L’an 1657, 11 février, Stoskopff, peintre de Strasbourg, qui s’est pochardé d’eau-de-vie à en mourir, a été porté hors ville et enterré le matin entre 7 et 8 heures, à une heure insolite, sans chant d’église ni sonnerie de cloche »[4].
Près de 20 ans plus tard, son meurtre est devenu évident dans un acte d'accusation pour sorcellerie, dans lequel le propriétaire de la taverne et une femme sont impliqués ; le propriétaire a tué Stoskopff par cupidité.
Influence
[modifier | modifier le code]Bien que Sebastian Stoskopff ait été influencé par Georg Flegel en matière de composition artistique, on ne sait pas s'il avait connu Flegel de son vivant ou s'il n'a vu les œuvres de Flegel qu'après sa mort. De plus, son influence semble avoir été « plutôt sporadique et de courte durée »[5].
Postérité
[modifier | modifier le code]Très apprécié à son époque, il est considéré comme l'un des maîtres de la nature morte. Son œuvre a été redécouverte dans les années 1930, grâce à Hans Haug, directeur du musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, qui conserve une collection de ses œuvres[4].
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Nature morte au nautile, coquillage et boîte en bois, vers 1630, huile sur toile, 47 × 59 cm, Metropolitan Museum of Art, New York[6]
- Les Cinq sens (1633), huile sur toile, 113 × 180,5 cm, musée de l'Œuvre Notre-Dame, Strasbourg ;
- Grande vanité (1641), huile sur toile, 125 × 165 cm, musée de l'Œuvre Notre-Dame, Strasbourg ;
- Trompe-l'œil (1643-1644), huile sur toile, 65 × 54 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne ;
- Corbeille de verres et pâté (vers 1630-1640), huile sur toile, 52 × 62 cm, musée des Beaux-Arts, Strasbourg ;
- Nature morte au baquet et au poisson, huile sur toile, 78 × 115 cm, musée des Beaux-Arts, Lyon
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Le Banquet desservi, 1621, musée des Beaux-Arts de Strasbourg
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Jatte de fraises, vers 1620, musée de l'œuvre Notre-Dame de Strasbourg
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Nature morte aux verres et au pâté, musée de l'Œuvre Notre-Dame, Strasbourg
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Carpe sur une boîte à copeaux, 1635, Kunsthalle de Brême
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sebastian Stoskopff » (voir la liste des auteurs).
- Michèle-Caroline Heck, « Sébastien Stoskopff », Célébrations nationales, Ministère de la culure et de la communication, direction des archives de France, , p. 115-116
- Anne-Dore Ketelsen-Volkhardt: Georg Flegel. 1566 - 1638.. Deutscher Kunstverlag, Munich/Berlin 2003, (ISBN 3-422-06378-1), p. 28
- Marie-Caroline Heck, Sylvia Böhmer, Sébastien Stoskopff, 1597-1657 : un maître de la nature morte, Musées de Strasbourg, 1997, p. 44 (ISBN 9782711835454)
- B. Bonnet Saint-Georges, Un tableau de Stoskopff pour Strasbourg, La Tribune de l'Art (2 octobre 2021) (citant Robert Heitz, La peinture en Alsace 1050-1950).
- Michèle-Caroline Heck: Der Einfluss auf Sebastian Stoskopff in Kurt Wettengl: Georg Flegel (1566 - 1638), Stilleben : [Publikation zur Ausstellung "Georg Flegel (1566 - 1638), Stilleben" des Historischen Museums Frankfurt am Main in Zusammenarbeit mit der Schirn Kunsthalle Frankfurt vom 18. Dezember bis 13. Februar 1994]. Hatje, Stuttgart 1993, (ISBN 3-7757-0472-8)
- Nautile et boîte, Metropolitan
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Dictionnaire Bénézit, 1976.
- Dans la lumière de Vermeer, catalogue de l'exposition du musée de l'Orangerie à Paris, du au .
- Michèle-Caroline Heck, « Sébastien Stoskopff », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 36, p. 3794
- Véronique Bruez, Une jatte de fraises, éditions Bleu autour, collection Céladon, .
- Sybille Ebert-Schifferer, Die Geschichte des Stillebens. Munich, Hirmer, 1998, (ISBN 3-7774-7890-3).
- Birgit Hahn - Woernle, Sebastian Stoskopff: Mit einem kritischen Werkverzeichnis der Gemälde. Stuttgart 1996.
- Prof. Dr. Müller, Die Stilleben- Bildkunst des Sebastian Stoskopff, dans Ausst.- Kat. Sebastian Stoskopff- sein Leben- sein Werk- seine Zeit, publ. by Prof. Dr. Wolfgang J. Müller/ Silvia Berger. Idstein 1987.
- Michèle- Caroline Heck, Sébastian Stoskopff: 1597- 1657. Un maître de la nature morte, Strasbourg 1997.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Nicolaus Riedinger, orfèvre, beau-frère et gendre
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Sandrart.net
- (en) Art UK
- (en) Bénézit
- (en) British Museum
- (de + en) Collection de peintures de l'État de Bavière
- (en) Grove Art Online
- (en + nl) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative à la musique :
- (en) MusicBrainz
- (en) Sébastien Stoskopff dans Artcyclopedia